Je lance ici un appel au bon sens, à la solidarité et à la mobilisation. Malgré les récents accords entre la Grèce et l'Union européenne, il faut continuer à exiger une restructuration de la dette grecque. Nous avons lancé une pétition dont vous trouverez ci-dessous l'argumentaire. Si elle vous convainc, signez la et diffusez la autant que vous pouvez : https://www.change.org/p/aux-chefs-d-%C3%A9tat-et-de-gouvernement-de-la-zone-euro-p%C3%A9tition-en-faveur-d-une-restructuration-en-profondeur-de-la-dette-grecque-petition-for-an-in-depth-greek-debt-restructuring-petition-f%C3%BCr-eine-tiefgreifende-umstruktierung-der-griechischen-schuldenk
IL EXISTE HUIT RAISONS FONDAMENTALES DE SE BATTRE POUR OBTENIR UNE RESTRUCTURATION DE LA DETTE GRECQUE :
- Une dette de près de 176% du PIB (soit 315 509 milliards d’euros) ne peut être remboursée intégralement. Il ne sert donc à rien de crier dans tous les sens : « I want my money back ! I want my money back[1]! ». L’inflation et les rééchelonnements indéfiniment répétés ne sont que des formes de faillites déguisées et ne valent pas mieux qu’un aveu simple et franc : l’annulation d’une partie importante de la dette ou une forme de restructuration équivalente, permettant d’alléger de façon significative le « service annuel » de la dette. Soyons adultes et responsables : regardons la vérité en face.
- Le coût à payer pour une importante restructuration de la dette grecque par chacun des contribuables européens serait faible. En effet, dans l’exemple de la France, les 43 milliards prêtés à la Grèce sont adossés à un emprunt déjà réalisé par l’Agence France Trésor. Nous ne perdrions à court et moyen terme que le montant des intérêts, dissouts dans l’inflation et en plusieurs années, autrement dit, presque rien. Pour les mêmes raisons, cet impact resterait modeste à long terme. Le même raisonnement vaut pour les 56,5 milliards d’euros prêtés par l’Allemagne.
- CE QUI NOUS COÛTERAIT CHER, C’EST DE NE PAS LE FAIRE. Nous pousserions la Grèce vers la sortie de l’euro, vers la panique bancaire, et, en ce qui nous concerne, vers le remboursement des dettes en monnaie de singe ou au défaut pur et simple. Le risque systémique pour toute l’Europe serait énorme, le profit nul.
- Lorsque la crise grecque a éclaté, on lisait dans le journal allemand Die Welt que l’économie grecque était ein Fass ohne Boden, « un tonneau sans fond ». C’était en partie vrai tant que les comptes de l’état étaient largement déficitaires. Il ne servait à rien d’y déverser de l’argent qui aurait tout aussitôt disparu. Aujourd’hui, la Grèce a retrouvé un excédent primaire (sans compter la charge de la dette). Le tonneau a de nouveau un fond. Il est donc temps de le remplir. A charge pour la Grèce de ne pas rouvrir le déficit, ce à quoi le nouveau gouvernement grec s’est engagé.
- Avant l’arrivée de la dite « troïka » en Grèce, la dette atteignait environ 120 % du PIB, aujourd’hui, elle a bondi à 176%. Entre les derniers trimestres 2013 et 2014, elle est passée de 171% à 176% du PIB, alors qu’elle a diminué en volume (de 317 713 à 315 509 milliards d’euros). Cette explosion est la conséquence de la politique d’austérité, qui a réduit les recettes et provoqué un effondrement de la production nationale de richesse. Puisque cette politique a été imposée et même organisée par l’Europe, elle relève de sa propre responsabilité. Il est donc normal qu’au moins ce supplément de dette lui incombe, ce qui revient, soit à en faire don, soit à le mutualiser, et à la ramener, au minimum, au niveau des autres pays européens endettés comme le Portugal (131,4 %) ou l’Italie (131,8 %).
- Dans le système actuel, où la Grèce a retrouvé son équilibre primaire, l’argent est emprunté pour assurer le service de la dette. Or, l’Europe a racheté une grande partie de la dette grecque, et c’est aussi elle qui accorde les nouveaux prêts. En somme, elle joue le rôle absurde de créancier d’elle–même. Arrêtons ce cycle infernal. Faisons sauter le maillon Grèce, en limitant sa contribution à ce qui est juste et supportable.
- Abolir ou restructurer une partie significative de la dette grecque (mais pas la totalité) relève de la solidarité élémentaire entre les états d’une union, tout comme celle qui s’exerce entre les régions d’un même état. Mais dans le cas de la Grèce, cette solidarité prend un caractère d’urgence manifeste. N’oublions pas que dans la fable de la cigale et la fourmi, si la première pêche par sa légèreté, la seconde est une criminelle. Ne laissons pas la cigale mourir de faim, d’autant qu’elle s’est considérablement assagie.
- En raison de son passé, de son rôle dans la pensée et les arts de l’Occident et dans l’histoire de la démocratie, la Grèce apporte une contribution significative au capital symbolique de l’Europe. Ne le jetons pas en pâture aux chiens de l’extrême droite néonazie qui se tient en embuscade aux quatre coins de la Grèce, et même de l’Europe.
[1] « Je veux qu’on me rembourse mon argent ! Je veux qu’on me rembourse mon argent ! ».