Le caractère solennel, de la construction identitaire néo-calédonienne n'a d'égal que le poids de responsabilité, tout au long de l'apprentissage, du respect de toutes formes de vies. Etre néo-calédonien symboliserait une contribution, à l'émerveillement de cette terre sacré, « le pays ». Ce souhait résonne des battements de cœurs, jusqu'au bout des doigts et des regards humbles qui plongent vers la terre que les ancêtres portent, puis les mains se tendent, pour témoigner, une marque de respect. Les prémisses de toutes civilisations, via cette pratique intergénérationnelle et intemporelle qu'est l'échange. Celui-ci accompagne le geste et la parole qui ne quittent dorénavant plus, son auteur, symbolisant l'unique richesse valable dans le monde visible comme invisible. Ce fameux geste est un détonateur de lien social, car l'objet échangé n'est rien d'autres qu'un motif qui suscite la rencontre donnant l'occasion d'un « temps fort de reconnaissance ». En instituant un rapport à l'autre, tel un anti-utilitarisme qui viendrait contenir les intentions avides. Cette île, petite par sa taille, mais grande, par des valeurs tressées, autour du « sacre de la parole partagé » qui scelle les unions, ou assagit les intrépides, comme l'igname qui s'enracine et murit dans les esprits, pour faire jaillir la magie d'être ensemble. En appréhendant ce pays, cette terre comme notre avenir que l'on se doit d'honorer, au nom de la postérité, afin d'y cultiver ensemble, le champ des possibles.
Tant l'identité néo-calédonienne doit s'inscrire dans la pluralité du monde qui la précède, non pas par chauvinisme, mais pour honoré la mémoire de la « commune humanité » qui jusqu'ici souffre d'une interprétation unilatérale. Pourquoi ne pas, vibrer pour cette culture Pacifique qui recense, l'aube de l'humanité. En s'imprégnant, de valeurs collectivistes, et (re)découvrir la mosaïque culturelle néo-calédonienne, d'appréhender les différences comme autant d'étoiles, et les cultures comme autant de galaxies qui s’observent, se croisent, mais avant tout s'illuminent ensemble. Nous ne sommes que poussières d'étoiles, dans cette longue nuit de doutes qu'est la vie, libre de briller seul, où comme jamais en constellation. Être néo-calédonien c'est se suffire à exister pour ce pays, de l'honorer, en érigeant la terre et la mer, en entités qui transcendent les « barrières artificielles », séparant les hommes entre eux, car ces derniers quels qu'ils soient, sont les gardiens temporaires du " caillou ". Bien au-delà, des vantardises, de l'héritage, de familles inconstantes, en bâtissant la montagne du vivre-ensemble, jadis rasé sur l'autel d'une aveuglante modernité. Riche nous le sommes déjà, de cet étincelant océan de saphirs, bordées de couronnes corail, d'où nos cœurs battent, au rythme, de ces vagues Pacifique.
Une identité néo-calédonienne, en peau de chagrin nous aidant, à nous questionner sur les problèmes de notre temps, un conflit permanent entre désir 1 et longévité 2, une identité en devenir questionnée devant l'histoire.
1Relatif aux pulsions consuméristes libérales, vantées comme l'effet performatif de nos sociétés modernes
2 Propre au fait de revenir, à des valeurs collectivistes, dans une perspective durable