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Billet de blog 1 mai 2025

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Demain Israël

Contrairement aux caricatures qui veulent faire croire qu'une critique du sionisme est une remise en cause d'Israël et même une forme d'antisémitisme, il faut soutenir qu'une critique lucide du sionisme ouvre un avenir à lsraël.

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Le sionisme repose sur la même erreur que le communisme ou le capitalisme. Cette erreur est liée au besoin humain d’espérer. Elle est d’avoir cru que la promesse messianique d’un « retour à Jérusalem » puisse recevoir, au-delà de la religion, une réalisation historique sur terre au moyen d’un projet politique. Jérusalem est alors devenue pour les sionistes une finalité comparable à « la société sans classe » des communistes ou à « l’homme libéré par la technique » des capitalistes. La majorité des juifs, certes, n’ont pas cru en cette promesse et ont poursuivi leur vie diasporique dans le monde entier, de même que bien des hommes restent incrédules à l’égard de la Révolution ou du Progrès. Cependant, ces illusions ont eu suffisamment de succès pour mettre en place des régimes qui existent encore bien qu’on ne croie plus guère en leur mythologie fondatrice. Israël aujourd’hui est un sionisme déçu (on dit parfois un post-sionisme), l’URSS s’est effondrée sous le poids de la déception communiste et le capitalisme offre le spectacle (dans le sens debordien) de régimes inquiets (crise écologique et dérive illibérale).
Tous ces processus sont marqués au sceau d’une espérance mal placée. L’espérance doit se garder de devenir un projet politique. Il faut conserver l’écart qui existe entre la religion et la politique. Pas plus que la promesse du retour du Christ (la Parousie) ne doit se traduire par l’hégémonie de la religion chrétienne comme cela a été le cas dans l’histoire, pas plus la promesse messianique d’un retour des juifs à Jérusalem ne peut prendre la forme d’une souveraineté sans partage dans la Jérusalem matérielle, au mépris des occupants antérieurs et selon des procédés coloniaux. On devrait se souvenir qu’aucune révolution n’a établi la Justice et qu’aucun progrès techno-scientifique n’a libéré les hommes.
Pour se préserver de toutes ces erreurs dramatiques et de celles qui peuvent suivre, il nous faut réinventer un autre destin pour l’espérance. S’agissant du sionisme, il faut que s’invente en Israël un autre régime, davantage juif et beaucoup moins sioniste. Il faut que la politique israélienne change l’objet de son espérance et parvienne à dissocier la valeur spirituelle de Jérusalem de son organisation politique. Souvent les peuples se laissent abuser en confondant la valeur avec la finalité. Ce que montre, une fois de plus, le sionisme, c’est qu’un projet politique doit définir une finalité qui ne soit pas la valeur elle-même, mais qui s’accorde avec le droit des autres, en l’occurrence les palestiniens. 

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