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Billet de blog 21 février 2011

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L'Autre

Dans le « Marianne » du 17 février dernier, Téfy Andriamanana s'inquiète de ce que, à la suite de « l'échec du multiculturalisme » annoncé par Sarkozy, l'UMP veuille lancer un débat pour organiser « l'Islam de France », afin de résoudre le problème de l'Islam en France. Un paradoxe et une belle atteinte à la laïcité.

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Dans le « Marianne » du 17 février dernier, Téfy Andriamanana s'inquiète de ce que, à la suite de « l'échec du multiculturalisme » annoncé par Sarkozy, l'UMP veuille lancer un débat pour organiser « l'Islam de France », afin de résoudre le problème de l'Islam en France. Un paradoxe et une belle atteinte à la laïcité. L'auteur de l'article rappelle quelques phrases de Sarkozy prononcées récemment qui résument la position du chef de l'Etat en ce qui concerne la présence en France de la deuxième religion, l'Islam :« La vérité c'est que dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait... Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, qui est la communauté nationale » Téfy Adriamanana s'étonne ainsi de voir que le regard porté par Sarkozy, et donc par l'UMP, sur une personne vivant en France se concentre sur son appartenance religieuse, sur des traits extérieurs, et non sur le simple fait de sa citoyenneté. Cette obsession communautaire ne fait qu'exprimer un fait humain universel : la peur de l'Autre, la peur du différent, la peur de l'étrange, et donc de l'étranger. Cette peur de l'Autre est d'autant plus viscérale qu'elle a été un élément essentiel dans la construction de la personne. En effet, il semble bien que vers le huit ou neuvième mois, un nourrisson découvrant avec surprise l'importance de la présence maternelle, et de la frustration qu'elle entraîne, éprouve vis-à-vis de ce personnage un violent désir de rejet, de haine à l'état pur. Mais percevant aussi le danger pour sa vie d'un tel sentiment, (il ne peut se passer de sa mère) il trouvera une astuce géniale : il orientera cette haine sur une personne ne faisant pas partie de son monde familier. Ce que les psys appellent «la peur de l'étranger». Cette peur est normale et salutaire. Elle préserve la mère, et elle évite au nourrisson que cette haine se retourne contre lui, ce qui pourrait expliquer dans ce cas des maladies psychosomatiques. Cette peur de l'étranger est donc un phénomène utile et même indispensable à la construction normale d'une personnalité. Mais elle est normalement une étape provisoire. Elle est à dépasser. Là où ça pose problème, c'est lorsqu'elle devient une constante. Que la vie de l'enfant s'organise autour d'elle, faisant le berceau de la paranoïa. Or plus tard dans la vie, le groupe prend le relai de la mère et de la famille. L'individu adulte, fragile s'il est seul, trouve dans le groupe une mère, un giron rassurant. Les valeurs communes, la langue, la couleur de peau, la religion, le rassurent. Mais le groupe lui-aussi impose des contraintes, tout n'y est pas tout rose, et les critiques internes en menacent l'existence. Rien ne vaut l'étranger pour en renforcer la cohésion : L'Autre, c'est le mauvais, le dangereux, le sale. Tel est le rôle du communautarisme : être bien entre soi, n'admettre l'étranger que s'il renonce à être lui-même, s‘il devient un autre «vous », s'il gomme ses différences. Alors peut-être ...Je connais des pays où l‘on vous dit qu'il faut quatre générations pour faire partie de la communauté. Normal ? NON.Une certaine Déclaration des droits de l'homme propose tout autre chose. Un idéal bien sûr. Une utopie, peut-être. Mais un texte qui doit servir de boussole à chaque personne au monde, à chaque citoyen, et à tous les peuples. Certes, ce n'est pas demain la veille qu'on respectera l'Autre. C'est à chaque pays à la mettre en œuvre, cette « Déclaration ». C'est à chaque parent à vivre cette philosophie. C'est à chaque enfant à s'en imprégner.

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