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Billet de blog 18 avril 2023

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Pour Emmanuel Macron, la réforme des retraites, c'est déjà du passé !

Dernière provocation, Emmanuel Macron a entériné la réforme des retraites en promulguant dans la foulée de l'avis du conseil constitutionnel, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 avril 2023 !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce serait déjà paru au journal officiel :

Dès septembre prochain donc, les premières « victimes» de cette histoire, ceux de la génération 1961 nés en fin d’année, devront travailler trois mois de plus, nous annonce-t-on.

Car la loi entrera en application …

« C’est du brutal ! » : comme auraient dit les « tontons flingueurs » !

Ayant acquis leurs 168 trimestres, ils et elles se pensaient déjà en retraite dès septembre et pensaient pouvoir enfin, profiter de l’été indien.

Mais il va falloir attendre la fin de l’année et le départ se fera plutôt, au cœur de l'hiver (Macroniste).

Le ressenti le plus négatif en terme de frustration, est donc bien pour cette génération.

Celles et ceux, qu'ils soient encore en emploi ou non à cette date, qui vont voir la ligne d’arrivée reculer, au moment même où ils et elles étaient sur le point de la franchir.

Tu parles d'une course truquée !

Plus injuste encore, au sein de cette même génération il y en a qui vont immanquablement se comparer à ceux, nés à peine un mois plus tôt la même année et qui seront miraculeusement épargnés.

A moins que le gouvernement ne fasse revenir ces retraités "gagnants" !

Un terrible effet de seuil, dans la mesure où cette réforme ne se contente pas de reporter l'âge légal de départ à la retraite de deux ans, mais elle le fait avec une brutalité sans nom, puisque ce report n’est absolument pas « étalé » dans le temps, sur une période assez longue en tous cas, pour rendre la chose moins douloureuse.

De fait, cette réforme fera indubitablement entrer de l'argent dans les caisses de l'état dès cette fin d'année puisque la sécurité sociale devrait annoncer un excédent pour sa branche retraite en 2023 !

Mais ce n'est pas tout.

Entre la TVA appliquée sur les produits de consommation courante (en forte hausse à cause de l’inflation qui s'installe), les taxes appliquées sur des carburants dont les prix ne baissent pas à la pompe, même quand le prix du baril de pétrole baisse, les taxes appliquées sur l’électricité et le gaz dont les prix ont explosé et ne baissent pas non plus, alors même que le prix des matières premières est annoncé en baisse (on comprend mieux pourquoi), le gouvernement ne manquera pas de recettes !

Il faut dire aussi qu’il y a un sacré trou à combler puisque la dette française ne serait pas très loin des 3000 milliards d’euros !

Mais à cause de qui ?

Au « Quoi qu’il en coûte !» de la période Covid et avant lui, aux politiques des gouvernements précédents, dont un certain Édouard Philippe a été l’un des principaux acteurs.

Emmanuel Macron avait juste oublié de préciser à l’époque du confinement, que le "Quoi qu'il en coûte" était en réalité un  : « Quoi qu’il vous en coûtera ! ».

Ainsi, pour revenir au seul sujet des retraites, dans 96 mois à peine à partir de septembre de cette année, soit moins de huit ans, tout le monde sera « logé » à la même enseigne et devra travailler plus longtemps.

Enfin, presque !

Parmi les moins touchés par la réforme ou du moins pour lesquels celle-ci ne change pas grand chose, on trouve celles et ceux qui, ayant fait des études longues et entrés dans la vie active assez tard (avec à la clé, un statut de cadre ou de cadre supérieur, les salaires puis les retraites qui vont avec), avaient intégré depuis longtemps le fait que, pour bénéficier de la retraite à taux plein, ils devraient « attendre » 67 ans (l’âge de départ à la retraite à taux plein sans décote, soit sans obligation d’avoir acquis le nombre de trimestres).  

Et pour cause, pour cette population ayant commencé à cotiser tard, il est souvent impossible d'atteindre tous les trimestres puisqu'ils ne cotisent pas aussi longtemps.

Si on prend le cas d'une personne entrée dans la vie active à 25 ans, avec 42 annuités de cotisation, elle n'aurait, de toute façon, jamais atteint son nombre de trimestres avant : 25 + 42 = 67 ans (minimum).

Le fait de tomber sur 67 ans est tout, sauf une coïncidence et ceux ayant commencé encore plus tard et devant cotiser 43 ans sont, avant et après réforme, clairement avantagés.

Etrangement, le gouvernement s'est bien gardé de décaler "mécaniquement" l'âge de la retraite à taux plein quelques soient les trimestres cotisés, de 67 à (67 + 2) soit 69 ans !

En données relatives, cette population (qui est restée discrète ces derniers mois) est donc gagnante et l'argument consistant à dire que ces gens cotisent plus, même s'ils cotisent moins longtemps, ne tient pas au regard du montant de la retraite touchée en fin de carrière.

D'autant qu'un cadre supérieur a, en moyenne, une espérance de vie en bonne santé, bien supérieure à celle d'un égoutier et touchera donc sa retraite sur une bien plus longue période ! 

Aussi, pour cette population, le plus important est que les caisses soient pleines au moment de leur départ en retraite, afin que leur pension demeure garantie.

Nul doute que ceux-là ont majoritairement voté Macron aux dernières élections et n’hésiteront pas à voter Édouard Philippe aux prochaines (si le monsieur prend la décision de se présenter et s’il conserve, dans l’intervalle, les faveurs des "influenceurs" de la classe dominante).

Lequel a déjà, sans le dire, les yeux rivés sur la ligne « d’Horizon » !

Un mot (« Horizon » ) que nos journalistes accrédités, s’amusent déjà à placer subrepticement dans leurs propos, comme une sorte de « Phillipe challenge », un placement « produit ».

Sorte de subliminal message devant s'introduire dans nos cervelles, en prévision des prochaines échéances présidentielles !

Si la mayonnaise prend comme on dit, nul doute que beaucoup de député(e)s "Renaissance" n'ayant que peu de chance de se faire réélire avec une étiquette "En Marche, recarrossée " se trouveront rapidement "Horizon compatibles" et rejoindront les rangs du parti d'Edouard Philippe au moment opportun.

De la pure politique politicienne comme le peuple français ne la supporte plus, au moment même où la république et le pays sont en grand danger.

La campagne présidentielle démarre de plus en plus tôt dans la tête de certains, oppositions comprises, concentrés sur le seul  "horizon" de leur avenir politique !

Pendant ce temps, le peuple français et le pays tout entier, perd le nord et la boussole, avec le sentiment diffus, mais bien réel, que tout cela va mal finir !

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