Qui ne se souvient pas de cette frêle silhouette, pantalon noir, chemise blanche, toute seule, affrontant une colonne d’énormes chars d’assaut, et les bloquant, place Tian’anmen ?
C’est cette image qui s’est présentée à moi à la suite de la lecture du prophétique article d’Edwy Plenel, sur Médiapart : Un journaliste face à un gouvernement corrompu.
« Halte-là ! » hurle le journaliste. Réveillez-vous, citoyens, aujourd’hui, tout de suite ! Demain il sera trop tard ! Vous pensez, gens de l’opposition, avoir le temps et peaufinez dans vos états-majors d’habiles stratégies qui changeront la donne politique et renverseront légalement ce gouvernement honteux ! Ridicule ! Vous serez balayez bien avant.
Edwy Plenel argumente : à l’Elysée c’est la panique, le gouvernement accumule les gaffes, se ridiculise de plus en plus tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il est totalement décrédibilisé. Les sondages le donnent perdant sur tous les tableaux.
Sarkozy s’affole-t-il ? Non, un pervers ne s’affole pas. Il s’isole un peu plus, fait le gros dos, comptabilise les coups qu’il reçoit et rumine sa vengeance. « Ils me croient foutu ? C’est qu’ils ne me connaissent pas ! »
Edwy Plenel, rassemblant des indices, estime que Sarkozy est en train de mettre en place depuis quelques jours un dispositif qui va lui redonner l’initiative, et consolider son pouvoir, et peut-être même lui permettre de remporter le prochain septennat. Ça a marché pour Bush, pour qui le 11 septembre a été une chance, ça marchera pour lui. Il lui faut son 11 septembre !
Ainsi Sarkozy ces jours-ci, mobilise ses ténors et leur fait clamer haut et fort l’annonce d’une menace terroriste imminente.
Peut-être cette menace existe-t-elle réellement, sans doute même, et si elle se réalise, alors quelle chance pour ce président ! Il pourra, comme l’a fait Busch, renforcer son dispositif policier, restreindre les libertés, chasser les étrangers ou les français de fraîche date, se poser en sauveur de la nation, seul capable de fermeté, reléguer au second plan les problèmes de l’heure (chômage des jeunes, retraite, sécurité sociale, réforme des impôts) faire oublier les affaires Bettencourt, Wildenstein.
Et si la menace tarde à se réaliser, pourquoi ne pas lui donner un petit coup de pouce, la provoquer, voire la faciliter.
Mais si le mieux était de ne pas attendre le bon vouloir des terroristes étrangers mais de maîtriser soi-même le processus !
Sarkozy compte bien parmi ses très fidèles amis quelques artificiers habiles et discrets, persuadés comme leur patron que l’intérêt du Pays exige quelques sacrifices. Une ou deux bombes placées aux bons endroits et déchiquetant une bonne centaine de personnes feront oublier les mesquineries tatillonnes des syndicats et de la ménagère de cinquante ans.
Les victimes auront des funérailles nationales, en présence du Président larmoyant, peut-être même une médaille à titre posthume, mais en tous cas un beau monument.
Et Sarkozy sera au Pouvoir pour sept ans !
Ainsi, Edwy Plenel, seul, avec sa plume et son papier, face à un homme pervers et donc très dangereux, nous lance un avertissement solennel, urgent.
Citoyens de bonne volonté, cessez de croire que Sarkozy va attendre bien gentiment que le peuple, avec ses millions de manifestants dans les rues, lui fasse comprendre qu’il doit changer sa politique et partir.
Non, cet homme ne peut ni céder, ni changer. C’est un pervers ! Il nous prépare un coup tordu très sale !
Voilà ce que nous dit, si je l’ai bien compris, Edwy Plenel dans Médiapart.