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Billet de blog 4 août 2025

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La Calédonie des ploutocrates

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https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/vise-par-une-enquete-pour-abus-de-biens-sociaux-le-president-de-la-cci-david-guyenne-place-en-garde-a-vue-1608831.html

L'affaire ciblant David Guyenne est plus que l'arbre qui cache la forêt mais le miroir d'une ploutocratie calédonienne qui mange les espoirs de son peuple. Un système qui confisque la parole publique, transforme l'argent du contribuable en monnaie d'échange électoral. Où la collusion entre intérêts privés et fonds publics/privés devient mode de gouvernance. Comme le Fond Marianne après l'assassinat de Samuel Paty, détourné en cagnotte pour amis du pouvoir. Au même titre que l'affaire de "l'Édifice" concernant David Guyenne qui, révèle une mécanique de malversations politico/économiques transformées en rente juteuse. 

Quand un homme comme Guyenne, proche des cercles du pouvoir, se retrouve au cœur d'une enquête pour des soupçons d'abus de biens sociaux, cela interroge. Exactement comme le Fond Marianne, censé "lutter contre l'obscurantisme" mais ayant surtout enrichi des amis du pouvoir, à l'image de Marlène Schiappa. Ici on assiste à la même mécanique, la même hypocrisie d'éléments de langage pour masquer l'avidité d'une caste aux abois.

David Guyenne curieusement est le seul nom qui ressort de cette affaire, quand trois personnes sont concernées. Le nom de Guyenne est mis en avant comme cerveau de l'affaire voire comme bouc émissaire. Probablement que le nom de Guyenne est le plus vendeur, mais qu'on est il du reste des personnes impliqués ? On aurait tendance à croire que si un nom kanak et/ou océanien aurait figuré il aurait été titrer noir sur blanc dans les journaux comme ce fut le cas pour Guyenne. À croire que David Guyenne sert ici de gilet par balle médiatique, celui-ci est bien entendu supposé innocent jusqu'à preuve du contraire. On se pose la question de savoir pourquoi seul son nom figure dans le dossier quand on parle jusqu'ici de trois personnes concernées. Le moins que l'on puisse dire c'est que monsieur Guyenne est quelqu'un d'assimilé, au point de côtoyer le milieux de la négoce et d'avoir épouser les valeurs de l'affairisme néo-calédonien. Cependant le lynchage médiatique dont il fait preuve nous montre qu'il n'est que le fusible d'une ploutocratie en manque de symbole d'intégration. À cet effet David Guyenne représente le porte étendart d'une communauté exemplaire qui se lève tôt et ne fait pas trop de bruit, ce qui ne l'empêche pas d'avoir été jeter en pâtures comme le drap qu'on jette sur des flaques d'eau pour marcher dessus en évitant de se salir. Guyenne a reçu la Légion d'honneur, à trop fréquenter les hautes sphères, il a dû se croire l'égal des blancs, c'est peut être cela qui a provoqué sa chute. Il s'est cru tout bonnement intouchable, sans censé savoir que sur l'archipel les places sont chères. Ainsi, on ne tardera pas à connaître le nom de son ou sa remplaçant(e) dont on peut être sûre qu'il où elle ne sera pas issue d'une minorité, à défaut d'avoir quelqu'un d'une minorité sous la main probablement une femme sera mise en avant. Or, on a déjà une femme océanienne à la tête du congrès, et un kanak à la tête du gouvernement, donc niveau symbole d'intégration on est bon. Vu qu'à travers l'affaire Guyenne c'est toute la communauté vietnamienne voire asiatiquz de l'île qui se vou disqualifier, à ce titre la tête de la CCI reviendra peut-être bien à un mâle blanc/caldoche ou non la quarantaine passé, le carnet d'adresses bien garni de loyalistes et de gens du MEDEF confondus pour le peu qu'ils se distinguent.

Mais, revenons à Guyenne qui a du se dire que les troubles sociaux étaient la diversion idéale pour mener à bien ses petites affaires qui sont révélées plus grandes que prévues. Surfant sur des troubles du 13 mai 2024 comme fond de commerce, d'où l'on y voit que du feu, par ceux qui tels des illusionistes sortent leur épingle du jeu. S'il n'aurait pas été pris la main dans le sac, fort à parier qu'il aurait quitter ses fonctions sous les honneurs au nom, d'un volontarisme citoyen dans l'impasse indépendantiste.

