L'année 2024 aura été synonyme de souffrances pour des Outre-mers portant une colère sociale, qui réclame des moyens pour les hôpitaux, les écoles et les services publics, mais se confronte à l'armée française envoyée sur son sol pour mater les esclaves que ce soit dans les Antilles françaises par rapport à la vie chère ou en Kanaky-Nouvelle-Calédonie vis à vis des troubles sociaux liés au dégel électoral.
De telle sorte que les Outre-mers ont ce sentiment de déjà-vu poussif qui laissera des mandats de Macron le dédain et la condescendance. En somme, toute la volupté, d'un Macron qui incarne le stéréotype absolu, de l'éternel colon déguisé en bourgeois gentilhomme disant tout et son contraire comme si de rien n'était.
Propre au pouvoir français qui provoque des drames dans ses îles plus qu'il ne les préserve. Non sans rappeler que la France a atomisé une partie des Outre-Mers à coups de bombes nucléaires ou de chlordécone. La France a conduit pas moins de 193 essais nucléaires en Polynésie française entre 1966 et 1996, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, causant des dommages environnementaux et sanitaires durables, avec des bombes plus puissantes que celles larguées sur Hiroshima. Aussi, l'utilisation controversée du chlordécone aux Antilles françaises a entraîné une pollution durable des sols et des eaux, affectant gravement la santé d'une grande majorité des populations locales.
Lors du passage de l'ouragan Irma à Saint-Martin en 2017, la gestion de la crise par les autorités françaises a été critiquée, en raison entre autre de l'évacuation prioritaire des fonctionnaires, perçue comme discriminatoire. En affrétant des navettes maritimes exclusivement pour ses fonctionnaires majoritairement blancs, au détriment des citoyens de l'île qui ont dû se débrouiller par eux-mêmes.
Face à une promesse républicaine qui s'est perdue en chemin. En réponse à cela les peuplades devraient malgré-tout s'estimer heureuses d'avoir des "papiers". C'est à dire, s'accommoder d'un trop peu de reconnaissance, face à nos semblables qui meurent par milliers aux portes de l'Europe. Par ailleurs, concernant le cyclone Chido à Mayotte, on a entendu dire du Premier ministre François Bayrou alors fraîchement nommé que la plupart des victimes mortes dans les bidonvilles ne sont pas françaises. Quel soulagement de la part de quelqu'un qui n'a pas eu le courage de se rendre en premier lieu sur place, préférant assurer son gagne-pain, au conseil municipal de Pau dont il reste le maire, aux allures de piques assiettes.
Après le cyclone Chido à Mayotte, l'absence en premier lieu de visite du président Macron et du Premier ministre a temoigné d'un manque de considération pour les habitants de cette île. Par la suite, la visite de Bayrou à Mayotte prend des allures de voyage "forcé", vu que Bayrou alias "Boso le clown" préfère se rendre dans un premier temps au conseil municipal de Pau. De telle sorte qu'il a aussi snober en présentiel son premier conseil des ministres qu'il a suivi par visioconférence. Un premier ministre fantoche donc qui a tenté de se justifier à l'Assemblée en prétendant que le président et le Premier ministre ne peuvent pas quitter le territoire national en même temps. Bayrou en 2024 ne sait pas que Mayotte fait partie du territoire national, peut-être bien que pour lui une île peuplée de nègres ça ne ressemble pas à la France qu'il aime. Une île étant remplie de noirs, de musulmans et de migrants, de telle manière que ces critères se rejoignent voire se confondent, autant dire le trio gagnant pour l'extrême droite. Bayrou l'a d'ailleurs souligné, le nombre de victimes dans les ghettos sont surtout des migrants, donc tout va bien.
Quoi qu'il en soit, on peut difficilement dire que le voyage de Bayrou à Mayotte suite au cyclone Chido, ça soit le voyage de Chihiro. À cet effet, on est loin d'un voyage initiatique et philosophique, quant à la prise de conscience de la valeur de la vie puisque Macron, et son équipe de ministres clowns sont aussi efficaces que des équilibristes aveugles. Ils tentent de charmer leur auditoire même si et surtout si personne sur cette île comme dans l'hexagone n'a voté pour reconduire un énième gouvernement de macronistes.
C'est aussi en cela que le cyclone Chido tel le scénario du film animé le Voyage de Chihiro a transformé les parents administratifs de Mayotte, en porc. Et, vu les élucubrations cyniques face caméra de ce dernier à croire qu'ils n'ont jamais été autre chose. Si ce n'est que le traitement politique du cyclone Chido, met en exergue le déni démocratique et le mépris qui l'accompagne qualifiant nos maîtres communs. Cela a eu pour effet, comme à l'image du livre la Ferme des Animaux, de montrer le visage de porc de nos maîtres communs.
Au moment où les Outre-mers ont besoin d’une voix forte et attentive à leurs réalités, ils héritent d’un jeu de chaises musicales ministériel qui recase, saupoudre, et s’en remet aux réseaux d’un centre bourgeois ronronnant, gardien zélé des privilèges d’une élite, moins républicaine qu’elle ne l’affirme, mais toujours protectrice du privilège blanc. Au détriment d'Outre-mers qui butent encore et toujours contre ce plafond de verre, relégués au second plan sous l’œil condescendant d’une métropole confortablement installée dans la perpétuation de ses privilèges.
