Chose assez banale pour tout utilisateur d’un véhicule à moteur thermique, je suis allé remplir mon réservoir à la station service.
Enfin, celle où je vais le plus souvent, quoique de moins en moins depuis la pandémie et les confinements successifs.
Je mène en effet, de plus en plus, une vie d'ascète et de reclus en attendant la mort et je peux à ce titre, comme la plupart des miséreux, des minéraux et des personnes décédées, être assez fier de mon bilan carbone !
Sauf que, aujourd’hui, il y avait une queue incroyable.
Des dizaines de voitures en file indienne débordaient sur la route, une bonne centaine de mètres avant la station.
J’ai assez vite compris les raisons de cette « hystérie » collective :
Aucune pénurie de carburants cette fois. (pas encore)
Il s’agissait juste de la station où le précieux liquide (en particulier le diesel) est le moins cher de tout le secteur.
Une station service « Access - TotalEnergies », l’entreprise du CAC 40 qui se gave en super-profits mais qui accorde généreusement des remises supplémentaires sur le prix de ses carburants dans ses propres stations services.
(Remise venant s’ajouter à celles déjà accordées par l’État, avec notre argent et jusqu’à la fin de l’année, pas au delà, par l’entremise du fameux « bouclier tarifaire »).
Alors les gros rouleurs se jettent dessus comme la misère sur le bon pain.
Dans la queue, on voyait d’ailleurs pas mal de 4x4 et de « SUV ».
Pour sur qu’avec une envolée pareille sur les prix des carburants, comme un séropositif en fin de vie, les propriétaires de ce type de véhicule n’ont plus vraiment le cœur à parader … !
La plupart d’entre-eux vivent clairement au dessus de leurs moyens avec ces « monstres » qu’ils vont très probablement tenter de revendre au plus vite en début d’année prochaine.
Mais comme ils le feront tous en même temps, nul doute que ce sera la double peine.
Leur véhicule aura une forte décote à la revente puisque plus personne n’en voudra et que le marché de l’occasion sera saturé.
Alors, pressentant le drame, ils et elles sont très « nerveux » à la pompe.
Et comme certains véhicules arrivés en sens opposé tentaient de couper le fil, l’incident était inévitable …
Le conducteur d’un de ces 4x4 a méchamment foncé en klaxonnant comme un fou sur un autre véhicule qui tentait de lui damer le pion.
Les voila déjà prêts à s’entre-tuer et à jouer aux autos-tamponneuses grand luxe pour les toutes dernières gouttes de « benzine » meilleur marché.
Qu’est-ce que ce sera si la nourriture vient à manquer durablement dans les raillons… ?
Pour ma part, résigné, passant mon chemin, je suis allé faire le plein de ma petite citadine au « Carrouf» juste à côté.
Il n’y avait strictement personne aux pompes de l’hyper.
Pourtant, le SP95 était à 1,494 euros le litre (le prix est affiché au millième d’euro maintenant !).
Il était monté à presque 1,92 euros, il y a quelques semaines à peine.
Mais ça ne devait toujours pas suffire à celles et ceux qui, au même moment, de l’autre côté de la voie rapide, étaient en train de s’étriper chez « Total », dont le slogan publicitaire a été pendant longtemps :
« Total… Vous ne viendrez plus chez nous pas hasard ! »
Un ancien slogan qui fait mouche et qui mériterait d’être remis au goût du jour puisque on vient aussi chez « Total » pour se « foutre sur la tronche » !
Oubliant au passage que le temps d’attente dans la queue, moteur allumé, fait bêtement perdre une part du bénéfice qu’on pensait faire sur son plein.
Sans compter les impatient(e)s et autres agressifs qui accrochent volontairement leur véhicule dans la bousculade et qui, pour le coups, ont « gagné la journée » comme on dit !
Ainsi va la vie trépidante des moutons que nous sommes, idiots utiles de la mondialisation heureuse, en période de vaches maigres !
Et ce n’est probablement qu’un début !