Le 9 de ce mois, j’avais déposé ici un billet « Malaise au Monde » disant ma nostalgie d’un « Monde » ancien. Un article du 13 novembre de ce quotidien illustre ma désillusion.Une page entière, la 3, est consacrée, sous le titre de « Camarades ennemis » aux conflits qui opposent Martine Aubry et Ségolène Royal à François Hollande. Je ne conteste pas à une journaliste, ici Sophie Landrin, le droit d’un porter un regard, forcément subjectif, sur les relations intimes de personnages en vue, ce dont le grand public paraît friand. Je suis seulement étonné de lire ce genre de littérature dans le « Monde ». Je suppose que ce type de papier constitue l’essentiel des articles de fond de publications people. Si je voulais me repaître de ragots, de relents de coucheries, de haines assassines, j’irais les chercher là. Là et pas dans le « Monde ».Si encore cet article analysait l’incidence qu’ont ces inimitiés sur la sincérité de l’engagement politique des intéressés, alors oui, j’en comprendrais la pertinence : Des gens qui disent lutter pour le respect des personnes et méprisent leurs proches, c’est vrai que ça peut poser question.Moi-même qui me sentais proche du PS en ai pris mes distances lorsque j’ai vu comment des dirigeants du PS sabotaient la candidature de Ségolène Royal, pourtant désignée démocratiquement, et poursuivaient leur travail de sape lors du congrès de Reims. Je trouvais que ces gens défendaient plus leur accession personnelle au Pouvoir qu’ils ne s’attaquaient aux injustices sociales.Mais même dans ce cas, je suis prêt à l’indulgence. Mon ancienne profession de psychologue m’a trop fait découvrir la complexité du fonctionnement humain, y compris chez moi-même, pour condamner qui que ce soit.Pour moi, que le « Monde » publie ce genre d’article est grave, car non seulement ce papier n’aborde pas ouvertement un problème de fond, mais il laisse entendre, porté par un subtile mépris, « Camarades ennemis », que ces politiciens qui paraissent défendre des idées généreuses, instrumentalisent un idéal politique au seul service de leur personne.Aussi, s’il faut trouver un fond à cet article, ce fond est, selon moi, « TOUS POURRIS !».Il accrédite l’idée que les idéaux sociaux que porte la Gauche ne sont que l’occasion pour ses divers dirigeants de se placer sur la scène médiatique, de devenir célèbres, riches et puissants, que le peuple dont ils prétendent défendre les intérêts n’est qu’un faire-valoir.D’où le mépris des gens vis-à-vis de ces politiciens de gauche, et la tentation de se tourner vers la Droite.Car cette droite, si elle vole les petits, si elle les exploite, au moins elle ne s’en cache pas. Elle est sincère dans sa malhonnêteté. Mieux vaut cela à ce qui est suggéré être de l’hypocrisie.Merci « Le Monde » !
Billet de blog 15 novembre 2010
Tous pourris !
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