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Billet de blog 9 février 2011

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Heureuse époque

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai, ces temps-ci, un peu négligé ce blog. Je tentais de terminer un polar dans lequel le véritable meurtrier du préfet Erignac était démasqué, et donc Yvan Colonna disculpé. Je ne sais si ce chef d’œuvre (je plaisante – à moitié) pas plus que certains autres, sera publié un jour, mais je me suis fait plaisir et ça n’est pas si mal.

Et pendant ce temps, que de bonnes nouvelles !

Les jeunes tunisiens qui, sortant leur dictateur Ben Ali, l’ami de notre ministre des affaires étrangères, (qu’allait donc MAM y faire ?), (oui, c’est facile, je sais mais je ne résiste pas) font exploser d’allégresse leur pays, ressuscitant l’espoir.

l’Egypte qui suit leur exemple et envoie au cachot de l’Histoire, son dictateur Moubarak, l’ami de Sarkozy et, apprend-on, de Fillon.

Oui, avec la grande majorité des français, et d’autres dans le monde, je me réjouis.

Ma seule réserve, je la dois à l’expérience douloureuse, moralement surtout, vécue jadis sous la férule de Christian Bonnet, ministre de l’Intérieur de Raymond Barre.

La révolte en Iran grondait, menée par des étudiants, entre autres communistes mais pas que. A la fac de Lyon, où à l’époque j’enseignais, vivait une petite colonie d’étudiants iraniens, opposants au régime. J’étais, de par mes fonctions, assez proches d’eux. Or la France soutenait le régime totalitaire du Shah. Ainsi il y eut une entente entre gouvernements. Des décrets limitèrent l’entrée en France d’étudiants étrangers. Je me souviens qu’ils émettaient trois conditions restrictives :

Un(e) étudiant(e) ne pouvait venir étudier en France

1. que s’il avait en poche un billet de retour

2. s’il avait sur un compte en banque une somme d’argent relativement conséquente.

3. s’il avait de la police de son pays un certificat d’autorisation de se rendre à l’étranger.

Autrement dit, seules les familles riches et favorables au Shah pouvait envoyer leurs enfants étudier en France, contrairement aux opposants au régime.

Nous fûmes nombreux en fac (du moins à Lyon) à manifester notre indignation. J’eus même à cette occasion le privilège de me faire ouvrir le cuir abondamment chevelu par les matraques de gardes dits républicains.

Or, peu de temps après, la révolution aboutit. Le shah dut abdiquer. Le monde libre ne pouvait que s’en réjouir. Sauf que…

Sauf que cette révolution menée essentiellement par des jeunes iraniens qui rêvaient liberté, fut rapidement confisquée par les musulmans fondamentalistes.

Et on connaît la suite.

Voilà un peu ma crainte : Que cette histoire ne se répète.

Mais j’ai confiance. Les temps ont changé. Internet est arrivé qui permet à tous une expression que les enragés fondamentalistes auraient du mal en endiguer.

Et pendant que ces événements attirent notre attention, révélant également la curieuse appétence de nos gouvernants pour les dictateurs, en France, notre grand comique vitupère contre les magistrats. Si c’était pour tenter de détourner l’attention des scandales à répétition que nous fournissent ses ministres et lui-même, c’est raté.

Tenter de reporter l’incurie généralisée de la politique élyséenne sur une corporation, les magistrats en l’occurrence, est un jeu dangereux. En espérant acheter la confiance de la population en jouant sur la peur, en prétendant être celui qui sait protéger grâce à un maillage policier coûteux s’étendant sur tout le pays, au détriment des autres postes, et notamment celui de la Justice, mais pas que, est le fruit d’un cerveau malade.

Oui, la justice est faite pour juger, en toute indépendance, selon des lois qu’on espère équitables. Mais c’est vrai que les magistrats sont source d’insécurité, celle des malfrats, et donc peut-être insécurité aussi pour les drogués du pouvoir, ceux qui souffrent d’une « dilatation de soi-même », au détriment des autres. (lire dans Libé l’article de Véronique Nahoum-Grappe.)

Si Sarkozy s’en prend de manière aussi stupidement démagogique aux magistrats, ça n’est pas parce que la France est en danger, mais parce que lui a peur.

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