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Billet de blog 27 juin 2011

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Ils le sont tous. Sans avoir forcément leur carte au PS, ils n'hésitent plus à revendiquer le socialisme comme fondement de leur politique future. Le seul qui déroge à la règle, c'est Sarkozy. Tous les autres candidats, déclarés ou putatifs, à l'élection présidentielle, qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre, présentent leur ambition sociale et socialiste comme coeur de leur projet. Même Dominique de Villepin, en se présentant comme un gaulliste social, a voulu jouer sur la fibre populaire, ce qui n'était pas évident, pour se différencier de Sarkozy.

Jean-Louis Borloo a lancé ce week-end à Epinay (comme si l'appel du pied à la mémoire de Mitterrand ne pouvait pas être plus clair), l'ARES : Alliance républicaine écologiste et sociale. Il se présente comme le spécialiste de la question sociale, des banlieues, de l'emploi, de la cohésion nationale... il prétend créer la surprise en mobilisant au-delà des clivages traditionnels grâce à sa nouvelle formation "lancée pour vingt ou trente ans". On dirait qu'il s'engouffre dans le créneau de Bayrou.

Le Modem avait aussi essayé, en son temps de mobiliser sur la question sociale. Il n'a cependant jamais réussi à convaincre à gauche tout en perdant ses soutiens à droite, miné par l'attraction des postes que proposait le sarkozysme. Bayrou, aujourd'hui, n'existe plus médiatiquement qu'en jouant le rôle de juge de moralité, un peu coincé et ridicule mais que l'on écoute sur les sujets de société, un leader sans véritable parti, qui ne parvient que rarement à être accepté dans des alliances électorales avec le PS. L'idée du ticket Bayrou-Royal de 2007 semble aujourd'hui bien loin.

Au PS aussi on fait campagne sur le social, cela semble évident, même si ce n'a pas toujours été le cas. Ségolène Royal continue de présenter son expérience régionale et cultive toujours ses slogans de 2007 (démocratie participative, ordre juste...) en espérant que la primaire et la ségosphère (très active sur Mediapart, mais ce n'est pas une critique), puisse faire naitre une surprise aux primaires. Les procès en identitaires" qui se perdent dans la carricature jusqu'à choisir un candidat "parcequ'il est ouvrier.

Mélenchon rassemble à gauche, sur le programme socialiste qu'il défend, inviquant les manes de Jaurès et des exemples puisés en Amérique latine. C'est un socialisme historique, qui se dédouane de l'évolution blairiste d'un parti du PS actuel, tendance qui fut incarnée par DSK.

Du côté d'Europe écologie les verts (seule formation importante de gauche qui ne va pas être représentée par un socialiste), Eva Joly essaie de faire valoir sa différence face à Nicolas Hulot sur la question sociale. Le socialisme, autant que l'écologie, sont au coeur du débat politique chez les anciens verts et leurs nouveaux alliés. Hulot est contraint à donner des gages de socialisme, le temps de Waechter et de la neutralité politique de l'écologie semble définitivement révolu.

Et puis si l'on se retourne et que l'on va à l'autre bout de l'échiquier politique, on trouve que Mrine Le Pen elle-même fait sa campagne sur la question sociale. Les citations de Jaurès, de De Gaulle, étaient une chose. Le lien qu'elle affirme en permannence entre socialisme et nationalisme en est une autre. Elle se place démagogiquement en rupture avec le libéralisme rejetté par la population pour promouvoir la "préférence nationale", c'est à dire l'inégalité. La reprise et la déformation de l'idée de démondialisation, chère à Montebourg, est aussi une affirmation de cette terrible méprise qu'elle tente de faire naître. En politicienne consommée, elle a bien compris que le socialisme était la grande idée de cette campagne et qu'il fallait qu'elle associe ce mot à l'idéologie nationaliste du FN, au risque de recréer une doctrine hybride et inquiétante, comme le fut le national-socialisme allemand.

Tous les candidats éventuels donc (pardon si j'en ai oublié) sont assurément porteur d'un message à cononnance socialiste, plus ou moins dilué, plus ou moins détourné, plus ou moins sincère. Le socialisme semble être redevenu, en pleine crise, une idée neuve en Europe (pour paraphraser Saint-Just qui disait cela du bonheur).

Le seul finalement qui ne s'en réclame pas, finalement, c'est Sarkozy. On se demande bien pourquoi, lui, si fin politique, n'ose pas mettre en avant sa fibre sociale. La honte, peut-être?

Dans tous les cas, le candidat de la droite est clairement identifié, tous les autres font leur campagne sur le socialisme.

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