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Billet de blog 19 février 2011

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Affaire Florence Cassez

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Le texte de la philosophe Dominique de Courcelles paru sur Médiapart m’a paru lumineux et convaincant mais j’ai été étonné de la teneur de certains des commentaires qui suivaient. J’ai alors pointé le nombre de ceux qui en soulignaient la valeur, ils étaient largement supérieurs aux critiques négatives.

Certaines parmi celles-ci se montraient si grossières que les arguments éventuellement développés tombaient d’eux-mêmes. L’une pourtant me parut très intéressante dans la mesure où, en voulant contrer à plusieurs reprises l’article, elle en confirmait la justesse d’analyse. Ainsi elle critiquait le regard méprisant que l’auteur portait sur la photographie. En fait, la personne qui se présentait comme étant précisément photographe semblait très vexée que quelqu’un se permette de dévoiler les ficelles de son métier.

D’autres balayaient l’article en se moquant de la philosophe en particulier et de la philosophie en général. Ce qui m’a poussé à regarder de plus près la qualité de l’auteur, pour découvrir, impressionné, un parcours professionnel comme il en existe peu.

Une note, pourtant, retint mon attention.

Quelqu’un indiquait le point de vue opposé qu’avait développé dans le Nouvel Obs Florence Aubenas.

Qui ne connaît Florence Aubenas !

Je m’empressai, curieux, de découvrir le point de vue de la journaliste.

Je fus stupéfait !

Dans un très long article, Florence Aubenas détaille par le menu ce qui n’est qu’une honteuse machination : pour elle, Florence Cassez, est une belle jeune femme, dynamique, volontaire, ambitieuse, casse-cou, certes, mais totalement innocente, pure victime d’un système totalement corrompu.

Et la journaliste de raconter l’histoire d’une jeune fille sortie du système scolaire français à 16 ans sans diplôme mais qui, comme son père, veut s’en sortir seule. Réussite dans la vente, déboire, et finalement elle répond à l’appel de son frère Sébastien qui est parti faire fortune au Mexique.

Le frère, dont la femme, Iolany, fait une peu d’ombre à Florence, se lie avec un homme d’affaire important, Edouardo Margolis, qui se révèle être un truand notoire. Florence elle trouve de petits boulots. Elle a un copain, Israël Vallarta, qu’elle trouve un peu collant et avec qui elle ne vit pas.

Mais Sébastien se brouille avec Margolis, quitte son patron qui n’apprécie pas. Et finalement le truand se venge : des ripoux complices montent tout un scénario, fabriquent des preuves, soudoient de faux témoins, paient de fausses victimes. Israël Vallarta est pris en flagrant délit : Il est un de ces dangereux « secuestradores » honnis de la population, et Florence Cassez, la française diabolique, est sa complice ! Or « Ici, les procès ne servent qu'à avaliser les enquêtes de police » Elle sera condamnée par des juges achetés à 60 années d’emprisonnement !

Je suis en présence de deux thèses diamétralement opposées. Absolument inconciliable. Qui dit vrai ?

Je n’avais jamais entendu parler de Dominique de Courcelles. Je n’ai jamais eu l’occasion de la rencontrer au cours d’un colloque, d’une réunion quelconque, alors qu’éventuellement j’aurais pu, certains de ses centres d’intérêt rejoignant les miens, et de plus, elle est professeure à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, la ville où j’ai moi-même travaillé. Jamais une telle personne ne pourrait se voir confier les responsabilités qu’elle assume si elle n’était pas extraordinairement compétente et foncièrement honnête. J’en ai la certitude.

La seule raison qui pourrait expliquer qu’elle se trompe serait soit un amour du Mexique qui l’aveugle, soit son statut d’élite qui la tiendrait éloignée de la réalité sordide. Or, en lisant son texte, j’ai eu au contraire le sentiment d’une grande lucidité.

Or, alors que j’abordais l’article de Florence Aubenas avec un apriori favorable, connaissant comme beaucoup son histoire, je fus de suite surpris du ton. J’eus rapidement l’impression que les deux Florence n’en faisaient qu’une, que l’une, la journaliste, revivait à travers l’autre, ce qu’elle avait vécu, la détention, l’injustice, et qu’à partir de là, sa vision des événements se trouvait totalement faussée, et ce, en toute bonne foi.

Et j’en fus désolé car si mon impression se vérifie, Florence Aubenas serait terrifiée à l’idée qu’elle ait pu se tromper à ce point.

Alors je ne sais pas.

Je penche évidemment pour la thèse de la culpabilité de Florence Cassez. C’est si vite fait de se trouver entraîner à faire des actions condamnables. Et par ailleurs, je me méfie du regard que nous autres français, avec notre passé de colons, portons sur les autres pays. Je ne sais pas si nous sommes si bien placés que ça pour donner des leçons de probité.

Un point sur lequel Dominique de Courcelles et Florence Aubenas sont d’accord : la catastrophique intervention de Sarkozy et de sa Ministre des affaires étrangères.

« Nicolas Sarkozy a voulu rejouer la libération des infirmières bulgares » précise la journaliste.

« La ministre des Affaires étrangères s'exprime longuement: avec mépris, elle évoque une «décision déplorable» de la justice mexicaine, n'hésite pas à dénier au Mexique la qualité d'«Etat de droit», assure que le gouvernement français «accompagnera» les «actions» de Cassez » déplore madame de Courcelles…

Je ne suis pas sûr que des sondages, même trafiqués par Ollier, puissent être, au Mexique, très favorables à la France.

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