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Billet de blog 26 février 2012

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La possibilité d'une école

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est, avec la Crise financière, le sujet phare de cette campagne. Chaque candidat, et même chaque candidat à la candidature, y consacre un livre, un meeting, un discours. Longtemps considérée comme sujet consensuel, l'école est aujourd'hui devenue centrale dans le débat politique de cette campagne présidentielle.

Bayrou a été ministre de l'Education nationale, il considère que l'école est un pilier républicain. Sarkozy connait très bien l'école pour l'avoir abîmée comme jamais auparavant. Hollande a également choisi ce thème comme l'axe fort de sa camapagne, comme le rappelle Vincent Peillon dans l'entretien qu'il accorde à Mediapart (ici). Montebourg déjà, dans la primaire socialiste, faisait de l'Education nationale, un sujet phare de son projet de Nouvelle France (là). Le constat est clair : l'école telle qu'elle est aujord'hui ne fait plus consensus.

Personne (sauf au FN et dans les franges droitières de l'UMP) n'en fait porter la faute sur les enseignants. La baisse des moyens, la suppression des formations, la baisse du niveau des élèves et des candidats aux concours... ne peuvent évidement pas mener notre système scolaire vers l'excellence.

Le chiffre de 60000 a été avancé, dès la primaire socialiste, pour marquer la volonté de réparer les dégâts d'une décennie de destruction de l'école. A réparer, autant faire moderne. Peillon l'explique, il faut en profiter pour mener des réformes structurelles, toujours proposées mais jamais mises en place : prise en compte des rythmes de l'enfant, autonomie des équipes pédagogiques, formation professionnelle initiale et continue des enseignants, développement d'une approche globale et sociétale de l'insertion républicaine, possibilité de repenser l'évaluation autrement que dans une logique de tri sélectif...

Cela ouvre des perspectives inédites depuis... aussi loin que je m'en souvienne, aucun candidat élu n'a vraiment posé l'école comme choix prioritaire de sa campagne. Des beaux discours, en partie sans doutes. Des promesses en l'air, peut-être. En tous cas les principes sont posés. Les principes d'une école au centre de la société, d'une matrice républicaine. Cette idée-là, de Mélenchon à Bayrou, elle fait consensus, à nouveau.

La suppression des évaluations et des tests et le développement de logiques coopératives entre les élèves, la conception d'une classe qui ne serait pas une addition d'individus suivant un enseignement mais un groupe autonome piloté dans ses apprentissages... l'idée évidente qu'il faut plus d'enseignants que de classes pour introduire de la souplesse et réduire ainsi tant de problématiques : soutiens, remplacements ponctuels, coordinnation, groupes de niveau, remédiation, tâches de lien avec les familles et la société...

La possibilité d'une école, encore floue et incertaine, s'offre à nous. Naïf, peut-être. De cette candeur peut cependant naître l'évidence. Peillon le rappelle, aucun projet ne peut aboutir sans les enseignants. Fatigués des incessantes mesures administratives et absurdes, dans lesquelles les logiques budgétaires ont toujours prévalu, les professeurs ont peur des réformes. Certains syndicats s'arc-boutent sur des acquis, parfois à juste titre, mais refusent aussi souvent tout mouvement. Il ne serait pas raisonnable, par soucis de conservatisme, de refuser de faire évoluer l'école. 

Accepter l'e-éducation comme dimension du métier, accepter le décloisonnement, accepter plus de flexibilité dans les heures et les méthodes, exiger également des contre-parties véritables, également en terme d'effectif... accepter de revoir les procédures d'affectation qui engendrent toujours plus d'inégalités entre les établissemnts scolaires, accepter le travail en équipe, accepter les formations et la collaboration avec les autres services de l'Etat, accepter la redéfinition de l'évaluation et la fin du tout-sélection,  accepter la possibilité d'une école.

Il ne faut pas se tromper d'enjeu. Il ne faut pas insulter l'avenir. Sarkozy écrivait aux "éducateurs", Peillon parle aux "pédagogues". La différence est de taille. La condition de la défaite de Sarkozy est la première qui ouvre la possibilité d'une école. C'est loin d'être la seule. Le sujet est au coeur de la campagne, les enseignants n'ont pas le droit de refuser de se saisir de cette chance.

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