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Billet de blog 29 décembre 2018

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Que de gâchis !

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« Le Monde » nous à offert ce 28 décembre 2018 un supplément de quatre feuilles intitulé « VOIR LE COSMOS » et signé, à un article près, par Pierre Barthélémy.

Une merveille !

Ayant eu le privilège d’étudier le grec ancien durant six ou sept années j’ai retrouvé dans cet article, à bientôt quatre vingt dix ans, quelques noms prestigieux et souvenirs émouvants. Après pas mal de petits boulots qui m’ont donné accès à des mondes étonnants, et souvent apparemment très inintéressants, j’ai découvert combien cette rencontre avec les grecs anciens avait enrichi, y compris aujourd’hui, chaque instant de ma vie.

Terminant la lecture de ces trois immenses pages, les seuls mots qui me sont venus furent : Quel gâchis !

Quel gâchis ! Car comment se fait-il que ces quelques traits de lumière fignolés dans une apparente solitude par ce journaliste révèlent quelques uns de ces trésors qui remplissent une vie, qui la comblent, qui fait se hâter vers un lendemain pétillant d’autres découvertes. Ceux dont les enfants vivent cet état de passion permanente savent sans le proclamer que là est l’élite, celle du savoir, non celle de l’avoir, du clinquant, de la frime. Une nation lourde de cette pseudo-élite, celle d’un savoir délité, mercantile, ne peut vivre cette situation qu’en tant que parasites, de ceux qui sucent la sève de l’arbre nourricier, qui évitent  l’ISF.

Mais restent les millions de « laissés pour compte », ces bandes de jeunes gens errants comme des chiens fous dans une vie sans espoir, inaccessibles à toute passion, si ce n’est celle d’entretenir les frissons de la mort.

Des milliers d’experts pondent des discours savants, histoire de se faire une place. Pour moi, j’en ai retenu un, celui d’une amie morte bien trop tôt, en 1982, Geneviève Latreille. Elle avait présenté sa thèse de psychosociologie à partir de la Drôme, qui, à l’époque était considéré comme  le département représentant le plus fidèle échantillon statistique de la France. Le titre de la thèse : « La naissance des métiers en France. 1950/--1975. Etude psychosociologique ». Un des points de sa recherche qui m’avait marqué était le poids du regard de la famille sur le futur métier des enfants. Ainsi un enfant de famille modeste reconnu comme très intelligent n’avait pratiquement aucune chance de devenir médecin alors qu’un enfant de médecin, niveau cancre, deviendra effectivement médecin, cette profession lui revenant de droit (divin ?). Pourtant, dans le milieu modeste, aucune loi explicite ne contraint l’enfant si ce n’est que « il ne faut pas péter plus haut que son cul ». Il semble bien que l’assassinat du « petit Grégory » soit la conséquence de la promotion du père devenu contremaître et traitre à la caste ouvrière du clan.

C’est pourquoi la saine colère des gilets jaunes finit par exploser. Mais si les politiques et le reste de la population est en partie responsable de leur misère, je pense qu’eux-mêmes y sont largement pour quelque chose. L’immense mépris de ces « petits » pour ceux qu’ils considèrent comme « les grands (pourris) » exprime la rancœur accumulée depuis des générations et le confort et la jouissance d’appartenir à la classe des gueux. Attribuer leur misère aux autres, c’est attendre de ces autres la solution, autrement dire s’écraser là encore et interdire à leur progéniture l’accès à un certain confort, ce qui serait les trahir. Ce serait s’enfermer dans un cercle vicieux qui est de savoir qui est le plus à mépriser, et à détruire.

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