« Se nourrir des inscriptions, des tracés instinctifs. Respecter les impulsions, les spontanéités ancestrales de la main humaine quand elle trace ses signes » Jean Dubuffet.
L'art, c'est immortalisé une sensibilité, c'est amené à faire réagir au sujet d'un monde uniformisé, mais encore pluriel. Il est une projection singulière qui a pour but de susciter du commun. De tout temps l'art a une connotation sacré, jadis cette pratique faisait le lien entre les individus et le divin, matérialisant une ou des entités qui transcendent la société. Il est un don des dieux pour communiquer avec eux, implorer leurs bienveillance. L'art sert avant tout à produire du symbolique, entrainant un certain prestige social, si ce n'est spirituel. La raison étant que la production artistique, est la conséquence d'une production d'énergie spirituelle. C'est essentiellement en cela que sa valeur pécuniaire n'est que secondaire. Son rôle est éminemment celui d'être un témoin historique, de créer du lien social, voir d'être garant de ce lien. L'art enjolive une réalité éphémère, au même titre, qu'il nous alerte face à une vie superficielle.
« J'ai aimé à porter l'effigie humaine sur un plan de gravité, où les futiles agréments esthétiques n'ont plus de place, sur un plan de haute cérémonie, de solennel office de célébration, en m'aidant de ce que Joseph Conrad appelle « mélange de familiarité et de terreur » dont est fait la dévotion que bien des esprits portent à leurs dieux et qui n'exclut pas à l'adresse de ceux-ci, à l'occasion, l'usage d'injures. » 1
L'art est un canal de diffusion d'énergie authentique et, intemporel. Il nous questionne sur notre rapport au monde, à la vie, à la mort, à la religion, aux faits sociaux. Il peut être un baromètre de la « liberté d'expression » selon le cadre législatif en vigueur, et de ce fait il prend la forme d'une dynamique démocratique, en constante émulation. Mais l'art est bien plus que ça ! C'est une pratique à l'aube du monde, qui n'est certainement pas le monopole de l'être humain. Les animaux sont aussi des « artistes », dans cette logique, être artiste, signifierait, un être conscient, soucieux du monde, qui exprime le souhait de préserver son environnement. L'art s'inscrit dans le fondement des sociétés humaines, en cherchant actuellement une autre raison à l'oeuvre, que celle de l'utilitarisme occidental. L'art quand il n'est pas instrumentalisé, est un objecteur de conscience. De manière, plus ou moins hargneuse, envers un etablishement perçu comme liberticide, via son caractère intrinsèque subversif. Il induit une démarche d'altérité, une réciprocité, un souci de l'autre, de ses conditions d'existence.. L'art est un don de soi, d'une partie de son identité ( l'art africain, l'art aborigène, etc ). Il est un dévouement pour la nature, non pas comme domination sur celle-ci, mais plutôt en symbiose avec elle. L'art est sans doute, la première valeur universelle d'esthétisme du monde.
Au terme de quoi l'art est une introspection sociétale, et historique nécessaire, qui peut tout autant se présenter sous une forme harmonieuse que dissonante, puisqu'au delà de la création , l'art sert avant tout à produire du sens, et a les stimuler .
« Le lieu que le tableau se propose d'évoquer est traité non plus comme celui qu'appréhende l'oeil, mais dans la forme qu'il revêt au moment qu'il se présente à l'esprit. » Jean Dubuffet
1Jean Dubuffet, Note for the exhibition, New images of man, MoMA, New York, 1969, Prospectus et tous écrits suivants, Editions Gallimard.