Les couacs au PS et les portraits dithyrambiques par trop de journalistes sont assez atroces à entendre. Comment supporter cette idée, que la France, après le scandale DSK, pendant ce scandale même, puisse avoir l'idée de présenter un nouveau candidat au FMI? Quel immense pays pourrait avoir la prétention de briguer consécutivement deux fois la tête d'une prestigieuse institution internationale? Quel monopole français s'affirme ainsi? De quel droit l'Europe s'arroge-t-elle le droit de toujours diriger le FMI? L'arrogance française, depuis Azincourt, n'est pas qu'une légende... il est quand même regrettable qu'elle s'étale encore de nos jours.
Aux Américains la Banque mondiale et à l'Europe le Fond, c'est un partatage tacite des responsabilités entre les plus gros contributeurs...Qu'on évolue! Ce n'est pas parce que, plus riches, nous payons plus, que nous devons décider pour les autres. Il n'y a pas de véritable vote, d'accord, mais choisissons, ne serait-ce que pour donner un signe, un homme ou une femme issu des pays en développement. La convocation du G8 avant le G20 est également une humiliation : on se met d'accord, puis on vous demande de valider. L'Occident riche garde la tête de tous les organes mondiaux, mais vous avez le droit d'approuver ses décisions.
Il n'y aura pas de gouvernance mondiale tant que l'égoïsme européen et américain ne cèdera pas la place à un véritable désir de partage des pouvoirs et des richesses. Le tutorat permanent vis à vis des pays du sud est inqualifiable : c'est une faute politique qui entache de suspicion toutes les décisions futures des instances internationales. Lagarde est une ultra-libérale, qui a fait sa carrière professionnelle chez les avocats d'affaires de Chicago. A quel titre devrait-elle représenter la France? Qui se sent représenté par Christine Lagarde, du seul fait de sa nationalité? Quel avantage trouve la France, en fait, à pousser cette candidature?
Elle parle bien anglais, nous dit-on. C'est la seule? Elle a sauvé Dexia, parait-il...combien de banques dans le monde ont été sauvées avec l'argent public depuis le début de la Crise? A-t-elle obtenu une contribution quelconque des banques concernées, des engagements suivis d'effets? Ce n'est pas une économiste reconnue, mais bien une avocate d'affaires, la nuance est de taille. Elle est de Droite, du gouvernement Sarkozy... où vivent ceux qui vantent ses qualités de gestionnaires? Certainement pas dans le même pays que le mien.
On évoque aussi, comme critère de gloire, que ce soit la première femme à pouvoir diriger l'institution. C'est bien, mais attention à ne pas faire de sexisme à l'envers. Margaret Tatcher aussi était une femme. Malgré le passif de mysoginie des milieux dirigeants, le choix d'une personalité ne peut être seulement déterminé par son sexe. Choisir une femme, après l'affaire DSK, peut sembler judicieux, mais une femme française ultra-libérale l'est beaucoup moins. Surtout que Mediapart rappelle (ici) qu'elle n'est pas exempte de casseroles judiciaires en France. La candidate de Sarkozy devra en outre subsister après l'échec annoncé de son maitre, dans moins d'un an.
Vient alors l'explication totale : la crise de l'Euro, le sauvetage nécessaire de la Grèce et d'autres pays européens dont la faillite programmée menace la stabilité de la monnaie européenne. Il faut un Européen pour traiter de ces sujets. Lagarde? représentante de ces gouvernements de droite, conservateurs et libéraux, qui ont amené l'Europe dans la situation qu'elle connait? Tous les économistes ont prédit le jeu de dominos qui ne fait que commencer avec l'Irlande, la Grèce, le Portugal, bientôt l'Espagne, puis l'Italie, enfin la France...
Alors que la classe politique française, surtout à droite, surtout autour du minsitère de l'économie, ne propose rien pour quitter cette voie de perdition, la nomination de Mme Lagarde au FMI lui donnerait soudain des idées nouvelles? Quelle solution préconise-t-elle, aujourd'hui, en tant que ministre d'un pays important de l'Union? le silence est assourdissant (article de Martine Orange). Les grognements allemands d'austérité portés par Mme Merkel, les élans libéraux de M. Cameron, qui soutiennent tous deux Mme Lagarde, eux, sont pourtant clairs.
Ce sont les peules du Sud, Grecs d'abord, qui vont être sacrifiés par l'Union. L'Euro pour les riches, retournez à vos drachmes et à vos escudos. En France, Marine Le Pen annonce le retour du Franc. La crise économique, dans l'Histoire, se traduit souvent par une crise politique. Elle a peut-être raison de croire que notre absence de solidarité nous entrainera bientôt dans la déroute économique et sociale de l'Europe de Droite. L'Espagne s'indigne à la Puerta del Sol, comme au temps où c'était l'Europe de Napoléon qui voulait nommer ses rois. Aujourd'hui c'est l'Europe de Sarkozy qui veut nommer le liquidateur financier de la monnaie commune.
Français et féministe, je suis contre la nomination de Mme Lagarde au FMI.
