Vroum vroum vroum
Thanasis Karteros, billet publié le 02/05/2015 dans le journal de Syriza, I Avgi
Réponses de Vénizélos à des questions cruciales : que fabrique le gouvernement depuis trois mois ? Il ne mène pas une négociation, il prépare simplement les rapports de force au sein du parti pour avoir le contrôle sur les rapports de force au sein du parlement. Parce que c'est déjà prêt ? C'est la culbute ? -avec un c minuscule, ne nous immisçons pas dans les affaires de la Tribune 4. Que va-t-il arriver dans un avenir immédiat ? Ou bien nous revenons à la politique de ceux d'avant -avec à la tête sa propre personne- ou bien le pays subira une catastrophe. Et Tsipras, qui est-il ? Un porteur de cagoule de l'étranger.
C'est dans ce climat que le PASOK s'achemine vers son prochain congrès. C'est ainsi que parle son chef sans contrôle. Cest ainsi qu'il enregistre et retraduit dans son cerveau embrumé tout ce qui arrive aujourd'hui. C'est sa façon d'affronter la troupe de tous ceux qui ont cru en lui un jour, et qui maintenant n'écouteraient même plus le bourdonnement de son discours et de sa politique. Et c'est ainsi que se trouve naturellement confirmé, du moins pour ceux qui ont un peu de jugeotte politique ce qu'aurait dit le vieux Harry Klynn : Ce parti, mon pote, rien ne pourra le sauver.
Et qu'est-ce que ça peut nous faire ? Ca nous dérange qu'il parte en fumée comme il l'a fait ? Non, c'est exact, mais c'est un spectacle politiquement instructif. Un parti gigantesque il y a peu d'années. Une référence en matière d'assurance et d'autorité. Et voilà maintenant un chef qui compte les dos de millions d'anciens électeurs et d'anciens partisans, un chef qui ne comprend pas que ses borborygmes sont signes de noyade et non de combativité. Et voilà mis en déroute -Jésus Marie- les derniers braves de l'armée de Brancaleone. En silence. Ou en vrombissant, comme il le fait lui-même
Il accélère, encore, et encore, assis à la place du conducteur, le pauvre Vénizélos : Vroum vroum vroum. Et allez, encore un coup, vroum vroum vroum. Il roule sur les chapeaux de roue dans les virages, il fonce dans les lignes droites, il double des porteurs de cagoules, des terroristes de la culbute politique, des fauteurs de catastrophe. Il a de nouveaux rêves de grandeur. Et il n'a pas l'avoir pigé que sa voiture est désormais à la casse, sans roues ni moteur et que tous ses coups d'accélérateur et tous ses dépassements sont avec la bouche. Bla bla bla, sans que la voiture n'avance d'un pouce.
Affligeant, mais instructif. Quand tu laisses tomber les gens, ils te laissent tomber. Quand tu renonces à ton âme, c'est la vie qui fout le camp. C'est pour cela, vous qui êtes bien gaillards, que les lignes rouges sont comme la prunelle de vos yeux. Un souffle sépare l'arène des combats de la piste de la stand up comedy de Vénizelos...
Note du traducteur
Latouba, la culbute correspond dans le vocabulaire politique grec à notre retounement de veste. Dans l'opposition politique, la droite de la Nouvelle Démocratie et ce qui reste du parti socialiste grec, le PASOK (un peu plus de 3% aujourd'hui contre 43,92% en 2009) attendent avec impatience que Tsipras se livre à la même acrobatie que la leur lorsqu'ils ont fait allégeance aux politiques austéritaires imposées par les institutions européennes.
Vénizélos, chef sans troupe du PASOK, défend cette perspective au parlement, dans des discours véhéments et tonitruants. Après les élections du 25 janvier, il a dû renoncer à sa voiture de fonction, une BMW blindée d'une valeur de 750 000 €.
Le gouvernement de gauche s'en tient, lui, aux « lignes rouges » dans les négociations, c'est-à-dire au refus formel des mesures d'austérité qui ont mis la Gréce à genoux.
Les billets d’humeur de Thanasis Karteros sont publiés dans le journal de Syriza,
http://www.avgi.gr/article/5506894/boum-boum-boum
Mes remerciements à Panaghiotis Toumas, http://www.lexi-logos.gr