Les derniers événements survenus lors de la fête des Travailleurs, le 1er mai 2019, ont causé l’effroi parmi toutes les personnes attachées aux valeurs de la République et à l’état de droit. Un ministre de l’Intérieur a trompé sciemment la population en diffusant des fakenews. De nombreux observateurs avaient constaté, durant les dix dernières années (les ministres de l’Intérieur étaient Bernard Cazeneuve puis Christophe Castaner), un durcissement des actions de répression des forces de l’ordre avec, en réplique, l’apparition des black blocs. Les associations de défense des Droits de l’Homme se sont émues de la loi « anticasseurs » votée en mars 2019, et des restrictions qu’elle impose aux droits des citoyens. Pourtant, les autorités administratives et judiciaires rechignent à saisir l’IGPN pour mener des enquêtes de contrôle de l’action policière, il faut des vidéos montrant des actions particulièrement scandaleuses pour que des saisines se déclenchent. Ainsi, s’il n’y avait eu des documents audiovisuels rendus publics, le ministre de l’Intérieur aurait pu continuer à accréditer l’idée que les manifestants attaquaient « en bande organisée » un hôpital. Quand on sait que, parmi les 776 signalements de violences policières dénombrés depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes par David Dufresne (établis le 05/05/2019), 101 concernent des journalistes, on ne peut que s’inquiéter de cette dérive. Si, demain, les photos et vidéos ne sont plus là pour forcer les autorités à effectuer un contrôle des forces de l’ordre, aurons-nous encore une police républicaine ? Christophe Castaner, si prompt à dénoncer les exactions de certains manifestants est resté silencieux sur les violences policières exercées depuis des mois, que ce soit lors des manifestations politiques et syndicales, ou lors de contrôles « musclés » auprès de certaines populations. Une plainte vient d’être déposée par une jeune femme, à Marseille, contre des agents des forces de l’ordre pour « tentative d’homicide » (Le Monde 04/05/2019), tandis que le Collectif des 34 dénonce des « violences » et des « abus de pouvoir » lors de leur garde à vue à la suite de leur arrestation à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Ces événements surviennent après que des experts des Droits de l’Homme ont déclaré le 14 février 2019 : « Le droit de manifester en France a été restreint de manière disproportionnée lors des manifestations récentes des ‘gilets jaunes’ et les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés » ; ils confirment ainsi ce triste diagnostic. Force est donc de constater que le ministre de l’intérieur actuel n’est plus le garant de l’ordre républicain. Cette grave situation demande une remise en cause sérieuse, de la part du gouvernement, de la façon dont il traite les libertés publiques, le droit d’informer, et son contrôle des agissements des forces de l’ordre.
Billet de blog 9 mai 2019
Avons-nous encore une police républicaine ?
L'ampleur des bavures policières, le mensonge d'État du ministre de l'Intérieur, et l'atonie du gouvernement Macron à ce sujet, nous font craindre que l'ordre démocratique républicain soit en péril.
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