En ce quarantième anniversaire de la mort du Général, le seul, dirait un ami, Sarkozy est allé à Colombey-les-deux-églises pour parler de lui-même.Cette démarche du chef de l’Etat vient magistralement confirmer ce que je supposais, comme beaucoup : Sarkozy est un grand malade.Pour moi, son discours à Colombey est l’illustration parfaite d’une identification pathologique à de Gaulle.En 1968, Sarkozy était en pleine crise d’adolescence, 13 ans, mal à l’aise sans doute dans le milieu douillet où, pauvre riche, il rêvait d’aventure. Ayant pour modèle masculin un grand-père, brave sans doute mais un peu dépassé, abhorrant un père absent, gigolo arriviste et coureur de jupons, il était d’autant plus déboussolé que le climat social n’était pas au beau fixe. Dès mars, des connards d’étudiants (il a horreur des études) venaient remettre en cause le modèle de société dont il tirait profit.Puis le mois de mai vint contester bruyamment l’ordre des valeurs qui lui était si cher et reposait sur l’argent. Sa petite révolte à lui qui consistait à faire des croche-pieds à ces grandes gourdes de bons élèves qui raflaient les bonnes notes et à les bombarder de boules puantes lui parut ridicule, et pas à sa hauteur. C’est à ces glandeurs de l’Université qui, avec leurs grands discours et leurs bons sentiments, prétendaient refaire le monde, qu’il fallait s’attaquer : ces casseurs d’ordre établi incendiaient, les poubelles, et même des autos, bientôt ils dévaleraient dans son Neuilly-sur-Seine, le berceau des élites dont lui, et en bouleverseraient le bel ordonnancement. Mais que faire ? C’est alors que le Général, d’abord découragé, dans un discours célèbre, le 30 mai, invita au sursaut. Des milliers de gens sortirent de l’appartement où ils se terraient et accompagnèrent De Gaulle sur les champs Elysées. Trouvant un bon prétexte pour sécher les cours, le jeune Nicolas se joignit à la foule. Et là, il le vit, Lui, ce personnage mythique, dominant de sa haute stature le flot dense des humains. C’est alors qu’il se dit: « Voilà qui je serai ». Ce fut sa révélation, la vision de ce qu’il appellera au Latran « sa vocation ». Il savait à présent à quoi consacrer son énergie.Il sera De Gaulle !Il sauvera la France !Il en sera le Maître !Mais à son grand désespoir, il ne maîtrisait pas sa croissance physique. Alors que la plupart des personnes de petite taille sont très bien dans leur peau, sachant ne pas confondre la hauteur/centimètres et la valeur morale, le petit Nicolas se désespéra. Voyant que chausser des cothurnes ne changeait pas grand-chose, il cultiva une de ses qualités : puisqu’il resterait petit de taille il serait grand de gueule !Un certain congrès du parti (le RPR d’alors ?) lui confirma la justesse de son intuition. Représentant plus ou moins les jeunes militants, un discours enflammé réveilla une salle de barbons somnolents et repus. Oui, c’est par le baratin qu’il prendrait le pouvoir. Le baratin et quelques boules puantes.C’est qu’il est persévérant notre petit Nicolas. Nul ne lui contestera cette qualité, la preuve : après pas mal de coups fourrés, le voici président de la République française !Il ne lui reste plus qu’à jouer à être De Gaulle.La taille, d’accord, c’est foutu !Mais pour le reste, il lui suffit de pratiquer une technique bien pratique qu’a généralisée la révolution informatique : le copier-coller.Ce procédé est très intéressant si vous voulez amuser la galerie, mais tout le monde n’est pas Laurent Gerra. Le génie d’un tel artiste est qu’il se met d’autant mieux dans la peau d’un personnage qu’il sait en sortir et s’affirmer d’autant. Vouloir faire comme papa en restant tout petit dans sa tête ne peut qu’être un échec et ne permet pas de devenir quelqu’un.C’est dommage pour une personne de marcher à côté de ses pompes. Dommage pour elle et pour ses proches. Mais quand en plus cette personne à enfilé des bottes de sept lieues qui font qu’il écrase un Pays. C’est tout bonnement catastrophique. Quand donc le Pays s’en rendra-t-il compte et réagira enfin?
Billet de blog 11 novembre 2010
De Sargaulle
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