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Siem Reap with love
Ce n’est pas que je comble des pages en étalant ma vie sentimentale, qui est loin d'être passionnante. Qu’on se le dise, l’amour tient une place importante dans nos vies. Je pensais me connaître, sans savoir quel partenaire serait fait pour moi. Partenaire est un bien grand mot, quand je tisse mes relations au jour le jour, au fil de désirs qui, il faut le dire, ont leurs envies.
Lors de ce voyage, j’ai rencontré une cambodgienne à Siem Reap. Une ville où je reviens, comme d’autres reviennent à Lourdes. Les temples d’Angkor sont mon Vatican, un pèlerinage de pierre de racines de chaleur. Cette fois, ce n’est pas la beauté des temples qui m’anime.
Elle s’appele Srey, elle tenait un tuktuk bar non loin de Pub Street. Elle incarne ce fantasme adolescent voire adulescent de sortir avec une barmaid, une fille rock’n’roll accessible sans l'être vraiment. Pour le rock’n’roll, j’ai été servi, puisqu'on ne devient pas pilier de bar en buvant de la menthe à l’eau.
On associe souvent l’alcool à la fête, à une danse qui défie le temps, la vie. On insiste moins sur l’envers du décor, les yeux dans le vide, en vidant son verre comme on vide son âme. Tout est sujet à s’enivrer les bons comme les mauvais sentiments s’exposent, se mélangent, entre tristesse, euphorie.
Derrière les artifices les postures festives je découvre une jeune femme fragile, déchirée par une rupture qui lui ronge le cœur qu’elle noit dans les verres et les sourires de commande. Nous nous sommes pour ainsi dire reconnus, deux étrangers, avec une douleur en partage.
On a soigné nos blessures en se mutilant. Comme si la meilleure façon de tourner la page était d’en déchirer une autre, entre la poussière des temples et la ferveur des nuits de Siem Reap, où tout a commencé.