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Billet de blog 20 janvier 2015

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complémentarité avec l'article de plennel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonsoir,

Face aux attentats perpétrés par des fanatiques, ces derniers jours ont vu prospérer des réactions populaires spontanées qui de rassemblements en dessins, de bougies en crayons et de paroles en silences, ont su joindre à la douleur du deuil le réconfort, l’espérance et la combativité pour des valeurs dignes d’être défendues.

Nous avons tous ressenti cette impérieuse nécessité de nous retrouver, de nous regarder et de marcher ensemble mais pas dans l’union nationale car l’union nationale débouche trop souvent sur l’état d’exception et son cortège de lois répressives. Nul besoin de mesures répressives supplémentaires et de Patriot Act à la française.

Par expérience, nous savons tous qu’à un peuple apeuré l’état d’exception peu tout faire accepter, parce que l’émotion l’emporte toujours sur la raison. C’est pourquoi afin d’éviter cet  écueil,  il est fondamental pour comprendre et se comprendre que notre société composée de croyants et de non croyants puisse discuter, débattre dans la confrontation le respect et la pluralité afin d’exprimer leurs attentes.

Sur la base des valeurs de notre République

La  Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789

 « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi » (art. 10).

Du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, repris par le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 :

(...)Le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l'homme et du citoyen consacrés parla Déclarationdes droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois dela République. Ilproclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps les principes politiques, économiques et sociaux ci-après : La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme. (...)

Chacun a le droit de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. (...)La Nationgarantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État. »

La Constitution du 4 octobre 1958 :

«La Franceest une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » (art.1).

La langue dela Républiqueest le français, l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L’hymne national est « La Marseillaise ». La devise dela Républiqueest « Liberté, Égalité, Fraternité ». Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. (art.2).

Les Français doivent en tout point du pays reprendre en main leur destin politique commun.

Par conséquent, et de manière non exhaustive, nous ne pouvons pas faire l’économie d’un certain nombre de débats citoyens sur des sujets  tels que :

     Le lien entre la fraternité républicaine, la laïcité et la paix civile,

 Quels engagements des politiques dans la lutte contre le terrorisme partout où il se trouve, sachant que les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier ont déclaré leur solidarité avec la France et leur détermination à défendre la liberté d'expression. Alors sont-ils prêts à mettre des noms sur les responsables qui financent le terroriste et à prendre les mesures  qui s’imposent afin de défendre nos démocraties ?

Accès à l’éducation : quelles inégalités dans la France d’aujourd’hui et comment y remédier ?

En France le poids de l’origine sociale primerait donc sur celui de l’origine.

Quelques observations et interrogations issues du rapport Marie DURU-BELLAT préparé pour le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous. « En France le poids de l’origine sociale primerait donc sur celui de l’origine. Les inégalités sociales s’observent dès le premier contact avec l’école. Environ la moitié des inégalités observées en fin d’école primaire étaient déjà présentes à l’entrée. Et, une part significative de ces inégalités s’est en fait formée encore bien avant toute pré scolarisation, au sein des familles, dont les conditions de vie inégales forment des environnements inégalement stimulants pour les enfants ».

« La psychologie montre en effet combien, qu’il s’agisse de dimensions telle que le langage ou la structuration dans le temps et dans l’espace, le développement cognitif de l’enfant est affecté par son environnement social ».

« Au total, il s’avère que, face à ces inégalités de départ qui relèvent de toute une gamme de politiques sociales, tant l’école maternelle que l’école primaire semblent relativement impuissantes : elles ne parviennent pas à remettre à flot des élèves déjà très pénalisés de par leur milieu familial, et au contraire, le lien entre le milieu socioculturel de l’enfant et le déroulement de sa scolarité se renforce au cours des années de primaire ».

« Les élèves français abordent donc très inégaux le collège censé les conduire tous à la maîtrise d’un « socle commun de connaissance » (défini par la loi en 2007). Et les écarts initiaux vont se creuser au collège : non seulement, comme à l’école élémentaire, il existe un lien fort entre le niveau des acquis initiaux et les progressions ultérieures, mais le collège semble même fonctionner de manière particulièrement élitiste, puisque les élèves les meilleurs à l’entrée y progressent particulièrement bien ».

« En plus de l’échec scolaire ces élèves rencontrent des inégalités devant l’orientation. Ajoutons que ces stratégies de choix des familles portent également sur l’établissement de leur enfant ».

« Mais ces inégalités très précoces ne résultent pas seulement de la diversité des pratiques éducatives des familles et ne sont pas sans rapport avec les contraintes matérielles, inégales, qui pèsent sur les familles, notamment eu égard à l’espace. En effet, le surpeuplement du logement (défini par le fait que les enfants y sont au moins deux par chambre) a un impact spécifique (à revenu et diplôme des parents donnés) sur la probabilité d’être en retard scolaire au collège, ce qui constitue une mesure certes très discriminante, mais fruste des difficultés scolaires rencontrées dès l’école primaire (et sanctionnées par un ou des redoublements). En milieu social identique, le seul fait, pour l’enfant, de partager sa chambre accroît de 9% sa probabilité d’avoir redoublé une fois au moins avant l’âge de 15 ans ».

