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Billet de blog 27 février 2011

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Amateur de polars

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Amateur de polars, je sors d’une éblouissante série de trois histoires, La trilogie berlinoise, de Philip Kerr.

Eblouissante série ? Oui, de par le style, de par l’humour, de par la culture, de par l’imagination. Et je crois que même des historiens, spécialistes du nazisme, se joindraient à moi pour en recommander la lecture.

Moi qui ai vécu, enfant puis adolescent, la période décrite dans cette trilogie et qui, très concerné, me suis bien sûr documenté, je n’avais jamais partagé l’intimité de dignitaires nazis comme ces romans en ont retracé l’ambiance. J’ai mieux compris comment des hommes intelligents mais pétris d’ambitions et d’orgueil, mortifiés d’avoir été humiliés par une défaite, pour eux injustifiée, ont pu adhérer si facilement à des idées de pureté aryenne, de supériorité, et donc de mépris et de haine pour les races dites inférieures, le juif, le bâtard. Je crois avoir mieux compris les raisons qui ont poussé un peuple presqu’entier, à se laisser fasciner par une idéologie nauséabonde.

J’ai aussi, à travers les noms de rues, de monuments, de personnages, retrouvé les sonorités de cette si belle langue qu’est l’allemand, et la beauté des quelques régions que j’avais parcourues.

Le personnage de Bernie, de son nom Bernhard Gunther, policier si scrupuleux qu’il devient un « privé » a tellement bien su cacher son jeu que j’ai découvert avec surprise que son père, l’auteur, Philip Kerr, était écossais !

Ce que j’écris ici se justifie par mon désir de partager le plaisir que j’ai eu avec des amateurs de polars, ou tout simplement de bonne littérature, mais je le fais aussi parce que, au moment même où je lisais ces histoires, et où je tape ces mots, des personnes, pour de vrai, risquaient, et risquent encore leur vie en combattant des dictatures, en revendiquant le droit à la liberté.

J’écris aussi ces mots parce que je viens d’entendre le président de la République annoncer comme n’étant que nécessité technique banale un remaniement ministériel.

Pas un mot sur le fait qu’une Alliot-Marie & mari, a mélangé sans y voir le signe d’une incompétence et d’une indélicatesse insigne, pour ne pas dire une muflerie, vie politique et vie personnelle et qu’elle est renvoyée pour cette raison.

Le président s’est bien gardé aussi de dire qu’il se débarrassait d’un ami devenu encombrant, Brice Hortefeu, condamné pour injure raciale.

Le président s’est aussi bien gardé de rappeler que si, aujourd’hui il reconnaît le bienfondé des révolutions qui secouent le monde arabe, il a, lui, flatté et soutenu en leurs vendant des armes, les dictateurs combattus. Il a accueilli à bras ouverts un Kadhafi, pour ne citer que cet exemple révoltant. Que valent les nobles idées entre trafiquants d’armes ?

Et puis, si je recommande aussi la lecture de la trilogie berlinoise, c’est non seulement pour son intérêt littéraire, mais parce qu’elle rappelle comment, en exploitant la xénophobie qui sommeille en chacun, des meneurs ont su transformer la planète en charnier, pervertir le cœur de millions d’humains.

Et enfin, la honteuse compétition qui saisit l’UMP pour tenter de conserver ses électeurs et de contrer l’influence grandissante du Front National, en attisant la peur de l’étranger et la haine de l’arabe, voire du juif (cf Christian Jacob / DSK) laisse l’impression de déjà vu, celles des années 30.

Pour le plaisir, mais aussi pour le souvenir, et par prévention, ça vaut le coup de lire « la trilogie berlinoise ».I

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