En cela, nous autres, damnés, refusons ce rôle de subalterne auquel le système nous prédestine ; et prônons un appel à la reconnaissance de nos réalités, nous dont l'avenir est sacrifié. Ainsi, nous portons un cri d'alarme pour une transformation radicale du système, qui passe par une révision complète de la manière dont les jeunes sont soutenus, éduqués et intégrés dans la société, avec un respect réel pour leurs cultures et leurs identités.
Le tout s’inscrit dans une urgence d'agir et changer les structures en place pour que les jeunes ne soient plus invisibles ni les sujets d'un jeu politique qui ne profite qu'à une élite hors-sol. Loin d'une réalité faite de violence systémique, dans les Outre-mers. Faisant écho à des phénomènes globaux tels que les Gilets jaunes en France.
Nous amenons à penser que les troubles sociaux ne sont pas des événements isolés mais les symptômes d'une oppression structurelle liée à la précarisation néolibérale et aux inégalités raciales. La répression des manifestations et des soulèvements populaires, par exemple dans les quartiers de Nouméa souligne le monopole de la violence étatique comme outil de domination. Cette violence est justifiée au nom de la sécurité, mais reflète surtout une volonté de maintenir un contrôle sur des populations racisées et précarisées.
Cette dynamique trouve un écho dans la manière dont les médias mainstream manipulent la perception publique pour légitimer la répression et criminaliser les voix dissidentes. Le processus de précarisation par le néolibéralisme est au cœur des politiques adoptées par les gouvernements successifs, souvent sous la pression d'institutions européennes et internationales.
Des directives néolibérales plongent les sociétés dans une dette insurmontable, permettant au capitalisme de s'imposer comme solution, en proposant des emplois précaires et en rendant les populations dépendantes de conditions de travail dégradantes. Le néolibéralisme contemporain s'oriente ainsi vers une forme de techno-féodalisme, où les technologies et les grandes entreprises privées contrôlent les infrastructures essentielles.
Cela va de pair avec la montée des discours fascisants et racistes qui justifient ces nouvelles formes de servitude et de surveillance. Ce processus s'accompagne d'un démantèlement des services publics au profit du secteur privé, exacerbant les inégalités sociales. Dans ce contexte, le racisme n'est pas une dérive malheureuse ; quand il constitue la colonne vertébrale d'un système capitaliste (néo)colonial.
Un avenir qu'il nous reste donc à décoloniser, aux vues de la situation alarmante dans les Outre-mers qui rend compte du continuum colonial, où l'État impose sa domination sur les peuples indigènes, racisés et précarisés. De manière à croire que vu que la force impérialiste française a perdu une partie de l'Afrique francophone, pour compenser cela, les outre-mers risquent de devenir la nouvelle Afrique francophone, en d'autres termes les Outre-mers risque de devenir le nouveau Tiers monde. En ce sens, le cyclone de Chido n'est que le révélateur de ce point de bascule puisque le traitement que la France inflige à Mayotte par un manque criant d'infrastructures, ce sort risque de se répandre à l'ensemble des Outre-mers si ce n'est pas déjà le cas.
Tant, l'ordre colonial a conquis ces colonies par le mépris et les maintient sous son joug, tout en se présentant comme bienfaiteur. Or, par ce mépris la France a perdu une partie de l'Afrique francophone, et par ce mépris elle risque de perdre le reste de ses colonies. Face à l'exaspération actuelle grandissante des ultramarins qui ne semble plus enclin à continuer à " évoluer ", sous l'égide d'une France qui persiste dans son déni et sa condescendance. Davantage lorsque les "civilisateurs" cherchent par le cynisme qui les accompagne à expliquer aux "sauvages" les raisons nécessaires de leurs oppressions, sans avouer que ces oppressions polissent leurs privilèges.
Le "civilisateur" tourne alors en ridicule les aspirations égalitaires des damnés de la Terre, tentant de leur faire accepter, comme une grâce, les miettes sociales que le maître a bien voulu leur concéder. Quand le maître, lui, n'a honte de rien, surtout pas de sa belle maison bâtie grâce au labeur de l'esclave.
Une situation actuelle dans les Outre-mers qui est telle que la répression et les inégalités en appellent à une décolonisation réelle, non seulement dans les termes, mais dans les faits. Cette transformation exige une revalorisation des terres et des peuples insulaires, ainsi qu'une révision du modèle économique pour inclure les préoccupations écologiques et sociales.
Face à une force coloniale qui fige nos existences dans une morale d’un autre temps. Tandis qu'il est urgent pour la France de repenser son rôle, son discours et sa place dans le monde, notamment à travers sa diversité. Or, si au XXIᵉ siècle la France n’est pas encore capable de se penser à travers cette diversité ; quand sa diversité lui tend maintes fois la main, pour sortir de son auveuglement ethnocentrée qui est tel que la diversité ne pourra bientôt plus rien pour une métropole qui s'enfonce dans un déclin moral et politique. Autrement dit une identité atavique qui sous fond de suprémacisme a du mal à accepter que la société si ce n'est le monde change, et que ce ne soit pas de son fait.
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