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Billet de blog 2 mai 2015

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Notre Yanis

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Thanasis Karteros , le  28/04/2015

Bon, à chacun de prendre sa décision. Nous, Yanis, il nous botte. Beaucoup, même. Vous savez pourquoi ? Parce que Eux, il ne les botte pas. Et quand nous disons qu’il n’est pas à leur goût, nous pensons à un repas cuit. S’ils l’ont mangé tout cru, c’est sur un coup de folie. Ils ne s’en rassasient pas de le dévorer. Les attaques à son égard –méthodiques, enragées, jacassières- ont pris le caractère d’une épidémie. Extrémiste, mal élevé, simpliste, trublion, terroriste de l’économie. Seuls les fascistes utilisaient et utilisent encore de tels procédés pour éliminer un individu indésirable.

Et quand nous parlons d’eux, nous pensons à la clique qui nous a pris à la gorge. Bandits de l’extérieur, Bobolistes de l’intérieur, ministres allemands, gangsters slovaques, media des agences internationales, media des officines nationales, belles dames, pachas et aghas de la jet set néolibérale. Ils entendent le nom de Varoufakis, et ils se dépêchent de conjurer le mauvais sort. Ils organisent leurs complots du dimanche, ils font leurs prières dans les églises de la haute corruption, ils ont des visions à deux sous. Et qui supplient-ils ? Tsipras : vire-le du conseil, le tordu !

Allez, un peu d’indulgence. Que pourraient-ils faire d’autre ? Ils ont reçu une autre éducation. Après des personnalités comme Chardouvelis, Stournaras, Vénizélos, qui signaient pour mieux nous saigner, comment pourraient-ils s’accointer avec un quelconque Yanis ? Après nos amateurs de laconismes, qui avaient pourtant gommé le « Viens ici » pour se contenter du « prends-le », comment pourraient-ils s’accointer avec l’homme du « Tu ne pourras rien obtenir de quelqu’un qui n’a rien ». Après les gens sérieux, s’accointer avec le simpliste ? Après les hommes en gris, s’accointer avec l’homme haut en couleurs ? Eh, ce sont des hommes. Ils auront leur coup de sang, et ils le ... slovaquiseront !

Et si nous, les gens d’ici, il nous arrive de faire la tronche pour son emphase, sa façon de s’afficher, et même pour ses tenues, il est bon de se rappeler les raisons de la détestation des gens de là-bas. Parce qu’il a contribué de façon décisive à la compréhension du drame de la Grèce par des millions de personnes. Parce qu’il a été l’affiche vivante des forces vives qui gouvernent en ce moment le pays à la place des zombis. Parce qu’il a gagné pour notre pays des sympathies parmi ceux qui résistent dans le monde entier. Et parce qu’il a tiré la langue à la tribu des Eurogroup.

C’est pourquoi une vague de sympathie l’accompagne, principalement parmi les jeunes. Et c’est pourquoi aussi, puisqu’au gouvernement on n’est pas bête à manger du foin et que Tsipras ne mange pas de chair humaine -surtout sur commande- pour parler peuple, ils vont se le bouffer longtemps encore, le Yanis. Avec du pain sec.


NdT

Le 24 avril, à Riga, Yanis Varoufakis a fait l’objet d’attaques violentes et humiliantes de la part de membres de l’Eurogroupe durant la session du conseil. Le ministre slovaque de l’économie, notamment, s’est montré particulièrement inconvenant.

Molon lave « Viens le prendre » est la réponse faite par Leonidas au roi des perses qui lui proposait une reddition honorable. Elle est laconique à double titre, parce qu’elle est brève et qu’elle provient d’un spartiate. En la coupant encore en deux, on lui fait dire le contraire de ce qu’elle signifie.

« Tu ne pourras rien obtenir de quelqu’un qui n’a rien » est la réponse faite par Ménippe, le philosophe cynique, à Charon, le passeur des enfers qui lui réclamait le prix de son passage. C’est ainsi que, selon Lucien (Dialogues des morts) Ménippe fut le seul à échapper à la taxe des morts... Cette phrase est utilisée comme proverbe, notamment dans le cas des contribuables des classes populaires, à la fois victimes de l’austérité et accablées d’impôts.

Les billets d’humeur de Thanasis Karteros sont publiés dans le journal de Syriza,

http://www.avgi.gr/article/5496916/o-dikos-mas-gianis

Mes remerciements à Panaghiotis Toumas, http://www.lexi-logos.gr

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