Thanasis Karteros, billet publié le 30/04/2015 dans le journal de Syriza, I Avgi
Vous connaissez la dernière ? La Grèce a joué son va-tout dans les négociations, et elle a perdu. Elle attendait de Draghi qu'il verse ce qu'il lui doit. En vain. Il est hors de question qu'elle approche du guichet de la Banque Centrale Européenne-eh oui, même du guichet, fortiche, non?- à moins qu'elle ne s'adapte -notez le verbe. Et ce qui s'est passé avec Varoufakis et le groupe de négociation constitué par le gouvernement, c'était parce que Dijsselbloem a poussé Tsipras à le faire finalement, en le mettant sur le grill ou en agitant devant lui le chiffon rouge.
Le culot qui pointe derrière ces déclarations pourrait bien trahir leur instigateur , même s'il les a faites anonymement : Jeroen Dijsselbloem . L'homme qui a reçu la mission -de qui au fait ?- de nous sermonner, de nous terroriser, de nous fouler au pied. Si nous ne nous adaptons pas... et à chaque fois qu'ils le détachent de sa chaîne -qui ça, au fait ?- Il se délecte dans l'outrage, la calomnie, les démonstration de mépris, répandant sa bave de colonialiste vaniteux sur les indigènes et leur gouvernement exécrable.
Et maintenant, réfléchis bien, toi qui a été jéroundisé par tous les bouts : Tous ces gens sérieux en Europe et en Grèce qui sont importunés par la motocyclette de Varoufakis, comment se fait-il qu'ils tolèrent les roquettes de Jeroen, qu'il les acceptent, qu'ils leur fassent bon accueil, qu'ils les approuvent ? Quel profit comptent-ils tirer d'un comportement qui offense non seulement le gouvernement élu d'un pays démocratique, mais aussi ses citoyens ? Et pour finir, à quelle source notre arrogant hollandais puise-t-il un encouragement à dire tout ce qui lui passe par la tête ?
En tout cas, il a atteint des sommets. On dirait que Jeroen a dépassé Peurifoy. Fier à bras façon hollandaise, nervis façon allemande, ou simple emmerdeur à la grecque. A vous de choisir. Mais le but de ses propos comme de ses actions est, lui, éclatant : démontrer à quel point est inférieure cette race sur laquelle lui et ses congénères exercent leur domination. A quel point elle est méprisable. A quel point elle est insignifiante et médiocre. Et ainsi, à quel point est justifié le traitement qui lui a été infligé par la tribu des Dijsselbloem.
D'un certain point de vue, on pourrait lui trouver des excuses. En tant que spécialiste de la vache laitière, il croit pouvoir mettre en ordre la Grèce à coups d'aiguillon. Le problème, ce sont ses soutiens. Ceux qui lui ont donné le rôle principal dans les négociations. C'est à eux que s'adresse cet avertissement éminemment européen : retenez-le, avant que sa vache ne se transforme en taureau.
Note du traducteur
Il est toujours question ici des conséquences de la session de l'eurogroupe qui a eu lieu à Riga le 24 avril. Après le feu roulant des attaques dont a été victime le ministre de l'économie Varoufakis, une équipe de négociation a été constituée, mais toujours sous sa direction. Le président de l'Eurogroupe, et ministre hollandais de l'économie Jeroen Dijsselbloem a laissé fuiter l'affirmation selon laquelle la Grèce avait joué et perdu.
Le billet repose sur une paronymie impossible à rendre en traduction : i ayelada (la vache) et i elada (la Grèce). Le taureau de la dernière phrase peut faire référence à la tauromachie, mais surtout au taureau avatar de Zeus qui a enlevé Europe...
Les billets d’humeur de Thanasis Karteros sont publiés dans le journal de Syriza,
http://www.avgi.gr/article/5502909/i-agelada-kai-i-ellada
Mes remerciements à Panaghiotis Toumas, http://www.lexi-logos.gr