Sans doute comme beaucoup de mes concitoyens, j’attendais avec impatience cette journée qui devait me permettre de connaître le rapport des forces politiques dans le contexte des élections cantonales.La première remarque qui s’impose est celle du fort taux d’abstention. 54 % ! C’est énorme. J’ai lu quelques interprétations de ce chiffre. Certains commentateurs en attribuent la responsabilité soit aux politiques qui donnent une piètre image de leur fonction, incompétence, malhonnêteté…soit aux citoyens, veules, égoïstes, amoraux.Peut-être ont-ils en partie raison, mais il me semble que la véritable cause de cette désaffection est le sentiment que ce genre d’élection est un attrape-nigaud dans la mesure où l’on désigne des gens dont les pouvoirs sont très limités, pour ne pas dire inexistants. Car si j’ai bien compris, l’avis du Conseil Général est consultatif, alors que le véritable pouvoir de décision appartient au préfet, et que le Conseil Général ne fait guère que superviser de loin la maintenance des besoins vitaux et quotidiens du département assurée de fait par du personnel fonctionnaire, professionnel, bénévole.... A ces derniers revient de gérer la pénurie, car les budgets alloués accordés par l’Etat sont généralement insuffisants, la politique politicienne s’exerçant à ce niveau. Autrement dit, pour moi, mais je peux me tromper, la fonction de Conseiller général est plus honorifique que fonctionnelle, servant surtout, comme on le constate aujourd’hui dans les commentaires, à mesurer assez finement le rapport de force entre les différents partis. Autrement dit, est masqué le but réel d’une telle opération. On feint de vous demander l’heure alors que ce que l’on veut connaître c’est la qualité de la tessiture de votre voix.Alors, ou l’on vote pour telle personne à laquelle on accorde un crédit qu’elle n’a pas, ou l’on accepte de cautionner l’étalonnage des partis, ou l’on refuse d’être dupe et l’on s’abstient.Voilà ce qui peut expliquer les 54 % d’abstention.Autrement dit, pour moi, mais je peux me tromper, cette élection, telle qu’elle se présente, est une vaste fumisterie. 1. Elle donne à des personnes l’occasion de sortir de la masse en annonçant leur couleur politique, mais elle leur fait croire qu’elles vont pouvoir améliorer le sort de leurs compatriotes, alors que si ça se fait, elles n’y sont pas pour grand-chose : les murs du collège seront ravalés, mais l’enseignement qui dépend du national ne cessera de se détériorer. 2. Elle donne aux votants l’illusion de participer à l’orientation des actions de son département, qui, elles, dépendent avant tout du préfet, c'est-à-dire du gouvernement.3. Mais elle donne aux citoyens et aux politiques l’occasion de lire assez finement la répartition des forces entre deux consultations.Ceci dit j’avais voté lors de cette élection cantonale.Une telle élection offre aussi l’occasion d’assister à de curieux phénomènes : ainsi on tente de culpabiliser les abstentionnistes en leur collant l’étiquette de mauvais citoyens, d’irresponsables, et quand certains ont le courage et de se déplacer, et de mettre dans l’urne un bulletin dont la couleur ne plait pas à certains bien-pensants, le bulletin du FN par exemple, (et qui n’est pas du tout mon option), ils se font insulter et traiter de « gros cons » par Sophia Azam sur France Inter. Je renverrais à cette dame la sage réponse des enfants : « C’est çui qui dit qui est ! »N’empêche que, même si cet indicateur que sont ces élections cantonales, ne peut se copier/coller à l’élection présidentielle, il est un précieux encouragement pour nous autres, gens de gauche.L’espoir de sortir enfin de la politique négative qui enferme actuellement la France trouve aujourd’hui l’occasion de s’épanouir. C’est, à mes yeux, l’utilité essentielle de l’organisation de cette élection.
Billet de blog 28 mars 2011
Ce 27 mars
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