En annonçant qu'il réformera, comme Fillon, le code du travail par ordonnance (ce qui se nommait « décret » sous la monarchie), Macron dévoile à ceux qui auraient pu en douter ce qu'il entend par démocratie. Le PS qui a voté la loi El Khomri reste dans sa logique d'ultra libéralisme en soutenant l'oligarchie financière et son mouvement En Marche. Alors qu’il ne peut y avoir de troisième place au premier tour des élections présidentielles, nous voilà électeurs de gauche, petites et moyennes classes sociales, divisés entre La France Insoumise, Hamon qui se retrouve isolé au sein de son propre parti, le NPA et LO ultra minoritaire, ainsi que les abstentionnistes de gauche qui attendent le candidat unique.
Alors que l’union de la gauche n’est plus que jamais nécessaire, certains préfèrent soutenir leur candidat coûte que coûte plutôt que de voir gagner la gauche en acceptant le compromis qu’exige le rassemblement de nos voix pour gagner. Il arrive dans l’Histoire que nécessité fasse loi, car que croyons-nous qu’il va se passer sous Macron, Le Pen ou Fillon, avec les idées de partage des richesses produites par tous et de l’urgence écologique ?
Contrairement à ce que nous disent les médias et les partis politiques, ce n'est pas une présidentielle entre la gauche et la droite qui se prépare mais un affrontement entre deux façons diamétralement opposées d'envisager le monde : un violent clivage entre le libéralisme et un autre monde qui tente de s'inventer. Entre ceux qui pensent que la planète sur laquelle nous vivons est un bien consommable, que les Humains qui y vivent sont une source d'exploitation pour l'économie et que seuls les rapports vénaux entre Humains existent ; et nous qui pensons que nous sommes des hôtes sur cette planète, que nous dépendons d'elle, que l'économie doit être au service de projets politiques assurant une vie décente pour tous et que l'argent n'est pas le moteur de la vie mais seulement une de ses composantes. Un clivage entre, d'un côté, l'individualisme irresponsable et forcené qui consiste à dire « le profit et après moi le déluge », qui récompense non pas le plus méritant mais le plus vénal, et, de l'autre côté, multiforme et lucide « une volonté vitale de vivre tous ensemble en assurant demain ». Entre d'un côté une classe sociale qui comme à son habitude au cours de l'Histoire, de l'aristocratie à la haute finance, ne transigera jamais avec la classe sociale avec laquelle elle s'enrichit et cette dernière qui ne désire pas comprendre que sans elle rien n'est possible. Entre ceux qui exploitent notre ignorance et nous qui pensons que c'est de ceux qui nous exploitent que viendrait notre émancipation ; n'oublions pas que nous confions l'emploi et le travail à ceux qui le délocalisent, l'externalisent et le détruisent. Entre d'un côté les 9 milliardaires qui possèdent plus que les 3 milliards d'individus et nous, entre profit et air que nous respirons.
Le fascisme se définit comme l'assujettissement de toutes les composantes de la société - État, secteur privé, peuple - à une seule idéologie portée par une minorité : le fascisme déteste la démocratie, les fascistes détestent le peuple. Le néolibéralisme est cet économisme total qui frappe chaque sphère de nos sociétés et chaque instant de notre époque. Il fonctionne comme le fascisme. Nous sommes sommés de ne suivre qu'une logique, qu'une idée ; la logique entrepreneuriale et son corollaire, le profit. L’austérité voulue par les milieux financiers est devenue une valeur supérieure qui remplace la politique. Le comment et le pourquoi de la dette sont soigneusement dissimulés par la Finance pour asseoir leur autorité. Comme dans le roman d'Orwell qui tentait de dénoncer la Novlangue Stalinnienne, ce Néolibéralisme totalitaire impose ses mots pour déformer le réel et le plier à son utopie. L'orthodoxie économique n'a jamais existé et son application est irréalisable dans la pratique et c'est pourtant elle qui mise dans la constitution des États. Cette Constitution qui prône une concurrence libre et non faussée, le libre entrepreneuriat, en accusant l’État d'être un frein à l'économie et qui lui demande parallèlement des subventions, de l'assister au travers des aides fiscales et de renflouer les banques qui ont causé les crises. Les conséquences écologiques et sociétales de la marchandisation de chaque aspect de nos vies sont d'abord niées puis misent sur le dos des premières victimes. Comme tout régime totalitaire, comme toute infrastructure fasciste, c'est l'ensemble de la société qui est au service d'une minorité bénéficiaire.
