L’entretien houleux qu’on a pu voir entre le président ukrainien, son homologue américain et le vice-président américain, le tout entouré d’une meute de hyènes trumpistes avides de bad buzz, fut porté en grâce par JD Vance – un vice-président qui est à la diplomatie ce que Jean-Claude Van Damme est au féminisme : des propos maladroits, déplacés, et des interventions qui laissent plus de questions que de réponses. Dans le cas de Van Damme, cela s’explique : il a pris des coups. Mais pour JD Vance, rien qu’à l’entendre, on se demande s’il n’y a pas des claques qui se perdent.
Rien qu’à voir la séquence avec Zelensky, qui vire au lynchage médiatique, on comprend qu’elle est montée en épingle pour un électorat trumpiste en quête de preuves que leur président est l’homme de la situation. Son fan club doit se dire, tout fier : "He got balls". Peut-être bien qu’ils en fassent un slogan, imprimé sur des t-shirts du style : "If you’re searching your balls, Trump’s got them".
Mais revenons à cette mise en scène diplomatique, qui cache une realpolitik remise au goût du jour fasciste, balayant d’un revers de main les protocoles diplomatiques pourtant essentiels dans un contexte de conflit. Propre à une ère de post-vérité, où les jugements moraux sont bafoués et où les inversements accusatoires deviennent la norme.
La sémantique déployée, digne d’un échange de ping-pong fastidieux, installe une déresponsabilisation subtile. Laissant entendre que le président ukrainien est seul en piste, donc seul responsable des malheurs de son peuple. Pendant ce temps, l’administration Trump endosse son costume de sauveur, venant en aide à l’Ukraine presque par charité. On omet de mentionner que, ces trente dernières années, les américains ont multiplié les bases militaires près de la frontière russe et ont insisté, à travers leurs alliés européens, pour que l’Ukraine rejoigne l’OTAN – une démarche que le Kremlin a perçu comme une déclaration de guerre. Une provocation qui n’a pas manqué de susciter une réaction de la part du président russe.
Le bloc néolibéral a cette particularité de jouer sur les dissensions, en finançant un acteur contre un autre pour ensuite se présenter en pacificateur. Mais derrière cette façade de bons samaritains, les objectifs américains pour ne citer qu'eux, sont on ne peut plus clairs : mettre la main sur les ressources minières ukrainiennes, ces mêmes ressources qui constituent pourtant l’un des piliers de la souveraineté économique du pays.
Cette diplomatie trumpienne, brutale et calculée, ne cherche pas à résoudre le conflit, mais à en tirer profit. Elle instrumentalise la souffrance d’un peuple pour servir des intérêts géopolitiques et économiques, tout en masquant ses véritables intentions derrière un discours pseudo-altruiste. Une situation qui voit un Zelensky médusé se retrouvant face à une diplomatie du bureau ovale qui cherche à écraser ses détracteurs – en l’occurrence ici, un allié que les États-Unis ont, d’une certaine manière, envoyé au casse-pipe.
Avec un JD Vance, la bave aux lèvres tel un pitbull, rappel au président ukrainien le drame qui frappe son pays. Quand, Mister Vance ne s’est rendu qu’une seule fois en Ukraine – peut-être bien pour repérer où implanter des enseignes McDonald’s, Pizza Hut, Starbucks, et j’en passe...
Cet échange lunaire, loin d’être un simple bad buzz, révèle une stratégie insidieuse : celle d’une puissance qui, sous couvert d’aide humanitaire et de soutien militaire, cherche à affaiblir la souveraineté d’un État déjà fragilisé par la guerre. Une diplomatie en " Trump l’œil ", où l’apparence prime, et où les véritables enjeux sont tûts derrière le spectacle.
Propre à une époque de post-vérité, cette approche manipule les faits et redéfinit les règles du jeu diplomatique, où la force brute et la désinformation l’emportent sur le dialogue et la coopération. Dans ce contexte, l’Ukraine, comme d’autres nations, est prise au piège d’un jeu dont les règles s’écrivent sans elle. Si bien qu’avec des alliés comme Trump, on n’a pas besoin d’ennemis.
Cela nous amène à questionner non seulement les méthodes de la diplomatie trumpienne, mais surtout les conséquences à long terme sur l’équilibre géopolitique mondial. Au-delà du spectacle médiatique, c’est la souveraineté des nations qui est en jeu. Les nations européennes, sont , notamment, prises au piège d’un jeu d’alliances qui n’en est pas vraiment un. Car, lorsque votre allié historique vous donne des leçons mal placées et ne vous considère pas comme son égal, une relation toxique s’installe, nourrie de mépris et d’injustice.
Dans le cas qui nous concerne, avec un président américain haut en couleur, cela semble '' obvious '' que l’actuelle diplomatie américaine n’est que la version sans filtre d’un rapport de force qui ne Trump plus personne.