Mon très saint père, je ne sais s’il vous arrive de pêcher, mais là, avec votre discours de remerciement à la reine Elisabeth, je trouve que vous poussez le bouchon un peu loin en affirmant que l’athéisme conduit au nazisme.
Si une de mes sœurs très croyantes, ou un bon ami curé m’avaient tenu de tels propos, j’aurais pris ça pour une galéjade, mais vous, saint père, un grand garçon comme vous, auquel on prête l’infaillibilité en matière de dogme, sortir une telle sottise !...
Que diriez-vous si moi, l’athée, j’affirmais du haut de mon incompétence que le catholicisme, ou plus précisément le célibat des prêtres catholiques menait tout droit à la pédophilie ? Vous pousseriez des cris d’orfraie, ce grand aigle marin à queue blanche ! Et vous auriez raison.
Mais là, voyons, soyons sérieux !
Vous me rappelez ce jeune homme que j’ai été et qui, péché de jeunesse, appartenait à cette sainte église dont vous êtes le coach. A l’époque, je me serais bien vu tenir de tels propos, persuadé que j’étais de détenir la Vérité, que « hors de l’Eglise pas de salut », et qui n’en fait pas partie ne fait que courir à sa perte.
Oh je ne vous en veux pas trop ! Je sais d’expérience que, quand on a tété les saintes écritures en même temps que le lait maternel, il est bien difficile de sortir de ce conditionnement. Les bonnes âmes qui vous entourent ont vite fait de vous indiquer la route à suivre, et si nécessaire, d’un petit coup de trique, de vous remettre sur le droit chemin. Vous avez cheminé, humblement, studieusement, fidèlement, sur un sentier en pente, sablonneux, malaisé, et vous êtes arrivé, là-haut, pas encore au ciel, mais pas loin, au Vatican, alors oui, chapeau ! Pardon, tiare ! Mais de ce parcours sans faute il ne vous manque que d’avoir rencontré la vraie vie, celle des milliards d’humains qui mènent leur existence, caha-cahin, plus caha que Caïn, qui n’ont pas de certitudes, qui cherchent, tâtonnent, tombent, se relèvent, mais qui, le plus souvent, trouvent le courage d’en sourire, et, ignorant de l’évangile, n’hésitent pas à aider son prochain. Ce fut, hors de l’Eglise, ma grande découverte : que des gens soient capables d’une grande rigueur morale, d’une générosité époustouflante, de bien des qualités humaines que j’aurais bien aimé trouver chez les « pratiquants », mes frères d’alors.
L’athéisme mène au nazisme, dites-vous.
J’en connais pourtant qui sont croyants, catholiques, du moins c’est ce qu’ils disent, et même chanoine de Latran, qui ont semblé être dans vos petits papiers, qui préfèrent le prêtre à l’instituteur, et qui pourtant se conduisent en nazillons : figurez-vous qu’ils reprennent officiellement les méthodes nazies, ils déportent des personnes cataloguées « roms ». Dans votre discours à la reine vous avez mentionné la persécution par les nazis « en particulier des juifs ». Vous n’avez pas cité les homosexuels, oubli ?, ni les tziganes dont Sarkozy se souvient.
Alors, très saint père, il est trop tard pour vous de sortir un peu de l’Eglise, de respirer un autre air, de rencontrer des personnes respectables qui ne se prosterneront pas devant vous. Je sais bien que votre sacrée charité chrétienne, ou tout bonnement votre éducation, vous interdiraient de leur dire « casse-toi, pauvre con ! », vous n’êtes pas un voyou, mais quand même, par votre discours, c’est une bonne partie de l’humanité que vous insultez.
Dans un billet précédent (Brûler le coran) j’estimais que la foi des fidèles en une religion rendaient ceux-ci intolérants, et provoquaient des guerres. Or pour moi, vos paroles sont une déclaration de guerre.