Je vis sur ce trottoir
Je dois prouver mon exclusion par une attestation
Toute cette paperasse me lasse de cette société
Certains s'empiffrent et d'autres crèvent la dalle
Je suis une victime collatérale
Oublié sur le champ de bataille
Voire un animal de laboratoire
Dans cette cage qu'est cette ville vide
Tester si ce virus est bien ou non fatal
Restez chez vous sauvez soi-disant des vies, surtout les vôtres
Pour mieux fermer les yeux sur celles qui s'éteignent dehors
Comme à chaque fête de fin d'année
Les enfants vénèrent un père noël
Que nous représentons
À vivre dans une cabane de fortune
Pour ne pas qu'on nous infortune
Riches d'aventures fier de notre liberté
Voguant au quatre coin du pays si ce n'est du monde
Nous sommes les pères noël tombés du traineau,
Fouettés par le froid glacial de l'indifférence
Ces rues m'appartiennent elles habitent mon regard
Moi le cafard qui erre sur vos trottoirs
Un nuisible qu'on gaze à coup d'insecticide
La police n'a pas besoin de se cacher derrière un masque pour
S'en donner à cœur joie de matraquer des démunis
Grâce à l'État qui déserre leurs laisses
À l'ombre de vos regards
Je m'y suis préparé à la fin du monde
Le mien s'est écroulé
Il y a de ça quelques temps
Dorénavant je suis la gargouille au pied de cet immeuble qui attend
Que s'abatte ce château de cartes, cette civilisation
Gagné par la folie de l'accumulation et de faux semblants
Nous sommes en guerre, les munitions brillent par leurs absence
Ce président plante le décor pour mieux se cacher derrière le rideau
Par sa verve pernicieuse qui n'a d'égal que son irréalisme pédant
Nous sommes en guerre et même si ma vie ne vaut rien
Je ne suis pas prêt à mourir