« Opération banlieue », quel beau titre pour un polar ! Dommage qu’il ne s’agisse pas d’un roman mais de la très sérieuse étude d’un journaliste et chercheur indépendant, Hacène Belmessous.
Je n’ai pas lu l’ouvrage mais seulement, dans « rue 89 », le compte rendu et l’interview de l’auteur par David Servenay.
Ce qui est annoncé dans l’article est que « l’Etat se prépare à une guerre dans les cités ».« Depuis les émeutes de novembre 2005, l'Etat réfléchit sérieusement à faire intervenir l'armée dans les banlieues. Nicolas Sarkozy est pour, de nombreux officiers, notamment des gendarmes, sont contre. Ils le disent dans « Opération banlieue »
Faire ici le résumé de ce qui est déjà un condensé de l’enquête effectuée, serait sans doute en dénaturer le propos. Le mieux est de lire les quelques pages de l’article. Il semble simplement que l’ennemi le plus redouté de Sarkozy actuellement soit, non les terroristes, mais la banlieue et ses jeunes. Aussi ont été créées des instances qui étudient la stratégie à employer pour mater une révolte dans les cités. Elles sont prêtes à passer à l’action. Un dispositif appelé « le contrat « 10 000 hommes » prévoit la mise à disposition de 10 000 soldats en cas de crise interne : pour faire quoi ? Mener une guerre.L’enquête révèle que les militaires, notamment la gendarmerie, n’accepte pas l’idée du rôle qu’on veut leur faire jouer en cas de troubles sociaux. Ils estiment que ce n’est pas dans l’esprit républicain que de combattre manu militari des citoyens révoltés. Il existe bien d’autres moyens de pacifier une ville.Et pourtant, Sarkozy est prêt à en découdre à la moindre flambée de violence. Ses dernières prises de paroles et celle d’Hortefeux vont dans ce sens.Et si l’avertissement lancé par Edwy Plenel dans son fameux « Halte-là ! » était un coup très tordu mais original de Sarkozy pour se maintenir en place ? Il ne s’agirait pas d’encourager des terroristes étrangers à provoquer un 11 septembre sur notre territoire, ou d’en créer un en se faisant passer pour eux, mais, ce qui lui est beaucoup plus facile, de provoquer une flambée de violence dans les cités pour pouvoir déclencher une guerre civile, instaurer un couvre-feu, pondre des lois d’exception, et s’imposer pour un nouveau quinquennat comme seul capable de lutter contre une criminalité galopante…Que feront les 10 000 hommes si on leur commande de charger des civils ?Obéiront-ils servilement comme certains n’ont pas hésité à le faire aux ordres de Pétain ? Ou bien, avertis cette fois, informés, ayant le temps et de réfléchir et de se concerter, refuseront-ils de participer à cette débauche préméditée de haine ? Si Pétain et ses sbires ont été moins performants que d’autres pays dans la traque, notamment des juifs, c’est aussi parce que des justes, dont des gendarmes, ont eu le courage et ont pris le risque de désobéir à des ordres iniques.Alors, Mesdames et Messieurs les Gendarmes, ce qui serait formidable serait que tous ensemble, à tous les niveaux, vous décidiez de vous joindre, en uniforme, avec vos familles, aux millions de manifestants qui en ont assez de la politique de Sarkozy !Ce serait l’extraordinaire témoignage de votre attachement séculaire aux valeurs de la République.L’affirmation éclatante qu’on n’a pas le droit de faire de vous des larbins, et de futurs criminels.Irréaliste ? Irréalisable ? Peut-être! Je sais votre sens de la discipline et combien il doit être difficile d’envisager une telle action. Mais ça en vaut la peine, non ?Risque de radiation ? Pas si tous, du grand chef au tout récent seconde classe, (ça existe ?) décidez une action commune. Vous voyez Sarkozy, d’un trait de plume, d’une signature apposée à un arrêté présidentiel, comme pour J.H.Matelly, supprimer la Gendarmerie Française et ses cent cinquante ans d’existence ? Vous avez la force et le bon droit de votre côté, et il y va de votre honneur.En participant à la prochaine manif, vous vous affirmeriez solidaires du peuple français. J’ai un ami gendarme, membre d’une équipe de secours en montagne. Un jour que je m’étais attardé à cueillir des framboises un peu haut, il est venu à ma rencontre avec son chien, au cas où. Je sais que je peux compter sur lui.Que le peuple de France peut compter sur vous.