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Billet de blog 18 mai 2010

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Corse, le délit d’hospitalité.

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Ces jours-ci, des corses passent en jugement pour avoir secouru, hébergé un fugitif alors recherché par la police, Yvan Colonna.Nous, les français du continent, qui, comme Michel Rocard, n’avons pas une goutte de sang corse, devons pourtant nous sentir concernés.Il suffit de lire l’admirable lettre qu’a écrite Rocard dans la rubrique « Horizons » du « Monde » daté du 31 août 2000, expliquant en quoi la cause du peuple corse est importante. Pourquoi ne pas la lire en collège ou lycée.Il suffit aussi de se rappeler qu’après la politique désastreuse de la Droite en Nouvelle Calédonie, (souvenons-nous du massacre de la grotte d’Ouvéa), c’est Michel Rocard qui a redonné espoir à ce peuple grâce au « Traité de Matignon ».Il suffit aussi de se rappeler que Michel Rocard avait engagé avec le « processus de Matignon » une politique permettant au peuple corse d’envisager sa relative indépendance.Mais l’assassinat du Préfet Claude Erignac est venu tout interrompre.Or nous sommes nombreux à penser que cet assassinat a été perpétré, « pour raison d’Etat » par une Droite aux réflexes colonialistes qui craignait de se voir privé d’un territoire dont elle se sent propriétaire.Comment expliquer l’assassinat de Monsieur Erignac, plutôt favorable au « processus de Matignon », par des indépendantistes qui, ainsi, nuiraient à leur propre cause ?Comment expliquer les graves omissions apparues lors de l’enquête ou du procès et que les juges d’Yvan Colonna se sont bien gardés d’étudier ?Par exemple, qui sont les deux mystérieux hommes jamais identifiés qui, en juillet 97, ont attaqué la gendarmerie de Pietrosella et dérobé l’arme du crime ? L’empreinte digitale qu’ils ont laissée n’appartenant à aucun autonomiste connu et n’a jamais été identifiée.Par exemple pourquoi le témoignage de Marie-Ange Contard, croupière au Casino et physionomiste, qui a vu, de ses yeux, à même pas deux mètres, le visage de l’assassin, qu’elle a décrit minutieusement et qui, selon elle, ne ressemble en rien à celui d’Yvan Colonna, n’a jamais été retenu ?Par exemple pourquoi le témoignage de Didier Vinolas, proche collaborateur du Préfet, qui contredisait la thèse officielle, a-t-il été discrédité ?Par exemple pourquoi Joseph Colombani, « témoin idéal » au dire même du juge Wacogne, et qui, le 25 février 2009, a affirmé « en son âme et conscience » ne pas reconnaître en Yvan Colonna le criminel dont il avait fait la description.Par exemple pourquoi la faute grave du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui se pique d’études juridiques, et qui, au mépris du principe fondamental de la présomption d’innocence, a proclamé lors de l’arrestation d’Yvan Colonna : « On a arrêté l’assassin du Préfet Erignac », n’a jamais été sanctionnée ?La Droite avait tout intérêt, au nom de l’intégrité du Territoire, de monter, avec ses hommes de l’ombre, un coup qui neutraliserait le « processus de Matignon », et le meilleur moyen d’y parvenir serait d’assassiner le Préfet. Une victime de plus lorsque l’intérêt (vu par la Droite) de la Nation est en jeu en vaut bien la chandelle… « On ne fait pas d’omelette… ». Monsieur Melnik,coordinateur des Service secrets auprès du cabinet de Debré, Premier Ministre, reconnaît que, pour la seule année 1960, 135 personnes ont été assassinées sur ordre par le Service Action, que six bateaux et deux avions ont été détruits. Alors, que vaut la vie d’un homme, fut-il préfet.Ce qui explique que nous soyons si nombreux à croire en l’innocence d’Yvan Colonna.Je suis donc curieux de voir comment va se dérouler le procès de personnes qui ont fait preuve d’humanité en secourant un homme aux abois.

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