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Billet de blog 14 avril 2020

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« Stop-Covid » ou « Stop-Macron » ?

Dans le contexte que nous connaissons et si on vous en laissait le choix, laquelle de ces deux applications installeriez-vous prioritairement sur votre smartphone ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avant de commencer la lecture de ce nouveau billet de blague, la rituelle mise en garde qui s’impose sur le caractère volontairement décalé et parfois iconoclaste de mes articles. Lesquels n’ont d’autre prétention que de distraire tout en offrant un angle différent sur les événements du moment comme ceux liés actuellement à la pandémie de coronavirus.

Précisons d’abord qu’aucune de ces deux applications n’existe encore au sens strict. Aucune d’elles n’est donc téléchargeable sur nos smartphones au moment de la rédaction de cet article. Et c’est peut être heureux.

« Ah, s’il suffisait de faire appel à Google Play ou à l’Apple Store pour se débarrasser aisément d’un virus ou révoquer un Président et son gouvernement… ! »

Pour « Stop-Macron » c’est une vraie blague mais pour « Stop-covid » (c’est le nom pressenti !), c’est du sérieux.

Le gouvernement semble y croire. Arc-bouté sur sa communication, cette application lui permettrait de gommer quelque peu son manque de réactivité initiale (pour ne pas parler d’inconséquence criminelle saupoudrée de ridicule).

En effet, selon une nouvelle doxa gouvernementale, abondamment relayée par les médias collaboratifs, notre smartphone pourrait nous sauver de COVID aidé par cette application qui, grâce au génie logiciel, aux technologies du numérique et à l’intelligence artificielle, pallierait au manque de tout (masques, gants, sur-blouses, charlottes, sur-chaussures, tests, traitements, curare, personnel politique et hauts fonctionnaires compétents, civisme, etc).

Personnellement, je ne demanderais qu’à y croire et y contribuerais bien volontiers !

Cependant, deux points en particulier, interrogent :

- Quid de la préservation et de l’intégrité de nos données personnelles ainsi que du respect de nos libertés individuelles.

- Quid surtout de l’efficacité de ce type d’application au regard des sacrifices consentis sur ces libertés (les français ayant déjà largement contribué en dérogeant à celle, fondamentale, de libre circulation, confinement oblige).

La pré-communication gouvernementale se veut rassurante sur ces points et précise que :

  • Cette application ne serait installée que sur la base du volontariat.

  • Elle n’utiliserait pas la géolocalisation et en aucune manière les coordonnées GPS de nos smartphones. Elle s’appuierait plutôt sur la technologie « Bluetooth » présentée comme moins invasive. (mais elle localise tout de même en cas de contamination potentielle !)

  • Les données informatiques qu’elle sauvegarderait, recevrait et/ou émettrait seraient totalement anonymisées. (alors comment retrouver les personnes contaminées si elles sont anonymes ?)

  • Ces données ne seraient conservées que quelques semaines tout au plus (seront-elles, comme nos photos et nos vidéos, stockées dans le « Cloud », ce nuage de l’enfumage puisque à la fois partout et nulle part... ?).

Appuyons-nous sur les propos tenus par le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O :

« ..lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l'un enregistre les références de l'autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique.. Stop Covid n'est qu'une "brique – par ailleurs incertaine – d'une stratégie globale de déconfinement et un outil numérique parmi d'autres dans la lutte contre l'épidémie... »

Une brique ne faisant pas un mur, aucun des éléments précités ne convainc vraiment. Surtout pas le premier...

Sur la base du volontariat :

Si, comme certains instituts de sondage semblent le révéler, cette application n’est adoptée et installée que par une minorité de françaises et de français (moins de 40%), elle risque fort d’être le plus souvent « muette » et inefficace de fait.

Le faible nombre d’applications « Stop-covid » activées, fait que les quelques personnes (« infectées » ou non), volontaires et déclarées, se situeront loin les unes des autres. Il y a donc statiquement peu de chance pour qu’elles se croisent à moins d’un mètre et assez longtemps, en dehors des zones hautement peuplées comme la région parisienne et certaines grandes villes comme Lyon ou Marseille.

