Encore un homme lucide! J’approuve totalement la chronique de Vikash Dhorasoo qui signe dans le Monde de ce jeudi 9 août un billet intitulé: «Baron, tu nous prends pour des cons?».
Ce brave de Coubertin n’avait sans doute pas perçu le réservoir à haine et à désillusion qu’il créait en promouvant ces foutus Jeux Olympiques. La flamme qu’il allumait se révélait être plus une vessie qu’une lanterne. L’intention était, j’imagine, louable, mais c’était méconnaître la propension qu’ont les humains à détourner les nobles sentiments en sordides magouilles.
Sans doute penserez-vous reconnaître là propos d’un homme que le grand âge aigrit. Même si vous aviez raison, mon « aigritude » ne devrait rien au sport. Celui-ci, vécu comme amateur, m’a apporté suffisamment de ces intenses joies qu’il serait bien mal venu de le dénigrer à présent qu’il m’est inaccessible. Non, mais vous auriez raison de critiquer la violence du rejet que je ressens lorsque des joueuses en blanc du Monténégro battent les françaises, ou que les canadiennes l’emportent injustement, en foot,sur l’équipe française, parce que ça, c’est du nationalisme.
C’est une des raisons pour lesquelles je condamne les JO : ils encouragent et cultivent les nationalismes. Et ne me dites pas que c’est moi qui suis taré, que je suis le seul à vivre ces instants de haine, car, sans être Saint François d’Assise ou Bachar Al Assad, c’est-à-dire un homme angélique ou un des pires salauds, je suis simplement comme tout le monde, quelqu’un qui hait celui qui bat son propre camp. Pas de quoi être fier !
Vikash Dhorasoo dénonce la tromperie qui consiste à dire que « l’important, c’est de participer ». Faux ! « Le sport d’aujourd’hui est devenu une guerre où l’enjeu a tué le jeu… L’important, c’est de gagner ! »
Certes, cette exigence n’est pas nouvelle. « Vae victis ! Caesar, qui morituri te salutant . » Malheur aux vaincus. Caesar, ceux qui vont mourir te saluent !
Apporter à sa nation, une médaille d’or (le reste n’est que chocolat) c’est glorifier SON pays, et mépriser les autres. Et c’est aussi, et peut-être surtout, enrichir les sponsors. Le fric, toujours le fric.