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Billet de blog 16 mars 2017

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"J'irai jusqu'au bout !"

Le jusqu'au-boutisme du candidat Fillon risque d'écorner pour longtemps le peu de confiance que les français pouvaient encore avoir en la politique et ses représentants.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout cela n'aurait pu être qu'un épisode malheureux de l'élection présidentielle si Monsieur Fillon avait eu le bon goût de se retirer dès le début de ses "affaires".

François Fillon s'est lui même mis dans la situation qui est la sienne aujourd'hui. Personne ne l'a contraint à revenir sur sa parole publique. Et même s'il n'est pas le seul à traîner et donc entendre le bruit des "casseroles", il n'en demeure pas moins qu'aucun candidat à la fonction présidentielle avant lui, n'avait été mis en examen, durant sa campagne, pour des motifs (entres autres) d'enrichissement personnel.

Cette dérive du politique (qui n'est malheureusement pas l'exclusivité du parti LR) où l'élu est plus attaché à sa personne qu'à l'intérêt général, a la dent dure. Mais on atteint ici des sommets de cynisme par le ton volontairement provoquant et décomplexé du mis en cause.

Dans ce contexte, les militants et sympathisants LR essayent, tant bien que mal, de soulager leur conscience en arguant que le programme vaudrait mieux que les "écarts" de leur candidat (formule qui, par malice, leur a été soufflée par le candidat lui-même). Les voila maintenant pris au piège et donc victimes consentantes de cette forme de déclinaison politique du syndrome de Stockholm !

Pensant déjà aux législatives et au renouvellement de leur siège, une majorité d'élus LR et de l'UDI n'ont pas été les derniers à donner l'exemple. Les retournements de veste sont si rapides qu'ils forceraient l'admiration des meilleurs transformistes. Heureusement que le ridicule ne tue pas !

Sur les plateaux de télévision, certains soutiens ("obligés ?") du candidat Fillon, arguent du fait que celui-ci conserve (malgré lui) la légitimité des quelques 4.4 millions de gens qui se sont exprimés en sa faveur au second tour des primaires de la droite et du centre.

C'est oublier un peu vite que sur ces quelques 4.4 millions de votants annoncés au second tour des primaires, 2.9 millions de personnes (et non 4.4) ont voté pour François Fillon.

Mais ce remarquable score électoral du candidat LR aurait-il été le même si "les affaires" le concernant avec son cortège de révélations et cette mise en examen, étaient intervenues avant le premier (ou même le second tour) de ces primaires ?

Dans ce "foutoir" politique où les "cocus" sont si nombreux qu'ils ne parviennent même plus à se compter, les militants sont mal à l'aise.

Ces formes de soutiens inconditionnels (que l'on retrouve par ailleurs dans beaucoup de partis politiques et qui ne sont souvent que l'expression d'un intérêt personnel) sont révélatrices d'une société qui, malade de ses faiblesses, n'a d'autre option que de se mettre sous la protection du chef. Quitte, pour cela, à l'absoudre de tout.

D'où cette recherche permanente et mal assumée de l'homme (jamais la femme ?) providentiel.

Mais revenons à la prochaine échéance électorale.

L'heure semble venue de ressortir l'épouvantail à moineaux. Grâce à une pincée de vote utile et une bonne dose d'abstention, quelque soit le candidat de second tour face à Marine Le Pen (que les sondages ont définitivement confirmé au second tour), le "plafond de verre" dans lequel "l'animal" politique est enfermé, ne cédera pas. C'est le pari que font tous les candidats.

Ne reste plus alors qu'à gratter quelques points au premier tour pour se maintenir et la victoire semble assurée comme l'indique la formule suivante :

(X) versus (Marine Le Pen) = Election de (X)       (quelque soit la valeur de X !)

Les candidats (qui auraient presque intérêt à ce que Marine Le Pen "cartonne" au premier tour), visent la seconde place pour s'en remettre ensuite à la solidité du fameux plafond de verre au second tour. ("pourvu qu'il tienne" frémissent-ils !)

Suivant cette audacieuse stratégie, François Fillon conserve, lui aussi, toutes ses chances. Les "affaires" contribueraient même à booster son score de second tour, l'abstention aidant. Ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.

Pour autant, le candidat LR, aussi déterminé soit-il, est-il politiquement aussi fort qu'il veut bien le montrer ou cela ne tient-il pas plutôt de la posture ?

Dans ce domaine comme dans d'autres, le fort est celui qui ne doit rien à personne. Le fort est celui qui ne renie pas sa parole, un individu, homme ou femme, sur lequel aucune pression d'aucune sorte ne peut être exercée. Un être imperméable à toute forme d'entrisme ou d'influence.

François Fillon est certes un homme qui ne manque pas d'estomac. Il a avalé tant de couleuvres lorsqu'il était le premier ministre de Nicolas Sarkozy qu'il n'a sans doute pas tout à fait terminé sa digestion. Mais est-il pour autant homme à ne jamais se compromettre ?

La question mérite d'être posée car les dernières révélations le concernant ne sont pas de nature à rassurer.

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