Peut-être dois-je une explication aux plus jeunes des visiteurs qui n’ont pas eu le privilège de visionner cette série mythique qu’est « le prisonnier ».
Pour faciliter la compréhension du billet précédent, je me contente de reproduire ici des commentaires que je trouve judicieux, piochés tout simplement dans Wikipédia :
« Les ressorts de l'angoisse reposent sur l'absurdité du système de fonctionnement de ce Village surréaliste sur lequel il (le numéro 6) n'arrive pas à agir. Proie permanente des interrogatoires du Numéro 2 : « Nous voulons des renseignements », il tente de lutter et de fuir pour échapper à cet univers angoissant. Cette série constitue sans nul doute une allégorie des régimes totalitaires, Numéro 6 essayant de lutter en respectant les règles.
Le soir une voix s'échappe des haut-parleurs disposés un peu partout dans le Village pour annoncer le couvre-feu : « Plus que cinq minutes avant l'extinction des lumières. » Le Numéro 6 est surveillé constamment par une quantité innombrable de caméras. Le Village a un indéniable côté 1984 d'Orwell, un côté kafkaïen et carcéral.
Le Village est également une caricature de notre monde quotidien, un univers esthétique et ludique (téléphone sans fil, porte automatique, carte de crédit, le journal Tally Ho), envahi par la publicité, une cage dorée dans laquelle seul Numéro 6 semble lucide et déterminé à en sortir, les habitants se saluent d'un Be seeing you ! traduit en français par Bonjour chez vous !. Le Numéro 2 incarne le pouvoir politique temporaire, la boule blanche représente les forces de l'ordre, cette boule nommée « le rôdeur » est sans forme, impersonnelle, inquiétante à l'image d'un mirador dans un camp de concentration. Le costume noir du Numéro 6 rappelle un habit de prêtre (Patrick McGoohan devait entrer dans les ordres, mais y a renoncé). Les autres habitants revêtent des costumes très colorés et ont souvent des comportements très excentriques. La plupart des villageois évoluent dans un système sans aucun sentiment et sans aucun amour.
« Le Prisonnier évoque une forme de psychose schizophrénique, car l'individu lutte contre le système tout en essayant d'y échapper : « Qu'est-ce que c'est ? » et « Qui est-ce ? » sont les deux grandes questions de la peur. La simple formulation de telles questions implique un tremblement du réel annonçant tous les fantasmes du double, tous les symptômes de la dissociation caractéristique de la schizophrénie : soit de cette décomposition de l'âme par laquelle Maupassant définit justement la peur... Mais c'est aussi un véritable éloge de la fuite. À la fin de la série, le Numéro 6 s'évade pour rentrer chez lui comme toute personne qui, ayant fini sa journée de travail, retrouve son logement douillet pour se ressourcer. »[2] Cependant, l'oeil avisé aura un léger frisson lors de la dernière image de cet épisode qui suggère bien des choses.
C’est, à mon avis, à peu de choses près, ce que notre bon monsieur Sarkozy nous propose avec LOPPSI 2.