Jean-Marie Matagne

Abonné·e de Mediapart

162 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 juin 2025

Jean-Marie Matagne

Abonné·e de Mediapart

Guerre Israël-Iran : le fruit d'une folie sans fin

Jean-Marie Matagne

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Publié le 13 juin 2025

Voilà près de 20 ans que « l’option militaire » démangeait Israël, qui faillit bien la faire adopter par son allié américain en 2007, comme l’atteste l’Appel aux Européens : Empêchons la guerre contre l’Iran lancé dans Libération du 16 novembre 2007 par Michel Rocard, Yehuda Ataï et Jean-Marie Matagne.

La guerre alors imminente contre l’Iran fut éloignée d’abord par la mobilisation sans précédent de la société américaine, militaires compris, puis par l’élection en novembre 2008 de Barack Obama, qui avait mis au cœur de sa campagne présidentielle la volonté d’instaurer "un monde sans armes nucléaires". Mais cette volonté brillamment affirmée dans son discours de Prague du 5 avril 2009 et couronnée par la signature du traité New Start le 8 avril 2010, s’est enlisée par la suite du fait notamment de l’énorme puissance du lobby militaro-industriel états-unien.

Actuellement, autant qu’on sache, plus de 9 500 armes nucléaires et thermo-nucléaires, capables d’anéantir au moins trois fois les huit milliards d’êtres humains, sont disponibles dans le monde, dont quelque 3 900 prêtes à partir immédiatement. L’administration Trump programme d’augmenter de près de 30% en 2026 le budget alloué aux seules têtes nucléaires, en le faisant passer de 19,3 à 26,85 milliards de dollars, sur un budget militaire global qui atteindra les 1000 milliards de dollars. Les autres Etats dotés d’armes nucléaires, dont la France, augmentent eux aussi tous leurs budgets militaires et nucléaires.

Dans ce contexte de surarmement général, l’offensive préparée de longue date qu’Israël vient de lancer contre l’Iran avec pour objectif déclaré d’empêcher son accès à l’arme nucléaire et pour effet immédiat de torpiller les discussions prévues ce dimanche entre les Etats-Unis et l’Iran, alors qu’elles visaient le même objectif mais par la voie diplomatique, confirme une fois de plus que les armes nucléaires n’évitent pas la guerre mais la provoquent et ne font qu’entretenir et aggraver l’insécurité mondiale.

Il est difficile de prévoir quelle sera l’issue de cette aventure. Mais comme l’écrivaient en 2007 les auteurs de l’Appel aux Européens, « ce n’est pas en cherchant à vendre partout, sauf à l’Iran, de la technologie nucléaire, qu’on le convaincra de renoncer à cette technologie. Ce n’est pas en conservant et en modernisant leurs propres armes nucléaires comme le font les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne (outre la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan et Israël), qu’on pourra exiger de l’Iran qu’il y renonce. Et ce n’est pas en continuant à bafouer l’article VI du Traité de Non-Prolifération que les Etats dotés d’armes nucléaires peuvent exiger quoi que ce soit des autres Etats signataires du TNP, Iran compris. Non-prolifération et désarmement nucléaires vont de pair. Il est urgent de l’admettre. »

L’urgence est encore plus flagrante aujourd’hui, alors que deux puissances dotées d’armes nucléaires puisent dans la possession de ces armes les motifs de mener des guerres inexpiables et de piétiner le droit international - la Russie en Ukraine, Israël en Palestine et au Moyen-Orient. Six Français sur dix en ont conscience et continuent à vouloir que la France prenne l’initiative de négociations en vue d’abolir ces armes (Sondage IFOP-ACDN de mars 2025).

Mais notre chef d’Etat, nos dirigeants et nos parlementaires sont-ils seulement capables de percevoir cette évidence et d’agir en conséquence ? Vont-ils enfin permettre au peuple français de donner son avis ? Toute la question est là.

ACDN appelle une fois de plus les députés et sénateurs à signer une Proposition de Loi visant à soumettre cette question à un référendum d’initiative partagée, et les citoyens à l’exiger de leurs représentants au Parlement.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.