
En présentant hier soir à Rennes son programme d’action pour la première année de son mandat s’il est élu, François Hollande a passé quelques minutes à expliquer à son auditoire les attaques dont il allait être l’objet de la part de la droite : “ Attention, la Gauche revient, elle va vider les caisses (…). Attention, la Gauche, si elle revient, va augmenter la dette (…). La Gauche va dégrader la compétitivité ”, rappelant à chaque fois que le mal était déjà fait.
Pile dans le mille ! Bon, il faut tout de même avouer que ce n’était tout de même pas si compliqué que cela à deviner et que même une Elisabeth Tessier en petite forme aurait pu y arriver.
Comme à chaque fois dans l’histoire politique française que la gauche “menace” de prendre le pouvoir, c’est le même épouvantail de son incapacité à gérer qui est brandi par le parti conservateur. Les réactions de ce matin en provenance l’UMP montrent que ce mot “conservateur” appliqué au parti de droite n’est pas galvaudé : lorsqu’il a trouvé un argument, il le conserve…
La consigne d’attaquer donnée par le chef, le tir est nourri et les munitions sont fabriquées à partir d’un seul matériau, les éléments de langage fournis par l’Elysée. Il s’agit cette fois d’agiter la menace d’une France pouvant devenir la Grèce si le candidat socialiste l’emporte. On dit souvent que le conservateur a une propension naturelle à l’ordre davantage qu’à l’originalité. C’est confirmé.
Pour Jean-François Copé, le patron de l’UMP, le projet de François Hollande peut conduire notre pays ” à une situation à la grecque “.
Pour Valérie Pécresse, Ministre du Budget, ” le parti socialiste a choisi le modèle grec “.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, ” François Hollande propose un aller-simple vers la Grèce “.
Seul Alain Juppé, certainement grâce à sa longue expérience, parvient à s’écarter un tout petit peu des éléments de langage fournis, en estimant sans prononcer le mot ” Grèce “, même s’il l’a pensé très fort, que si le programme socialiste était appliqué, ne serait-ce que partiellement – c’est dire sa dangerosité ! –, ” la France irait rapidement dans le précipice “.
Les attaques des snipers de l’UMP étant peu de chose sans l’artillerie du Figaro, celui-ci titrait ce matin sur ” l’impossible équation budgétaire du candidat PS ” et, complément logique de son irresponsabilité, sur ” Hollande décidé à lever 50 milliards d’impôts nouveaux “.
Peu importe, que la situation de la Grèce se soit considérablement détériorée sous les gouvernements conservateurs de Kostas Karamanlis et que ce soit le gouvernement socialiste de Georges Papandreou qui a fait la clarté sur la situation réelle et appliqué l’amer potion de la rigueur.
Peu importe que la gauche ne soit plus aux responsabilités de la France depuis dix ans et qu’elle ait quitté le pouvoir en 2002 en laissant des comptes sociaux en bon état – excédent du budget de la sécurité sociale – et un budget de l’Etat dans les clous des critère de Maastricht.
Peu importe que Nicolas Sarkozy ait creusé, en cinq ans de présidence, la dette publique de plus de 600 milliards d’euros et le déficit commercial de 35 milliards d’euros.
Peu importe enfin que François Hollande se situe, conscient de l’état du pays, sur une ligne résolument réaliste et sérieuse.
Non, tout cela n’a pas la moindre importance pour les Copé et consort. Pour cacher son bilan, il ne reste en effet plus à l’UMP que l’aveuglement de la mauvaise foi. Une UMP décidément bien prévisible qu’on a vraiment envie le 22 avril et le 6 mai d’envoyer “se faire voir chez les Grecs”.
http://zeredac.com/2012/04/05/le-don-de-voyance-de-francois-hollande/