« Au total, allonger les études (au-delà du niveau élevé déjà atteint en France, aujourd’hui) peut alors apparaître, en ce qui concerne les inégalités entre les individus, comme un jeu à somme nulle, et par ailleurs coûteux dès lors que ce sont les finances publiques qui le prennent en charge ».

 Par conséquent, Faut-il alors agir bien plus tôt en amont et miser prioritairement sur la petite enfance et l’égalisation des conditions de vie ?

Comment cibler les élèves pour optimiser leur réussite ?

Si jouer sur la façon dont les élèves sont regroupés pour les apprentissages est aujourd’hui considéré comme une voie possible pour plus d’efficacité et moins d’inégalités, le débat porte surtout sur la question de savoir s’il faut cibler sur des zones, ou plutôt sur des individus ?

 Quel choix d’urbanisation et quel type de rénovation urbaine doit être mis au service de la cohésion sociale. N’oublions pas que ce sont les pratiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme qui façonnent la forme de nos milieux de vie et leur organisation.

  Quelles mesures doivent être prises pour que la valeur travail soit toujours considérée comme la pierre angulaire de la République ? La première de toutes les portes d’entrée sociales n’est pas celle de l’emploi ? Chacun a le droit de travailler et le droit d’obtenir un emploi. (Préambule dela Constitution du 27 octobre 1946).

Le rapport 2013 de l’Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles nous offre quelques indicateurs statistiques significatifs « sur les 751 quartiers considérés comme sensibles : le taux de chômage y est en 2012 de 24, 2% contre 10,1% au niveau national, le taux de pauvreté est de 36,5% soit 2,6 fois plus élevé que sur le reste du territoire (14,6%), le revenu annuel moyen des habitants est de 12 500 euros c’est-à-dire 54% seulement du taux moyen national. La situation des jeunes est encore plus dramatique. Il ne s’agit pas d’une dégradation conjoncturelle mais d’une mutation structurelle s’étalant désormais sur plusieurs décennies. Pour prendre en exemple que les dernières années et le seul taux de chômage des 15-64 ans : 16,7% en 2008, 18,5% en 2009, 21,9% en 2010, 22,7% en 2011, 24, 2% en 2012. Les rapports 2014 du Secours Catholique et du Secours Populaire convergent vers le constat d’une aggravation de la paupérisation sur l’ensemble du territoire et à plus forte raison dans les territoires les plus pauvres ».

« La situation est encore plus dramatique pour les nouvelles générations avec un taux de chômage de 45% pour les 15/25 ans (contre 22,7% pour les 25/49 ans en Zones Urbaines Sensibles et 23,1% pour les jeunes hors ZUS). L’inscription dans la durée du processus de paupérisation ne peut susciter des tendances au développement d’un rapport craintif, sceptique, désespéré, à l’avenir ».

« Ne l’oublions pas la délinquance, qui est réelle, se nourrit de l’absence de travail. Ce qui est surprenant ce n’est pas que des quartiers explosent régulièrement mais le fait qu’ils n’explosent pas plus souvent. L’explication est logique : ils n’explosent pas parce qu’une partie de leurs habitants implosent. »

« En Zones Urbaines Sensible, 55% des femmes n'ont pas de diplôme (12% hors ZUS), 23% sont pauvres (9% hors ZUS), 29% maîtrisent mal l'écrit (10% hors ZUS), 26% élèvent seules leurs enfants (16% hors ZUS) ».

    Redéfinir le rôle et les moyens dédiés à la prison 0en privilégiant la réinsertion

La prison telle qu’elle est aujourd’hui est inefficace à dissuader, mais aussi à protéger la société, puisqu’au final elle ne suffit pas à éviter de nouvelles victimes. Dès lors, deux questions doivent se poser à nous : comment rendre son efficacité à la prison ? La prison doit-elle rester le début et la fin de la peine ?Sait-on suffisamment que près d’une personne sur deux récidive dans les cinq ans qui suivent sa sortie de prison (46%), et que ce chiffre baisse nettement lorsque la condamnation n’a pas entraîné de privation de liberté (32%) ?

A quoi sert donc la prison, considérée dans notre système judiciaire comme la réponse pénale par excellence, mais qui à l’évidence ne met pas fin aux parcours de délinquance ?

Comment rendre son efficacité à la prison ?

La surpopulation carcérale et le respect de la dignité des personnes

Quels moyens financiers pour la prison ?,

La pratique religieuse ?……..

     Quel financement pour les lieux de culte ?

Les églises érigées avant la loi de 1905 sont devenues propriétés de l’Etat, qui les prête gracieusement aux paroisses. Depuis, elles sont entretenues à ses frais. Il en est de même pour la moitié des temples protestants et le tiers des synagogues.

Il n’en est pas de même pour les lieux de culte construits après le vote de la loi : ils doivent être financés et entretenus sans que l’Etat ne leur vienne en aide.

Pour autant pourrions-nous réfléchir aux conditions dans lesquelles chaque religion pourrait exercer son culte ? Par exemple, avec la mise à disposition  de terrain par le biais d'un bail emphytéotique (un bail de longue durée qui fait du locataire un quasi-propriétaire) sous certaines conditions ?

Pourrions-nous réfléchir à une adaptation de la loi de 1905 ?

Encore une fois tous ces thèmes ne sont pas exhaustifs mais, dans tous les cas, éveiller les consciences, argumenter les discours, organiser la controverse, lancer des états généraux sur tous ces sujets est une impérative nécessité.

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