Je ne sais pas quel sera le vote des personnes âgées, comme moi qui ai 90 ans. Mais le fait d’avoir eu un père « dragon à cheval » qui a participé aux horreurs de 14/18, ce qui lui a valu comme tant d’autres la « croix de guerre » ce jour d’élection est béni. Mais comme toute cette génération, mon père a eu du mal à oublier la « haine du boche » et il l’a communiquée à ses enfants. J’ai vécu une partie de mon enfance dans un petit village lorrain, Badonviller, qui a été considéré comme village/martyr et, dont la salle paroissiale, ne cessait de représenter les combats de tranchée, si impressionnants pour l’enfant que j’étais, si bien que j’ai mal compris, à 10 ans, la joie des soldats français heureux, monter au front, boulevard Emile zola, à Laxou, comme on va en vacances. Puis, les combats d’Azerailles, de Flin, les fermes brulées, les copains, tout jeunes mobilisés avec lesquels je jouais la veille et que je découvrais au petit matin, encore cramponnés à leur mitrailleuse, morts, les yeux figés d’étonnement. Et ce n’était que le début d’une fin de liberté sous la botte nazie, difficile à imaginer encore aujourd’hui. Une horreur comme l’humanité n’en avait jamais connue.
Si bien qu’adolescent je m’engageai chez les paras, au cas où, puis, jeune père, éprouvai la haine de la guerre et accueilli comme une bénédiction les premiers pas d’une Europe balbutiante.
Et au jour d’hui, nous devons, citoyens de l’Europe, nous prononcer sur les orientations de cette belle idée. Certains la veulent essentiellement marchande et mercantile. Comme si l’argent était la seule valeur qui compte dans la vie. Une Europe qui favorise la Haute finance, celles des riches toujours plus riches, et le mépris des pauvres. D’autres désirent une Europe généreuse, celle du partage, de la solidarité.
Pour ma part, si les idées de Gauche ont du mal à s’imposer tant les combats de chefs viennent polluer le débat, je voterai quand même « Le printemps européen » de Benoît Hamon, me souvenant de son programme de campagne présidentielle prônant entre autre « le revenu universel » qui aurait satisfait les plus démunis et évité le salutaire sursaut des gilets jaunes. Là est l’Europe de la sagesse, celle du peuple.