Lorsque l’idée de la journée des « gilets jaunes » exprimant le mécontentement des citoyens face à la politique pleine de morgue du Président de la République fut lancée, bien des personnes s’interrogèrent. Elles étaient partagées entre l’expression de leur propre colère face à la fonte du pouvoir d’achat de la grande majorité des Français, surtout des plus pauvres, et la méfiance face à d’éventuelles arrière-pensées issues de l’Extrême Droite.
Un minorité spectaculaire adhéra à l’idée et manifesta.
La raison de cette manifestation, la colère, était bien réelle, mais la complexité de ses motivations eut vite fait d’apparaître.
- Incommoder Macron? Objectif probablement atteint. Le faire dévier de son cap ? L’échec était couru d’avance ! mais raison de plus de crier sa colère.
- Transformer la rogne de chacun en occasion de faire la fête, de se payer un peu de bon temps.
Pour beaucoup de gilets, l’objectif est atteint. Saucisses grillées à gogo, Alcool coulant à flot, des amitiés qui naissent, des paroles ou des couteaux qui blessent. Des échanges de toutes sortes et pas toujours sympas mais qu’importe, on a pu s’éclater. C’est ça, notre vérité, notre politique à nous, les Gilets Jaunes : c’est d’être entre nous, les vrais français !
- Gêner le plus possible ?
Les politiciens tous pourris ? Là c’est raté ! Pour eux, c’est une occasion de se montrer.
- Les non-manifestants ? Bien sûr que ce sont ceux-là la cible. Normalement, toute la Nation auraient dû être avec G.J. dans la rue. Or, « qui n’est pas avec nous est contre nous ». Voilà donc les vrais ennemis. Ces gens avec leur auto ne circulent que pour les provoquer, contester le bien-fondé de leur démarche. Ce sont eux les mauvais Français.
La colère des Gilets Jaunes contre Macron et sa politique a disparu, apparaît enfin au grand jour la vraie raison qui est la haine de l’Autre.
Alors tout « roulant » devient la cible des insultes, des crachats et des coups. Aucun argument n’est valable. Conduire d’urgence son enfant chez le médecin n’est qu’occasion à contester une autorité éphémère, et tout autre prétexte n’a pas plus d’importance. Les gilets jaunes ont le Pouvoir au moins une journée, pas question de le laisser à d’autres.
Un tel mépris des autres s’appelle dictature. Tout comme les jaunes au cours d’une grève, ces gilets-là trahissent leurs compatriotes.