PS et droite qui s'alternent au pouvoir depuis 30 ans et construisent une Europe avec les mêmes politiques : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités Européens » a dit J.C Juncker, président de la Commission Européenne. L'Europe d'aujourd'hui soustrait de nos votes les décisions économiques, les traités sont votés sans nous et contre nous car quand ils sont soumis au référendum, comme le TCE, nos « élites » passent par dessus nos votes à l'Assemblée. Le PS, Macron, Fillon et Le Pen cautionnent et soutiennent cette Europe libérale.
Alors que les preuves par centaines de la trahison du PS s'accumulent comme les affaires de Fillon, Macron et Le Pen, nous voilà encore en train d’espérer qu'un jour, peut-être, le PS fera autre chose que de servir la finance devant laquelle il a d'abord abdiqué, puis dont il s'est fait un des principaux bénéficiaires. Alors que le PS fut à la tête de l'exécutif et des deux chambres législatives, rien ne fut fait pour punir les responsables de la crise de 2008 (comme ce fut le cas en Islande) et rien ne fut préparé pour prévenir les prochaines crises. Faut-il rappeler que la crise de 2008 n'est pas une crise de la dépense publique excessive ou de la compétitivité de la France mais une crise financière majeure qui s'est transmise à l'économie réelle comme une traînée de poudre et qui a perturbé l'ensemble de l'économie réelle ? C'est une crise financière qui a appauvri les États et nous payons des fortunes pour ceux qui nous disent que nous coûtons trop chers.
Quand le PS assassine sous nos yeux le candidat Hamon élu par 2 millions de personnes à la primaire l’empêchant de facto de revenir aux valeurs fondatrices du PS - pour lesquelles beaucoup d’entre vous ont voté - trahissant, comme de coutume, les votes exprimés, quand tout cela est devant nos yeux, alors, je vous le demande, que nous reste-t-il de remords d'en finir avec cette rose fanée ?
Pourquoi je vote La France insoumise ? Parce qu'elle est sans doute le point de départ, plutôt qu'un programme pour 5 ans. Je vote pour compter nos forces et tenter d'imposer un rapport qui inverse la situation en faveur de l'Humanité face au profit et à la guerre. Je vote pour le mouvement qui est le plus apte aujourd'hui à emporter la victoire.
Je n'attends rien d'un homme, d'un candidat. J'attends de nous, entrepreneurs de PME, fonctionnaires, professions libérales, artisans et ouvriers, salariés - employés ou privés d'emploi -, bénévoles et associatifs, travailleurs pauvres, petite et moyenne classe, Homme et Femme, black, blanc, beur et asiatique, j'attends de nous que nous nous regardions en face, que nous cessions d'écouter les propriétaires des médias qui n'ont aucun intérêt au partage des richesses, que nous produisions et que nous comprenions que notre avenir est d'abord à trouver ensemble. Acceptons d'avancer à tâtons ou d'être en désaccord autour de notre union. Entre l'idée de propriété ou non, nous ne sommes pas tous d'accord mais nous sommes tous d'accord pour que personne ne puisse posséder plus que 100 autres. Nous ne pas sommes tous d'accord sur le comment de la transition énergétique mais nous sentons tous l'urgence de sa réalisation. Nous ne savons pas toujours comment nous positionner par rapport aux trois grands (USA, Chine, Russie) mais sommes d'accord que la France a sa contribution à apporter à l'ensemble des nations quand sa voix n'est pas alignée.
Si nous voyons dans l'autre de gauche un ennemi plus fort que le libéralisme qui nous empêche de nous unir c'est donc que nous avons oublié l'essentiel : voulons-nous avoir le choix entre la continuité du Sarko/Hollandisme dans une république bananière dévouée à la Finance ou la France rance, raciste et réactionnaire de Le Pen/ Fillon ? Si ce qui nous unit n'est pas plus fort que ce qui nous désunit, c'est qu'alors nous sommes devenus des unités capitalistes.
Il n'y a ni de troisième, ni de seconde place possible pour les forces de gauches, il nous faut gagner, ensemble, alors comme disait Paul Valéry : Le vent se lève, il faut vivre !