MAM est démissionnée. Le ridicule de son intervention radiodiffusée de ce matin était trop frappant, elle était trop décalée. On va enrober cela sous des fioritures de sens du devoir et de sacrifice personnel. Mais c'est un échec cinglant pour la bande à Sarkozy et une victoire de la démocratie et de la liberté de la presse. Elle sera sans doute remplacée par Alain Juppé, qui l'a gentiment poussée vers la sortie por récupérer le fauteuil, en ce moment plus palpitant que le morne ministère de la défense. Les jeux de chaise musicales sont ouverts pour savoir qui grimpera à la défense et qui sera appellé : on parle de Longuet. On fait remonter les vieux briscards, pour tenir la barraque qui prend l'eau de toutes parts.
Sarkozy ne tient visiblement pas à brusquer trop l'opinion, il apparaitrait en effet incompréhensible de virer Fillon après l'avoir maintenu en fanfare à son poste il y a quelques mois à peine. Le temps de latence, l'annonce du mini-remaniement devrait être faite ce week-end, permet à MAM de ne pas sembler s'être fait jeter, mais c'est pourtant bien ce qui c'est passé. Ce matin, elle affirmait encore être au travail, revenant du Brésil et partant pour la Suisse, elle sortait du bureau de Sarkozy. S'il ne lui a pas dit clairement qu'il la lacherait dans la journée, il a été d'un cynisme consommé. Elle, elle a gardé le rôle de celle qui n'a rien compris jusqu'au bout.
Le poste de son compagnon, Patrick Ollier est égaement un cas problématique. Chargé des relations avec le Parlement, il risque d'être d'une loyauté douteuse à la Sarkozie, après l'éviction de sa bien-aimée. Le garder est donc un problème. Surtout que ses amitiés libyennes sont au moins aussi embarrassantes que les spéculations tunisiennes de MAM. POM (le surnom ironique de Patrick Ollier-Marie)est un poids s'il reste. Le virer pour mésalliance est également maladroit, inédit. Le premier couple ministériel invente le conflit d'intérêt familial. De plus, maire de Rueil-Malmaison, il risque de faire payer son éviction comme celle de MAM lors du combat pour la présidence des Hauts-de-Seine, tants convoités par les barons de l'UMP qui veulent placer Jean à la place de Devedjian.
Deux mauvaises solutins s'offrent donc au couple Sarkozy-Fillon qui doivent trancher la question de Patrick Ollier : trancher dans le vif pour éviter la gangrenne, laisser pourrir la situation en comptant sur des diversions médiatiques et la fin de la révolution lybienne. Si Kadhafi continue à tuer sa population avec des hélicoptères frnçais, le rôle de POM risque cependant de devenir difficile à assumer.
Dernier risque, enfin, que MAM rejoigne Villepin qui vient de quitter l'UMP au nom des valeurs du Gaullisme qu'elle prétend également incarner. Je ne suis pas sûr que Dominique, dans sa situation et avec sa connaissance des affaires internationales, accepte cependant cette adhérante désormais auréolée de soupçons de cupidité et de traffic d'influence. Des rumeurs courent également sur la proposition qu'aurait faite Sarkozy à Villepin pour retrouver son ancien maroquin ministériel. Dominique se retrouverait lié et grillé, prenant le contre-pied de toutes ces déclarations grandiloquantes et de sa démission mise en scène, il y quelques jours à peine, du parti présidentiel. Même si sortir de son isolement peut être tentant, il reste la concurrence de Juppé, qui espère même cumuler Défense et Affaires étrangères.
Voilà de belles préoccupations gouvernementales : c'est une débâcle, une bérésina des affaires étrangères. La France mettra des années avant de retrouver un semblant de crédibilité sur la scène internationale. Ce ne sont pas les turcs, vexés du passage éclaire de Sarkozy dans leur pays, qui diront le contraire. La France réussit à se mettre à dos les pays démocratiques à forte croissance économique comme la Turquie, les démocraties naissantes du monde arabe (Egypte, Libye, Tunisie), on était déjà en brouille avec l'Algérie. Le grand projet de politique de Sarkozy, c'était bien l'Union des deux rives de la Méditerranée, non? Avec MAM à la manoeuvre?