A Monsieur Bouvard, député de Savoie,
Monsieur le député,
Bien que je n’aie pas voté pour vous qui appartenez à l’UMP, vous êtes néanmoins devenu mon représentant à la Chambre des députés, et c’est à ce titre que je m’adresse à vous.
Car avant que le climat social ne se détériore davantage, il me semble être de mon devoir de citoyen de renouveler en personne l’avertissement qu’avec une majorité de français je vous avais exprimé lors des élections régionales, avertissement que les vôtres se sont efforcés de ne pas entendre.
C’est vrai que cette lettre n’est que le seul reflet de mon opinion, mais celle-ci rejoint, je puis vous l’assurer, celle de quasiment toutes les personnes de mon entourage dans mon village, Albiez le jeune, mais aussi mes amis. Ces personnes expriment une colère qui monte en puissance envers le Gouvernement et surtout celui qui le dirige, Nicolas Sarkozy.
Je viens de nommer par son patronyme celui que j’aurais dû appeler « Monsieur le Président de la République ». Si je n’ai pas utilisé ce titre, c’est parce que j’estime, avec bien d’autres à présent, que ce Monsieur n’est plus digne de le porter, ayant usurpé la charge qu’il a sollicitée auprès des citoyens.
« L’affaire Bettencourt » a en effet révélé une partie des malversations auxquelles s’est livré Nicolas Sarkozy pour acheter les moyens de propagande qui ont trompés la petite majorité des citoyens qui ont voté pour lui. Cette faute originelle a induit la politique qui a suivi : on comprend mieux le pourquoi du « bouclier fiscal » qui n’est que son renvoi d’ascenseur à ses bienfaiteurs, alors que la masse des citoyens s’appauvrit, que le nombre de chômeurs augmente et que les pouvoirs publics se voient démantelés.
Mais cet homme est poussé par un tel désir de Pouvoir et d’argent, qu’une fois en place, il met à mal les fondements de la démocratie en se comportant en dictateur. Et pour parfaire son omnipotence, il vient de s’attaquer à la Constitution alors que sa charge exige qu’il en soit le garant :
En effet, menacé par la révélation de sa forfaiture -son accession illégale à la fonction suprême- et voulant faire diversion, il vient grossièrement de remettre en cause la Constitution qui « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toute croyance. » Or Sarkozy, lors du discours récent dit « de Grenoble » proclame : « la nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie … ».
En plus d’une faute contre la nation, NS amalgame délinquance et origine étrangère, et favorise ainsi la xénophobie de ses concitoyens.
Peut-être que vous-même qui vous êtes dit partisan du rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, trouvez normal, et même très bien tout ce que fait votre patron, et tiendrez mon opinion pour nulle, cependant j’ai été heureux d’apprendre ce soir, qu’un député, membre de l’UMP, se dit scandalisé par la manière dont NS traite les gens du voyage. Ainsi, je suppose que, parmi les gens de droite, encartés ou non à l’UMP, certains partagent mon point de vue. J’aimerais que vous en soyez.
Il n’est pas impossible que devant tant d’attitudes scandaleuses de la part des dirigeants, ce soit de plus en plus de voix qui, comme la mienne, s’élèvent, et, niées, se transforment en cris, ou même en violence autre que verbale.
Je tiens un blog dans le Nouvel Obs, « En saignant ». Je compte y déposer cette lettre dès que je vous l’aurai envoyée.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le député, l’expression de mes respectueuses salutations.
Jean-Marie Charron