Pour information, le protocole « Bluetooth » de nos smartphones semble incapable d’évaluer les distances. Sa portée, de plus de dix mètres, est en tous les cas largement supérieure à la distance dite de sécurité en dessous de laquelle il y a risque de transmission. Et à dix mètres, la probabilité est nulle pour que deux personnes se transmettent le moindre embryon de Covid-19 sauf avec une sarbacane en visant, de préférence, l’œil de son vis à vis ( et à la condition encore qu’il ne porte pas de lunettes) !

De plus, le protocole « Bluetooth » nécessite généralement un appairage manuel des périphériques. Comment deux smartphones qui ne se connaissent pas au départ, peuvent-ils ainsi s’appairer seuls ? Mais peut être ne nous a-t-on pas tout dit sur les failles de sécurité du protocole « Bluetooth »… !

Ne reste alors que le GPS et la géolocalisation. Mais le gouvernement a juré, la main sur le cœur, qu’elle ne serait pas mise à contribution dans le cadre de cette application...

Plus simplement, si ces hommes ou femmes « infecté(e)s » par le virus sont à ce point respectueux des «consignes» gouvernementales, ils ou elles vont rester sagement confiné(e)s à domicile ou en réanimation à l’hôpital.

La probabilité de croiser ces personnes là devient ainsi, nulle de fait !

Mais « gros bêta » rétorquera mon Président, cette application ne s’applique pas à cette catégorie !

Mille excuses mon Président, mais alors à qui  ?

Aux personnes moins « vertueuses » ?

Mais dans ce cas et en toute logique :

  • Ces vilains et vilaines n’auront pas installé l’application.
  • Et quand bien même l’aient-ils fait qu’ils ou elles ne se déclareront pas malades en cas d’infection… 

Sauf à rendre l’installation et l’activation de cette application, systématique et obligatoire…mon Président !

Mais là encore, ça ne colle toujours pas :

  • Entre 10 % et 20 %  des françaises et des français ne seraient pas équipés de smartphones.

  • Quant aux « non vertueux », ils se contenteront d’oublier leur smartphone à la maison avant d’aller faire leur footing ou leurs courses pour contourner aisément toute obligation.

Aux personnes « vertueuses » et de bonne foi mais qui se seraient déplacées sans savoir qu’elles étaient contaminées ?

En d’autres termes, les cas dits asymptomatiques ou au stade précoce de la maladie.

Concernant les cas asymptomatiques, une toute récente étude informe que les personnes asymptomatiques seraient, in fine, peu contagieuses. Les enfants, en particulier, font grandement partie de cette population et il n’ont pas tous un smartphone dans le cartable.

Pour le reste, si vous êtes respectueux des autres, vous n’allez pas mettre le nez dehors alors que vous commencez à ressentir les premiers symptômes de la maladie ?

Ne reste, si je n’ai oublié personne, que les gens en tout début d’infection et qui sont quand même sortis de leur lieu de confinement. Ramenés à la population concernée (moins de la moitié des 67 millions de français, si installation de l’application non obligatoire), ils sont statistiquement peu nombreux.

Et quand bien même « émettraient-elles » et instruiraient-elles (à posteriori) de leur maladie (dans un contexte de déconfinement cette fois) que ces personnes en croiseront bien d’autres, n’ayant pas de smartphone ni d’application activée et qui ne seront pas informées de leur contamination. Elles en contamineront alors de nouvelles, plus tard, toujours sous le radar...

Sans parler du fait que, dans ce dernier échantillon de population (application activée ou pas), il en est qui, à cause de comportements discutables et répréhensibles concernant le non respect des règles élémentaires d’hygiène, peuvent éternuer ou cracher par terre, risquant, là aussi, de contaminer autrui sans être détectés.

Comme le virus peut subsister plusieurs jours sur une surface humide, vous pouvez mettre les pieds dans leurs excrétions, amener le virus chez vous, être infecté, sans que l’application ne puisse jamais vous dire par qui… !

En conclusion, « Stop-Covid» est une application qui porte très mal son nom et qui suscite autant de doutes que l’Hydroxychloroquine si décriée !

Il semble que les deux solutions, chacune dans leur domaine, aient encore à prouver leur efficacité sur le grand nombre en contrepartie de leurs effets indésirables.

Dans cette forme de compétition, l’hydroxychloroquine conserve quelques longueurs d’avance en terme de crédibilité.

C'est dire !

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