jean-marie charron (avatar)

jean-marie charron

retraité

Abonné·e de Mediapart

993 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 février 2017

jean-marie charron (avatar)

jean-marie charron

retraité

Abonné·e de Mediapart

Le journal d’un frontiste le 12 janvier 2057

jean-marie charron (avatar)

jean-marie charron

retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jamais je n’ai tant rêvé. Pourtant, si j’en crois les spécialistes, nous rêvons toutes les nuits. Ce serait une activité vitale qui traite en permanence nos multiples problèmes. Mais en général, au moment du réveil, ces rêves sont rangés dans un coffre cadenassé pour n’en être extirpés  qu’en cas de nécessité. Ce qui semble m’arriver aujourd’hui, car cette nuit, je fis ce rêve inédit :

J’étais adolescent. J’avais chaud et partageais mon lit avec quelqu’un. Qui ? En tous cas pas une femme ! Ni un animal. Alors disons un copain. Qui ne cessait de bouger. Agitation qui tourna en bagarre et provoqua chez moi une surprenante érection qui me sortit du sommeil. J’étais trempé ! Des années que ce genre de phénomène ne s’était produit !

Puis, je me souvins d’un fait de jeunesse :

J’étais en troisième, dans la si belle mais austère chartreuse où j’ai fait mon secondaire sous la férule de religieux. Ça ne rigolait pas : Un fou-rire en salle d’études et on se retrouvait ‘collé’, ce qui consistait à être enfermé dans un grenier avec de l’eau, du pain, du fromage, un bout de saucisson et comme dessert, version et thème grecs à traduire avant la fin du week-end. Pendant ce temps-là, les autres se payaient foot, ping-pong, télé et glace.

Je ne sais plus quelle peccadille  nous avions accomplie, mais je me retrouvais avec un copain dans la sous-pente qui servait de prison et que la canicule transformait en étuve. Nous étions en short et avions tombé la chemise. C’est alors que nous rencontrâmes le mot ’gumnos’, qui en grec signifie ‘nu’. Nous qui transpirions, ce mot nous inspira. Nous nous retrouvâmes subitement tout nus, face à face, surpris, vaguement gênés, rigolards par contenance. Soudain nous nous jetâmes l’un sur l’autre, sans doute pour habiller nos traductions  d’une authenticité toute hellène. Ce corps à corps fut génial et se prolongea. Nous étions gluants de sueur, toutes les prises étaient permises, même celles en dessous d’une ceinture que nous n’avions plus. Et que je te renverse, et qu’il me chevauche, et que de mes fesses j’écrase sa figure, et qu’il m’arrache l’oreille ! Et vice et versa !

Soudain, le Roi Soleil convoqua les Grandes Eaux de Versailles : assises sur leurs talons, deux statues de bronze, face à face, brandissaient vers le ciel un gros bâton noueux d’où jaillirent deux traits d’ambre qui transpercèrent l’autre et les firent s’écrouler.

Epuisés sur nos paillasses et heureux comme jamais.

Puis nous entendîmes un bruit venant de nulle part. Un claquement de porte, une fuite éperdue ? Nous nous précipitâmes vers la lucarne qui donnait sur la cour d’honneur. Et nous vîmes filer comme un rat la silhouette noire du bon père Wéber, préfet de discipline ! On le disait pédophile.  Moi j’ai pensé, voyeur. Pour notre grand bonheur. Nous comprîmes alors la cause et le dispositif de notre punition. Nous découvrîmes une planchette coulissante dans une paroi de bois. « Que Dieu vous pardonne,  mon père, mais foutez-nous la paix ! »

Venait de sortir de mon coffre à secrets un souvenir soigneusement refoulé. Un trésor.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.