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Billet de blog 2 mai 2015

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L’exquise Madame Lagarde

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L’exquise Madame Lagarde

Thanasis Karteros, le21/04/2015

Comme vous le savez bien sûr, Madame Lagarde est une femme exquise. De celles qu'admirait la défunte tante Eudoxie, qui s'exclamait à chaque fois qu'elle respirait les effluves raffinés de leur parfum français: "exquise, exquise". Elle s'attendait toujours avec elles au meilleur en matière de beauté, d'élégance, d'argent, de grâce, et naturellement de goût artistique.

Toute la posture de Madame Lagarde à notre encontre donne raison jusqu'à ce jour à tante Eudoxie. Elle va même au delà de son estime. Car Madame Lagarde ne s'est pas révélée exquise (bis) dans les seuls domaines de la beauté, de l'élégance, de l'argent, de la grâce, et naturellement du goût artistique. Elle a montré également son excellence en matière d'économie politique si ce n’est d’économie de la politique. Et les faveurs dont elle nous a dernièrement gratifiés sont d'une importance toute particulière pour nous: nous leur devons beaucoup de ce que nous vivons aujourd'hui.

Donc, lorsque Madame Lagarde avertit le gouvernement populiste de la Grèce d'avoir à accélérer notre réforme, parce que la lune de miel se termine, il nous faut la prendre très au sérieux. Même si elle outrepasse quelque peu son aménité toute française avec un trait de gouvernement plutôt germanique, son tact politique nous tape dans l’œil ­peut-être littéralement- lorsqu'elle parle de la fin à venir de la lune de miel. Entre les créanciers et notre pomme, cela s'entend.

Sans doute s'agit-il, dans la bouche d'une femme exquise (bis), d'une formule élégante, qui ne peut pas passer inaperçue. En premier lieu, parce qu'elle nous donne par ce biais une information dont nous n'avions pas conscience: les événements qui ont eu lieu ces dernières semaines constituent une lune de miel. Autrement dit nous faisons l'expérience sans le savoir d'un festin de noces perpétuel, avec Draghi et son robinet à euros fermé, Schaüble et son robinet à crises de nerf ouvert, et le reste de l'orchestre des créanciers au milieu des soupirs amoureux.

Naturellement, l’invitation au mariage est aussi un défi vers l'inconnu. C'est pourquoi Madame Lagarde ne nous annonce pas ce qui nous attend après le miel: le fiel? Le vinaigre? Ou peut être la rétsina Kourtaki? Voilà qui suscite en nous un sentiment de flou créatif; et un embarras sur la façon dont nous pourrons faire nos commentaires. Parce que naturellement il ne nous est pas possible d'utiliser le proverbe peu convenable que décochait la tante Eudoxie au cas où les dames distinguées abusaient de leur distinction: J’t’aime bien quand tu t’la pètes, ma p'tite dame, mais faut pas pousser.


NdT

Dans une interview publiée le 19 avril par le FinancialTimes, Madame Lagarde déclarait que la patience envers le nouveau gouvernement d’Athènes était épuisée, et que la « lune de miel » avec ses créanciers était sur le point d’arriver à sa fin.La phrase finale est un proverbe de la région de Kozani.

Les billets d’humeur de Thanasis Karteros sont publiés dans le journal de Syriza, I Avgi.http://www.avgi.gr/article/5478086/i-ektakti-kuria-lagkarnt 

Mes remerciements à Panaghiotis Toumas, http://www.lexi-logos.gr

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