C’était le bon temps ou je militais pour Charlie Hebdo, recevant dans ma boite aux lettres mon numéro gratuit et une vingtaine de couvertures que je collais chaque semaine en descendant à pied de ma cité Besson jusqu’à Aix en Provence.
Deux kilomètres ou j’emmerdais le bourgeois en lui collant sur sa porte un dessin de Reiser ou de Wolinski.
J’étais fier comme si j’avais fait la révolution, persuadé que j’étais que chaque semaine j’apportais 20 lecteurs supplémentaires à Charlie et que bientôt comme dans la chanson de Ferré « ils ont votés » que je venais de découvrir « dans une France socialiste, je mettrais ces fumiers debout à fumer le scrutin de liste jusqu’au mégot de mon dégoût ».
C’était le bon temps ou monter à Paris en stop pour aller square Montholon me faire offrir un verre de rouge par Cavanna était devenu mon but ultime.
Je l’ai réalisé.
Et aujourd’hui me voilà dans un parti parce qu’une femme politique m’a donné envie (à moi aussi) de coller d’autres affiches.
Quand j’ai vu comme ça serait rude d’imposer cette femme je me suis souvenus de ce que me disait mes copains Trotskistes sur Mitterrand et comme je n’étais pas loin de les rejoindre.
Déjà je n’aimais pas ses grosses lunettes d’écailles et ses incisives, il a bien fait de les faire limer.
Mais un an avant la présidentielle j’étais déjà devenu un partisan.
C’était le bon temps certes, mais je suis bien résolu à revivre ça une fois de plus.
Il faut laisser du temps au temps, c’est ce que fait Ségolène et c’est ce que je fais aussi, tranquille et déterminé.