On ne sait pas bien où Marine Le Pen a dîné après sont allocution du soir des résultats du premier tour de l'élection présidentielle. La horde de journalistes et de caméramans était déjà en train de s'affairer derrière le "encore" candidat du tout jeune mouvement "En Marche". Candidat qui ne dissimulait plus son impatience à avaler, au pas de course cette fois, les quinze derniers jours le séparant du pouvoir.
Cette soirée électorale de premier tour prenait alors un petit air de second tour, les images en direct du candidat Macron ressemblant à s'y méprendre à celles du second tour des élections présidentielles 2007, lorsque Nicolas Sarkosy avait fêté sa victoire aux "Fouquet's". Pour Emmanuel Macron ce sera "La Rotonde".
Les chiffres et les faits sont là. Une pole position au premier tour, des sondages d'entre deux tours très favorables, des soutiens officiels, des ralliements, le front républicain. Tout converge et concourt à une victoire quasi acquise.
Peut être un peu trop justement.
Certains, comme Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) reste en alerte. Elle n'a pas tout à fait tort. Car la probabilité, même faible, que Marine Le Pen soit la surprise du second tour, demeure. Et le niveau d'abstention de ce second tour justement, ne sera pas neutre.
Les reports de voix annoncés en faveur du "presque" Président seront-ils aussi massifs et systématiques malgré les appels des candidats malheureux du premier tour, à faire barrage à Marine Le Pen ?
A trop se voir déjà élu, le candidat Macron ne risque-t-il pas de braquer les français qui n'aiment pas, de manière générale, et quelque puissent être leurs convictions politiques, les histoires écrites d'avance ?
Une chose est sure. Ce vote d'adhésion et de rassemblement attendu par le candidat Macron, ne sera pas.
Dès le lendemain de l'élection présidentielle, tous les partis, surtout les plus affaiblis, seront totalement concentrés sur les élections législatives. La cinquième république faisant, on ressortira les vielles lunes.
Et même si le mouvement "En Marche" venait à obtenir une majorité au parlement, rien ne dit que ce "patchwork" d'élus n'aura pas, à son tour, affaire à l'opposition de ses propres "frondeurs" à l'Assemblée nationale.
Le Pen ou Macron Président, il y a, pour le coup, de fortes probabilités pour qu'au lendemain du 18 juin 2017, la France soit difficile à gouverner et la rue difficile à maîtriser. Pour tenter de guérir le mal français, le futur Docteur Président, n'aura pas d'autre option que de sortir les ordonnances !
On aurait pu rêver mieux en terme de fonctionnement démocratique de nos institutions.