« Et si tout était joué ? », titrait hier Le Parisien, préférant en page intérieure analyser « les soupçons de scénario écrit d'avance pour favoriser Dominique Strauss-Kahn ». Le Nouvel Obs annonçait lui mercredi en Une de son nouveau site « DSK - Hollande : la primaire, c'est eux ! », titre d'un article proclamatoire, jugé à juste titre comme un petit concentré des travers du journalisme dit politique.
La machine politique et médiatique est identique à elle-même et ne change pas.
Sans remonter à Mathusalem-Balladur de 1995 ni à la claque du référendum européen de 2005, nous revivons puissance 10 la période qui a précédé l'élection du premier secrétaire de Parti Socialiste en 2008. Sondages au doigt mouillé, presse péremptoire en l'absence totale de débat sur le fond, le paysage était dressé pour nous annoncé l'inéluctable victoire de Bertrand Delanoë. Ainsi Libération se pliait en 12 pour faire l'éloge du très audacieux maire de Paris et ne ratait pas un occasion de descendre en flamme Ségolène Royal. Le Figaro nous sortait ses meilleurs sondages donnant Delanoë gagnant face à Royal :
« 49 % pensent que le maire de Paris sera le prochain premier secrétaire du PS, contre 18 % seulement pour l'ancienne candidate à l'Élysée.»
Cette manière de faire est typique d'une certaine culture politique. Celle où dans le meilleur des cas, on organise des vrais-faux débats, alors que les décisions ont été prises en petit comité bien avant la réunion. Celle où l'on tord le bras de l'adversaire dans les pires manipulations et les pires bassesses, sans aucun respect pour personne, seul comptant le résultat.
Ce faisant mes chers camarades confondent la France avec une salle de meeting que l'on peut « faire » où « défaire ». Et en pensant « faire » la salle, ils en oublient le rôle et la noblesse même de la fonction politique, représenter et convaincre. Cela éclaire aussi la raison du rejet de la politique incarnée par Ségolène Royal, elle qui a réussi à chaque fois à battre le conclave des apparatchiks qui décideraient à la place des électeurs.
Le gros hic face à cette manière de faire ? Ce sont justement les primaires. L'objectif des primaires ouvertes aux Français est justement de redonner la parole, le choix non à un appareil politique relayé par des forces médiatiques puissances mais aux citoyens de ce pays. Et il y a réellement urgence tant l'éloignement de la politique et la désespérance d'une grande partie du peuple français ne présage rien de bon pour le pays et nos enfants.
Il faut lire Claude Bartolone, promoteur de primaires de ratification, de confirmation, expliquer au Parisien qu'il n'y a pas de place au débat puisque « tout le monde est d'accord sur le projet » et que les français ne voudront pas trancher les « problèmes entre socialistes » comme s'il s'agissait d'une simple querelle de cour d'école...
Ce que dénote cette vision des amis de Dominique Strauss-Kahn et de Martine Aubry, c'est un profond manque de respect des électeurs et des citoyens français. La candidature de DSK « serait donc inéluctable ». Le match serait mort Circulez, il n'y a rien à voir.
Mais tout n'oubliez pas de venir ratifier notre pacte de Marrakech ...
Ce manque de respect, cette absence de confiance dans l'intelligence et l'engagement des citoyens ne peut que faire le jeu de l'extrémisme.
Je n'ai jamais été aussi heureux et fier de soutenir Ségolène Royal et sa démarche politique que ces derniers jours. L'organisation des universités populaires participatives comme sa campagne depuis ses débuts en décembre dernier reflètent le respect des citoyens qu'elle a « chevillé au corps ». Propositions sur l'Education en décembre, puis plus récemment en soutien aux enseignants et parents d'élèves, proposition sur l'interdiction des licenciements boursiers inspirée de la jurisprudence Danone-Lu, langage d'humanité et de vérité sur l'immigration illégale, défense de la protection sociale et des classes populaires et moyennes en matière d'impôts et de pouvoir d'achat, etc...
Voici quelques unes des propositions présentées par Ségolène Royal dimanche dernier à C Politique :
Ségolène Royal n'esquive pas le débat et fait de sa pré-campagne présidentielle l'occasion de reconquérir l'électorat populaire, tenté par les extrémisme et qui décidera de l'avenir de France. En témoigne l'invitation qu'elle lance à tous de venir fêter ce dimanche 8 mai les couleurs de la République et les combats de François Mitterrand :
« (...) je vous propose de partager la force de l'actualité de ses combats et de ceux qui continuent à mettre la gauche en mouvement.
Nous le ferons, comme certains l'ont proposé, avec les couleurs républicaines dont chacun doit s'emparer à sa façon, car notre drapeau et notre hymne républicain n'appartiennent pas au front national mais à tous les Français.
D'ailleurs, si la gauche a parfois délaissé le drapeau c'est en raison de l'usage qu'en ont fait, c'est vrai, des mouvements nationalistes. Mais pour nous, il n'y a pas d'opposition entre les drapeaux rouge et tricolore : le mouvement ouvrier et les luttes sociales d'un côté et la Nation de l'autre, ne s'opposent pas, au contraire, ils ont besoin l'un de l'autre. »
Rendez-vous donc dimanche à 16h, dans le 4ème arrondissement de Paris, salle des Blanc-Manteaux autour des combats de François Mitterrand et de nombreux invités !