Avec lui, c'est tout un système méritocratique et d'assimilation qui s'effondre ou qui affirme sa supercherie. Dans le sens où, il est ramené à sa place, ayant été pris la main dans le sac, on a pratiquement envie de dire cette fois cie. Dieu sait ce qu'il a pu se passer auparavant, car une telle opération ne s'improvise pas du jour au lendemain. Dans la mesure où il faut disposer du bon réseau pour envisager une tricherie de cette envergure et le réseau c'est loin d'être le point faible de Guyenne qui en tant que directeur de la Chambre de Commerce et d'Industrie, tenait les clefs du business à Nouméa. Quoi qu'il en soit Guyenne comme figure d'intégration, a aussi servi de visage pour rallier une communauté que les loyalistes ont autrefois mal mené, en brûlant des commerces vietnamiens et en faisant sauter le foyer vietnamien dans les années 80/90. Dans ce contexte, David Guyenne était une sorte d'anti-thèse d'André Dang sans la verve, ni le talent.

Ce qui nous amène à penser que les accords de Bougival sont une erreur, en soi, pourquoi ? Parce qu'ils donnent les clés à ceux-là mêmes qui à l'image de la macronie, ont prouvé leur incapacité à gérer la Kanaky-Nouvelle-Calédonie sans conflits d'intérêts. En somme si on devait résumer les accords de Bougival, cela sonne comme un " business as usual ".

Autrement dit, les mêmes joueurs jouent encore, on reprend les mêmes qui espérent via ces accords de Bougival qu'on fera table rase du passé, surtout de leurs casseroles. Ils pensent qu'elles disparaitrons comme par magie du jour au lendemain quand elles réapparaissent de plus belle. Où est la légitimité dans tout ça ? Selon des accords négociés à Bougival dans l'entre-soi parisien qui consacre une ploutocratie insulaire pour le moins incertaine à la vue de prochaines élections. Offrant un chèque en blanc, en partie à des loyalistes qui sont loin d'être blanc comme neige, on pense à Philippe Gomes, condamné pour favoritisme, achats de voix, et détournement de fonds publics. Comment ne pas citer le duo incendiaire Backes/Metzdorf aka Satanas et Diabolo ? Eux qui fuient à vive allure tout type de responsabilité quand ils sont les premiers sur la victimisation, par un double langage qui les honore au point de débecter une partie de leur propre électorat. Ils parlent d'universalisme et d'égalité tout en sabrant les aides aux plus pauvres. À l'instar d'une Province Sud qui instrumentalise l'austérité comme arme politique contre les océaniens  

Les indépendantistes "modérés" ne font pas mieux. Leur revendication s'est diluée dans la gestion comptable et bureaucratique d'une double nationalité dont tout le monde se fout. Illustrant l'abandon de la question sociale au profit de postes institutionnels.

Les émeutes de mai 2024 ont pourtant sonné le glas de ces impostures. Quand des jeunes brûlent des bâtisses, il imposent et partagent à leur manière l'avenir occulte d'un pays qui tente de se construire sans, voire contre eux. Aux vues de la question sociale qui reste la grande absente de ces accords. Hormis le chômage prolongé le reste des propositions restent obscures pour ne pas dire fumeuses. Laissant entendre des acteurs se disputer des enveloppes budgétaires, pour mieux se congratuler entre eux dans le confort des salons feutrés parisien. Loin d'une réalité faites de files d'attente devant les épiceries sociales, et de vieux qui choisissent entre médicaments et nourriture. 

Ai-je besoin de vous dire que la Kanaky-Nouvelle-Calédonie mérite mieux qu'une classe politique dont les mandatures à bout de souffle servent un système clientéliste maintenant leur mandat à bout de bras ? Quand l'archipel a besoin pour se retrouver de justice sociale, d'un audit citoyen de la dette, d'élus révocables. Au final, ce ne sont pas les "troubles" qu'il faut craindre, mais ce type de silence, celui des cimetières oubliés et des ventres vidés par des promesses de développement qui accentue plus le sous développement, qu'autre chose, avec pour seul but de réactiver la colonie de peuplement. En partie grâce à une classe politique kanake qui s'est embougeoisée en troquant la lutte pour des portefeuilles. Pour autant, sans justice sociale, l'indépendance ne sera qu'un changement de maîtres, tout autant que sans justice sociale, le loyalisme qu'il soit modéré ou non, ne sera qu'un ordre conservateur et bourgeois qui se perpétue. La vraie question n'est pas "troubles ou paix", " accord ou chaos" mais " justice ou oppression ". Sensiblement pour des quartiers populaires dont les promesses de développement ne trouvent pas l'adresse. Quand ces promesses s'adressent à une bourgeoisie locale qui de tout bords confondus parlent d'abord pour et en son nom.

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