Tu m'as dit:
Notre histoire
a commencé
comme une faute de frappe
sur ton ordinateur
qui a donné envie à la fureur
de vivre une fabuleuse
histoire d'amour.
Je suis resté circonspect
voir même un peu suspect
face à ton immense respect
et à ce naissant secret.
J'ai pris ma faute de frappe
pour une simple erreur de script.
Mais c'est moi qui faisait
une grave erreur de jugement.
Car de la faute de frappe
est née ce bouleversement
du monde et de nos consciences.
Comment, comment donc ce k
qui n'avait jamais connu
la reconnaissance du peuple
pouvait-il faire peuple
dans ce temps révolutionnaire?
Comment, comment donc ce k
pouvait-il soudainement
faire corps avec le monde
et s'intégrer à la légende
de l'Humanité?
C'était l'autre jour.
K est entré sur la scène
par inadvertance sociale.
J'ai d'abord voulu le chasser
de ma mémoire et de l'ordre
de mon écriture.
Mais tu m'as dit de le garder
parce qu'il allait donner
le nom à cette révolution
et qu'alors il deviendrait
immensément important
pour toi et pour moi.
J'ai regardé k sur la page.
Il avait une certaine gueule de métèque.
Je voulais l'honorer en majuscule
mais tu m'as chuchoté
qu'il n'était qu'une minuscule,
qu'il était plus honnête en minuscule,
qu'il participait
d'un élément de construction,
d'une pierre à l'édifice
parmi la révolution en cours,
et qu'il voulait rester anonyme
parmi les anonymes
tout en donnant l'inspiration
aux gens
malgré sa faute de frappe.
C'est comme cela que k
a fait irruption sur la scène
et a permis de faire Volk,
prononcé folk,
mais qui signifie peuple
en Allemand.
C'est comme cela que k
a mis en route la musique
et qu'elle ne s'est plus arrêtée.
C'est comme cela
que nous avons passé
de révolution à
RéVolkution
R comme révolution
V comme victoire
et k comme faute de frappe
et force de frappe.
On était loin, très loin,
des nuits nazies.
Nous étions dans les Nuits Debout.
Et on allait vivre
la RéVolkution
avec Franz Kafka
dans la mémoire de nos coeurs.