J’ai découvert sur Internet que des comités de défense de Florence Cassez se mobilisaient, surtout dans le Nord dont la jeune femme est issue. Par ailleurs, sur Médiapart le débat continue sur l’innocence ou non de la personne condamnée. Or j’ai relevé une intervention qui a évoqué pour moi des souvenirs plutôt douloureux.En dehors du fait que c'est très probablement une erreur judiciaire dans un pays ou narcotrafiquants, enlèvements, et politique sécuritaire et violente envers les minorités et les pauvres se mélangent, et que personne ne mérite de passer 60 ans en prison pour quelque chose qu'il n' a pas fait, l'article de Florence Aubenas laisse songeur sur ces expatriés (j'en ai rencontré un certain nombre ailleurs pour des raisons professionnelles) qui vivent dans leur bulle dorée, et cherchent richesse et mode de vie bling bling parce que la France est trop étroite, pas assez dynamique etc etc.... ignorant superbement les réalités des locaux qui crèvent de faim la gueule ouverte et cautionnent de fait cette terrible inégalité sociale, pour ne pas dire qu'ils y participent. de temps en temps, quand ils sont victimes à leur tour (et ça arrive rarement ils sont toujours protégés) du monde réel dans lequel ils ont choisi de vivre en l'ignorant ,on a envie de leur dire "bienvenue au club". oui, voila la réalité dans laquelle vivent des millions de personnes au Mexique, et visiblement jusqu'à ce qu'elle soit victime à son tour, ça ne l'avait pas empêché de vivre. il est pourtant facile de s'informer... 24/02/2011 09:59 Par julio Merci Julio pour votre témoignage. Il réveille chez moi des souvenirs qui peuvent expliquer un certain apriori négatif envers Florence Cassez.J’ai vécu deux ans en Afrique noire. Un an avant et un an après l’indépendance de l’AOF. J’étais chargé par les responsables parisiens des « Scouts de France » de créer des instances qui rendraient le scoutisme africain indépendant de celui de la métropole.Les « Scouts de France » étaient un mouvement de jeunesse catholique. J’ai, en débarquant, porté ma lettre de créance à l’archevêque de Dakar, un certain Monseigneur Lefèvre.Et j’ai découvert avec stupeur la réalité de la présence française dans les huit territoires. La plupart, pas tous bien sûr, des colons vivaient entre eux, très confortablement, en des cercles fermés. Ils étaient venus là pour « faire du CFA » (un franc CFA valait deux francs métropolitains) et, bien qu’ayant sous les yeux les conditions de vie misérables de la majorité des populations, ils ne s’en étonnaient pas, puisque pour eux, il s’agissait de sous-hommes.Je me suis lié d’amitié avec un petit abbé, Thiandoum, qui devait devenir archevêque de Dakar. Il m’a raconté des choses horribles qui n’avaient rien à voir avec l’évangélisation. J’ai connu un journaliste honnête, un, Ernest Milcent, dont les écrits n’encensaient pas systématiquement le Pouvoir en place.J’ai compris ce que colonisation veut dire, et moi, jeune idéaliste bêta, échaudé, suis vite retourné au pays dont je connaissais mieux les codes.Alors quand je vois des tas de gens, dont celui qui siège tout en haut du tas, prendre la défense d’une jeune femme ambitieuse, qui aime le pouvoir, ainsi que Florence Aubenas la décrit :
Florence comptait prouver à tout le monde qu'elle pouvait « arriver au top par la seule force de sa volonté». D'Amiens à Calais, elle avait grimpé en courant les échelons dans la vente, jusqu'à ce qu'un chasseur de têtes lui propose un poste, comme dans ses rêves : chef du département bijoux et lingerie dans une chaîne de vêtements à Dunkerque. Quelques mois plus tard, quand la responsable de secteur la licencie, elle aurait préféré - et de loin - qu'on lui annonce une maladie incurable. A la prison de Tepepan, district fédéral de Mexico, elle en suffoque encore de rage : « Virée ? Moi ? C'était insupportable. J'en ai pleuré toute la nuit. »
…je suis pris de doute.Je n’y lis pas le portait d’une « Mère Térésa », et j’hésite à prendre la défense de quelqu’un qui me rappelle trop ce milieu colonial qui vit aux dépens d’un peuple misérable.Florence Cassez est-elle l’innocente jeune femme pour laquelle des foules s’enflamment ?
Est-elle la pure victime d’un système corrompu ?
Ou femme sans scrupule qui « veut grimper en courant les échelons » ?
Quelle que soit la réponse, même si les autochtones n’aiment pas les immigrés, (sont-ils les seuls ?), rien ne justifie qu’on essaie de monter deux peuples l’un contre l’autre. Même si la peur de l’étranger est payante en période électorale, quel que soit le pays.