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Billet de blog 9 février 2017

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Macron n'a pas de programme, il revendique uniquement un PROOOOOOOOOOJEEEEET..

Ils détournent le sens des mots... ils dévoient les valeurs... Ils pervertissent les plus belles inventions émancipatrices... Macron est leur gourou...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La notion de projet a été conçue, conceptualisée au sein de l'éducation populaire.

A son origine, le projet était un moyen permettant l'émancipation, le développement de l'autonomie , la citoyenneté... Pour exemple, la pédagogie de projet a découlé de cette idée.

Cette pédagogie consiste pour l'éducateur, le formateur, à faire émerger le projet d'une personne ou d'un groupe et de lui (leur) permettre de le réaliser en  accompagnant, en étant facilitateur, en aidant à trouver les moyens de la réussite, en formant, en éduquant...

Pour l'éducateur, le formateur, lorsque le projet émane de la personne, il y a un changement définitif de posture... Il n'essaye plus de motiver sans cesse et par tous les moyens la personne à apprendre ce que lui-même avait décidé qu'elle devait apprendre, mais il accompagne la motivation de la personne à réussir son projet personnel, en lui permettant d'acquérir au bon moment les apprentissages et les savoirs nécessaires à sa poursuite jusqu'à la réussite (réussite que seule la personne qui a conduit son propre projet est en mesure de déclarer)

Cette idée de projet  ! ! !   Un bonheur pour les managers incapables de motiver leurs équipes autrement que par le stress ou par le mérite ou par la menace ou par le paternalisme  ! ! !

Faire croire aux salariés qu'ils ont un projet émancipateur  ! ! !  Géniale comme idée ! ! !  Ils ont donc perverti cette belle notion de projet et en ont foutue dans tous les centres de profit capitalistes (heu pardon, dans toutes les entreprises).

Ils ont commencé à utiliser et à pervertir le  vocabulaire de l'éducation populaire...comme il le font pour tant d'autres choses (plan social, plan de sauvegarde de l'emploi,  traduire licenciement etc....)

ENFOIRES  ! ! !

C'est ainsi par exemple qu'ils ont parlé de Management Participatif (pour la citoyenneté dans l'entreprise sûrement... alors qu'ils vomissent les syndicats, les délégués du personnel, etc...), puis ils ont commencé à introduire, le travail par projets, en dissimulant leurs maladifs et obsessionels objectifs (faire toujours plus de profits,  rendre chaque salarié toujours plus efficace, productif, soumis et peu coûteux) justement derrière chaque projet. Puis ils ont parlé d'équipe. 

Ce travail par projet consiste en fait uniquement à faire croire aux salariés qu'ils ont:

- un projet individuel ou commun

- un projet qu'ils ont choisi et qui leur appartient donc

- un projet leur permettant d'être reconnus en tant que personne au sein de l'équipe projet ainsi constituée

La réalité, c'est que ce projet ne sera jamais le leur, au sens du projet émancipateur de l'éducation nouvelle, et que "l'équipe projet" dont les managers parlent n'est en fait pas une "équipe/projet" mais seulement un "groupe/tâches". On rassemble des salariés et ils doivent réaliser des tâches pour la production d'un objet (dans tous les sens du terme) commun. Cela n'a rien à voir avec une équipe au sens de l'éducation populaire puisque équipe, il y a, lorsque des personnes porteuses de valeurs communes décident sans contrainte de se constituer en équipe afin de réaliser leur projet collectif et librement conçu ou choisi..

Pour les salariés, puisque c'est "leur" projet", ils sont censés tout mettre en oeuvre pour en atteindre les objectifs, avec une motivation sans faille, sans compter leur temps (comme lorsqu'un enfant a conçu le projet de se fabriquer un cerf-volant, il ne lâchera plus l'affaire jusqu'à ce que le cerf volant vole)...

La notion de projet récupérée par ce monde pourri de l'entreprise moderne et Macronienne, a permis d'introduire dans le travail de chaque salarié une forme "d'auto exploitation inconciente". La logique en est géniale et abominable... je vous la livre....

Ils ont réussi à transformer "exploitation" en "motivation" dans l'esprit des salariés. La mesure de cette motivation par le manager s'effectue d'ailleurs souvent en comptabilisant les heures de travail supplémentaire non rémunéré. Ne trouve-t-on pas dans les comptes rendus des entretiens annuels conduits par ces managers des commentaires du type:

"Salarié très motivé, salarié très volontaire"...  pour passer ensuite du volontariat au bénévolat, il n'y a plus vraiment d'obstacle. 

Plus le salarié est motivé pour le projet, plus il va s'auto-exploiter... le manager (en ancien français: le petit chef) n'a même plus besoin d'intervenir, il a juste à se consacrer à réfléchir au prochain projet ... 

Le manager  va également accompagner les salariés tout au long du projet comme dans la pédagogie de projet, en apportant des éléments de remotivation (par exemple: mettre à nu chaque salarié devant tout le monde en lui demandant pourquoi, il ne réussit pas aussi bien que ces coéquipiers ces derniers temps, toujours avec un sourire Macronien bien entendu...en mettant les salariés en compétition pour le gain d'un cadeau bidon, en emmenant l'équipe de salariés pendant leurs congés pratiquer une activité de daube ou de beauf). 

Cette notion de projet, dévoyée à outrance comme celle qui est portée par Macron, est le ressort principal de "l'économie dite collaborative" une jolie formule pour ne pas dire Ubérisation... On peut mesurer là encore  toute la perversité du détournement du sens initial des mots...

Collaborer c'est agir ensemble pour le bien de tous et de chacun. Une économie collaborative devrait donc permettre cela... Des échanges, des collaborations, des solidarités...or les collaborateurs type Uber etc... sont seuls, désespérément seuls... tout le temps... ils ne sont salariés de personne... ils ne sont contrôlables par rien... ils ne peuvent être protégés par rien... Ils ne peuvent bénéficier d'aucune solidarité... Ils ne peuvent lutter contre personne... Ce sont des salariés du néant... 

La collaboration ne concerne en fait que les consommateurs des services vendus par ces salariés du néant. Les consommateurs collaborent pour pouvoir payer le moins possible...

Ces salariés du néant ont un projet individualiste à conduire consistant à "survivre" , en décidant eux-même de leur propre exploitation au plus grand bénéfice financier de Uber qui n'est pas leur patron mais qui les manage virtuellement...

"vouloir survivre" ça peut motiver même la dernière des feignasses parfois non ?

Cela ne vous rappelle rien....

Macron n'a pas de programme... Il a un projet pour nous...

Il veut une France du projet ! ! !

SOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON

PROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOJEEEEEEEEEEEEET ! ! ! 

 J'espère que vous comprenez pourquoi...

Il veut faire de nous des citoyens du néant

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